HUBERT FELIX THIEFAINE Route 88 (1988) - par Pat Slade

Deux concerts pour un artiste 

Puisque Stromae annule sa tournée pour des problèmes soi-disant de paludisme (?), je profite des vacances pour reparler de vrais artistes, de Môssieur Hubert Félix Thiefaine en particulier et des concerts que j’ai vécu en sa compagnie. Pour certains, 1988 c’est un temps révolu. Pour d’autres : une époque qui avait son charme et puis il y a ceux qui n’étaient pas nés et qui s’en fichent complètement ! Alors que la canadienne Céline Dion remportait le grand prix de l’Eurovision pour la Suisse, le Jurassien remplissait la petite salle parisienne de l’Elysée-Montmartre pour plusieurs soirs de suite.

Au mois de mai 1988 était sorti sont dernier album «Eros über alles», un album plus rock que les précédents et la démonstration allait s’en suivre dans la mythique salle parisienne qui a connu des personnages et des spectacles de tous bords et de tous acabits comme Émile Zola, Toulouse-Lautrec, La Goulue, Jean Jaurès, la boxe et le catch, Coluche, Higelin, Bashung, David Bowie, Cyndi Lauper, Iron Maiden et autre Daft Punk. Et c’est en cette année 1988 que le théâtre sera classé monument historique (Suite à un incendie en 2011, il rouvrira ses portes en 2016).

Plus de deux heures de concert, 29 titres joués plus les talking et deux soirs avec Thiefaine dont un en backstage avec appareil photo en bandoulière.

©Pat Slade

Le samedi 16 avril 1988, j’arrive à l’Elysée Montmartre (Métro Anvers), et c’est parti pour plus de deux heures de musique. Entrée en matière avec «La Vierge au Dodge». H.F.T s'encadre de Claude Mairet et Patrice Marzin aux guitares, Jean-Louis Cortès au clavier (Paul Personne, Calvin Russel, Dan Ar Braz), Didier Batard à la basse (Christophe, Gérard Manset) et Alain Gouillard dit «Merlin» à la batterie. Un batteur connu pour avoir participé au groupe Océan de Georges Bodossian et avoir tourné dix années avec H.T.F , Louis Bertignac et Mickey Finn. Tous ce joli monde va nous en mettre plein les oreilles. Certaines personnes vont me dire que le concert n’a pas duré plus de deux heures puisque l’album live qui est sorti après la tournée «Routes 88» ne dure qu’à peu près 70 minutes, mais comme dans tous les lives, l’intégralité du concert n’est jamais reproduite. En plus de l’intégralité du dernier album, H.F.T va jouer des titres rarement interprétés sur scène comme «Variation Autour du Complexe d’Icare» ou le désopilant «22 Mai». Mais entre «Pulque, Mescal y Tequila», «La Fille du coupeur de joints» et «Septembre Rose», on chante, on bouge, on s’éclate et on en a pour son argent. Alors que je suis au pied de la scène à me régaler du concert comme un gourmand qui se goinfre d’une religieuse (Ou autre pâtisserie, au choix de chacun !), une espèce de malabar me regarde de travers, je n’en tiens pas compte et une fois le concert fini, je rentre chez moi. 


Le jeudi 28 du même mois, je suis de retour au même endroit, dans la même salle pour le même concert pour le même prix (Quand on aime on ne compte pas !). Avec mon vieux Minolta X300 et son objectif de 210 mm caché dans un endroit où l’on ne met pas un appareil photo en temps normal, je réussis à pénétrer dans la salle sans problème. Je me mets au même endroit que la dernière fois et là, le même gars que l’autre fois me dévisage, aperçoit mon matériel et veux me parler. 5

©Pat Slade

minutes plus tard, le roadie de scène me fait rentrer en backstage à mon grand étonnement, le meilleur endroit pour «shooter». Hubert sera égal à lui-même, c'est-à-dire excellent. La set list sera la même. Pour avoir l’intégrale du concert, il faut acheter l’album «Routes 88» et il existe un bootleg  «Itinéraire Bis 88» (Plus difficile à trouver) qui complète le double album live avec les titres manquants. 

Je reverrai Thiefaine en 1991 sur la tournée «Bluesymentales tour» et en 1995 au Zénith. Si il y a bien un artiste qui ne se moque pas de son public et où les roadies de scène sont sympas et ne vous envoient pas balader, c’est bien à un concert de Hubert Félix Thiefaine.