jeudi 9 octobre 2014

ACCEPT - Blind Rage (CD/DVD 2014) – par Vincent le Chaméléon



Les (nouveaux) contes d'Hoffmann

L'ayant largement développée dans ma chronique de l'album Blood of the Nations, premier album de l'ère "Mark Tornillo", je ne vous referai pas une seconde fois la "story" des Germains d'ACCEPT. En revanche, je peux tout à fait vous dire que Blind Rage est (déjà !) le troisième album que publie le groupe depuis sa réactivation en 2010. La vache (oui il fallait bien que je la fasse) ! On peut dire que le groupe ne chôme pas. 3 Albums en 4 ans... Qui dit mieux ?
Si l'immense fan que je suis (depuis bien longtemps maintenant) aurait tout lieu de se réjouir de cette nouvelle offrande, je me dois de vous le dire sans détour, Blind Rage m'aura plutôt laissé de glace dans son ensemble. Et ce malgré plusieurs écoutes attentives.
Oh bien sûr ! Si vous n'attendez rien de plus de ce groupe que ce qu'il a toujours su faire mieux que quiconque, à savoir du ACCEPT "pur jus", il y a fort a parier que vous y trouverez de quoi étancher votre soif de Metal à la sauce Hoffmann. Sauf que voilà... Si effectivement tous les ingrédients sont bel et bien là, il manque selon moi le liant principal pour que la fameuse sauce prenne : à savoir de vraies belles mélodies. Vous savez ! De celles qui vous martèlent si bien le crâne que vous savez d'avance qu'elles ne vous quitteront jamais plus. Alors oui quand même ! Bien sûr qu'il y en a ! Mais trop peu à mon goût.
De la même manière, quand un riff efficace parvient à tirer son épingle du jeu au milieu de ce "trop plein" de lieux communs, on remarque instantanément qu'il n'est autre qu'une réplique ou un clin d'œil au passif du groupe. Si l'intro d'un titre tel que "Dark Side of my Heart" (bon titre au demeurant) ne vous fait pas penser au "Up to the Limit" du cultissime Metal Heart, je veux bien m'en cou... Non pas cette fois ci ! Ca va finir par devenir une habitude chez moi ce truc idiot !
Plus loin, sur les derniers accords de "Final Journey" Wolf Hoffmann  "le magnifique" nous refera aussi le coup du thème de la musique classique à la sauce Metal. Ce qui, je le concède, ne me dérange absolument pas. "Le Matin" de Peer Gynt (merci Claude !) nous marquera-t-il autant que les quelques notes égrainées de la "Lettre à Elise" jouées sur le titre de l'album éponyme Metal Heart en 1985 ? C'est une autre histoire.

Au registre de points positifs, notons une production comme toujours parfaite, des chœurs franchement réussis m'évoquant souvent ceux de l'album Russian Roulette (1986), et une recherche vers des titres un peu moins typiquement "Heavy Metal" permettant ainsi à Mark Tornillo de moduler d'avantage sa voix d'un titre à l'autre. ACCEPT n'étant en plus jamais aussi bon que dans le registre des tempos médium. 
Mais je le répète, ce qu'il manque cruellement à Blind Rage pour en faire un album de qualité (vraiment) supérieure, ce sont des riffs autrement plus marquants qu'ici, et des mélodies chants bien plus fédératrices qu'elles ne le sont également là. Même les solos (une marque de fabrique en soit) du guitariste à la boule à zéro, pourtant ciselés avec maestria comme ils le sont toujours, ne soutiennent jamais la comparaison, même face à certaines de plus récentes réalisations.

Je ne m'étendrais pas d'avantage sur le contenu de l'album. Toutefois, il me paraît utile de dire que tout ce que constitue Blind Rage ne mérite pas que l'on s'en détourne, et ce, malgré tout ce que je viens d'en dire et qui pourrait laisser supposer le contraire. Car il faut bien admettre qu'il n'y a absolument rien de mauvais et encore moins de catastrophique sur cet album. Absolument rien je vous assure ! D'ailleurs, je dois bien actuellement être l'une des rares personnes à me montrer aussi critique envers ce disque. Voyez et lisez tout ce qui en a déjà été dit, en allant voir sur d'autres sites tout le bien que l'on pense de ce disque en règle générale. Que voulez-vous, ACCEPT est un groupe si singulier et important à mes yeux, que je me montre sans doute beaucoup plus exigeant et pointilleux avec lui qu'avec n'importe quel autre groupe du même genre. 
Tenez ! Lisez plutôt ce qui va suivre. Car Blind Rage est aussi augmenté d'un concert filmé dans son intégralité. Du moins pour l'édition que je possède.

Cadeau Bonus

Le voilà donc enfin le sésame que les fans du groupe Allemand attendaient depuis des années sans plus y croire (du tout).
Alors certes, on continuera de déplorer (ou de pleurer) qu'aucun témoignage Live de cette légende