Coming Out
Certains se souviendront peut être de l'article que
j'avais fait paraître, il y a un bon moment déjà, à propos de ma
découverte à retardement de DEPECHE MODE. C'était en 2013 (Clic).
Cet article était en quelque sorte une forme de plaidoyer à l'égard
des 4 Anglais. En plus de cette reconsidération, j'y retraçais également
quelques moments clés de leur ascension, ainsi que les tensions ou travers qui
en découlèrent, tout en remettant chronologiquement en perspective 3 de
leurs albums. L'article se terminait sur une note laissant planer
quelques incertitudes quant a l'avenir du désormais trio.
A l'époque, la question récurrente concernant DEPECHE
MODE restait la suivante : Dave Gahan en avait-il
définitivement fini avec la drogue ? Cette saloperie qui avait bien
failli lui coûter la vie au milieu des années 90.
À nouvelle ère, nouvel air
Si Ultra,
premier album sans Alan Wilder, avait prouvé l'incroyable capacité du
groupe à se réinventer avec brio, l'état de santé encore très fragile de Dave
Gahan obligea l'entourage de DM à ne pas engager de tournée
promotionnelle cette fois ci pour promouvoir l'album. Les tentations de tous
ordres étant particulièrement fréquentes en tournée.
Voilà qui permit à certains de recharger leur
batterie, tandis que d'autres vaqueraient à d'autres occupations. Artistiques
ou non.
C'est finalement en 2001 que DEPECHE MODE
sortira de son silence en publiant son 10ème album studio, Exciter.
Une fleur du mal qui
fait souvent du bien
Exciter
est apparemment l'album le moins apprécié des fans "hardcore" de
DEPECHE MODE. Et à son écoute, j'ai
encore du mal à comprendre un tel rejet. Est-ce juste à mettre sur le
compte d'un album plus posé qu'à l'accoutumée ? Possible.
L'idée de base du groupe, au moment d'écrire ce nouvel
album, était d'exprimer un maximum d'émotions et de sentiments, sans avoir
recours à trop d'orchestration, ni trop d'arrangements. Voilà qui aura sans
doute donné l'impression a certains auditeurs d'avoir le sentiment d'écouter un
album au rabais. Hors, avant toute considération de ce genre, Exciter est d'abord l'album d'une
certaine sérénité retrouvée. L'album de l'apaisement en quelque sorte.
Finies donc les grosses machines rythmiques !
Place aux caresses, à la douceur et à la volupté. Les gros nuages noirs
des années précédentes sont estompés, et Dave, Martin et Andy semblent
ici n'aspirer qu'à une chose : la plénitude.
L'homme du disque est d'abord Dave Gahan. Le
chanteur y chante avec une densité et une justesse de propos absolument
éblouissante. "Dream On"
ouvre superbement l'album avec comme presque seul support du chant de Dave
Gahan la mélodie jouée à la guitare acoustique par Martin Gore, elle
même supportée par quelques bruitages rythmiques du meilleur effet. "Shine" renoue vite avec
l'électro dans un tourbillon de nappes de claviers et de programmations qui
nous plongent rapidement dans une sorte de rêve nébuleux, hypnotique
et vénéneux. "The Sweetest Condition"
est certes un peu plus tendu dans le verbe, mais sa pulsation presque
Blues garde également ce côté hypnotique tout du long. "When the Body Speaks" est d'un tel
minimalisme, et la voix de Dave si douce que cette quasi berceuse
invite instantanément à l'abandon de soi.
Changement de décors brutal ensuite, puisque le bien
nommé "Dead of Night" nous
sort de notre torpeur afin de nous plonger dans une sorte de cauchemar
poisseux à la manière du "Night Crawler" de Iggy Pop. "FreeLove" renoue avec la
sensation moelleuse de bien-être qui émanait des premiers titres. Sans
doute l'un de mes titres préférés du disque et de DM en général. "Comatose", chanté par Gore,
est le morceau bancal du disque, tandis que le très Blues "Breathe", également
chanté par Martin Gore (au timbre étonnamment proche de celui d'un Brian
Ferry), s'avérera lui beaucoup plus probant en version
Live. "I Feel Loved"
est l'unique morceau taillé pour le DanceFloor. Rythmé et érotique à
souhait, c'est aussi l'une des réussites de Exciter.
"I Am You" complète le
tableau de façon tout aussi réussie, tandis que DEPECHE MODE clôt ce disque par une
extraordinaire berceuse Gospel. Le groupe ayant eut recours à d'authentiques
chœurs Black pour l'occasion.
A ce jour, Exciter
n'a, selon moi, toujours pas pris la moindre ridule. Il est à mon
sens l'un des albums du groupe qui continue de vieillir avec le plus de panache.
Il sortirait aujourd'hui, qu'il ferait même illusion au milieu
des dernières nouveautés du genre. Mais y en a-t-il d'ailleurs, des
nouveautés de ce genre là ?
"Pain and Suffering in Various
tempos" est-il écrit au dos de la pochette ?
DEPECHE MODE espace
de plus en plus ses publications, et, allez savoir pourquoi, alors que ces
dernières années les courants musicaux changent a la
vitesse grand V, les fans du groupe semblent, eux, de plus en
plus nombreux. En atteste la tournée triomphale accompagnant la sortie de Playing the Angel.
Le succès mitigé de son prédécesseur aurait-il motivé Martin
Gore à revenir à des sonorités et à des rythmes plus proches des aspirations
du public de DM ? Entendez par là,
le plus ancien. Allez savoir !
Oubliées les sonorités Rock des albums Songs
of Faith and Devotion, ou celles plus modernes de Ultra. Martin
Gore, en compagnie du producteur arrangeur Ben Hillier, vont, pour
leur première collaboration, ressortir quelques vieilles machines
et quelques vieux appareils aux noms savants. Il en résulte
(volontairement) une sonorité d'ensemble à la croisée de ce que DEPECHE MODE proposait à ses débuts, tout en
préservant le côté ambiant et introspectif des derniers albums du
groupe. Autres nouveauté, Dave Gahan signe pour la première fois au sein
de DM, 3 titres de son cru : Le très
personnel et très réussi "Suffer
Well" qui nous conte ses années d'errances (voir le clip),
puis le suffoquant "I want it All"
et le sombre "Nothing's Impossible".
En vérité, 3 vraies réussites de Playing the
Angel.
Bien que paru en 2005, de part ses ambiances assez
sombres, mélancoliques, voir menaçantes, Playing
the Angel ressemble presque plus à un album qui aurait pu
et dû paraître en lieu et place d'Ultra paru 8 ans plus
tôt.
L'album est dans l'ensemble de bonne tenue.
Pourtant, des titres tels que "Macro"
et "Damage People" (tous les
deux chantés par Martin Gore), ou "John the Revelator" ne me
semblent pas totalement aboutis ou ne fonctionnent que partiellement. Le
désabusé "The Darkest Star"
clôt ce nouveau chapitre d'un voile noir intense absolument sublime,
laissant une nouvelle fois planer le doute quant à savoir si DEPECHE MODE nous reviendra un jour.
Pif paf bof...
Ne tergiversons pas, Sounds of the Universe
est tout simplement l'album raté de DEPECHE MODE.
Allez ! Ne soyons pas trop dur, le Single "Wrong"
se tient et s'illustre d'un clip particulièrement flippant.
"Perfect" est également un chouette morceau, sinon le meilleur
de l'album. Le reste s'écoute, dans le meilleur des cas, distraitement, et dans
le pire, avec l'envie de zapper constamment pour voir si il y a
mieux l'instant d'après. La pochette, sans grande recherche esthétique là non
plus (une première !), traduit finalement assez bien le contenu de
cette œuvre sans éclat.
Un album de commande ? En tout cas la côte de
popularité du groupe demeure intacte. Comme en attestera la tournée triomphale
qui s'en suivra.
La suite...
13 en 2013
D'abord, pourquoi Delta
? Parce que le Blues a toujours été l'une des composantes importantes dans
l'œuvre de Depeche Mode. Sur cet album, peut être plus
encore que sur n'importe quel autre, le Blues se fraie ainsi son
propre chemin au milieu des sons issus des claviers et des machines
analogiques. Pour s'en convaincre, il n'y a qu'à écouter le premier Single
extrait du disque: "Heaven". Ou encore "Goodbye" qui referme le disque.
Avec ce nouvel album paru en 2013, Martin Gore,
le grand ordonnateur de DEPECHE MODE,
a pour la troisième fois fait confiance à Ben Hillier pour l'aider dans
sa tache. Delta Machine est
donc un album très axé sur les machines. Normal avec un titre pareil ! Les
mêmes qui avaient en plus servi à la réalisation de leur deux derniers disques.
Inutile de dire que se fut avec une certaine fébrilité que j'entamais les
premières écoutes de ce 13ème album des DEPECHE MODE.
Sauf que cette fois, la mayonnaise prend quand même
suffisamment souvent. Seul "Soft Touch/Raw
Nerve" est une ineptie au milieu d'un disque sans ratés.
Comparativement, DM réussit en effet
là où il avait en grande partie échoué sur Sounds of the Univers.
L'écriture est ici bien plus compacte ou tout simplement plus
accrocheuse. Pourtant, n'allez pas croire que la musique que propose le
trio depuis plusieurs années maintenant s'incruste immédiatement dans nos
oreilles et dans notre cerveau à la première ou deuxième écoute.
Gore et Gahan n'écrivent
décidemment plus depuis longtemps des morceaux "faciles" dont le
seul et unique but seraient de séduire les ondes radiophoniques. La musique de DM est plus clairement à classer dans l'Ambiant/Electro que
dans le registre tel que celui de la Pop Dance si en vogue désormais.
Si Delta Machine
nécessite qu'on s'y investisse un temps soit peu afin d'y déceler toutes les
richesses qu'il détient, il est tout aussi certain que tous ceux qui seront
restés allergique (par réaction) aux sons et aux bidouillages des
samples, programmations et autres machines du genre, choisiront une
nouvelle fois de passer leur chemin. A coup sûr, ils passeront a côté
de l'un de ces groupes des années 80 qui aura pourtant traversé 3 décennies
avec panache, alors que l'on prédisait la fin de ces jeunes "blancs-becs" dès
la première année de leur activité.
Tout l'monde peut se tromper !
Exciter : "Dream On" et "Good night Lovers" :
Playing the Angel : "Suffer Well" et "A Pain that I'm Used to"
Delta Machine: "Heaven" et "Secret to the End"
Sounds of the Univers
Playing the Angel & Delta Machine
Exciter
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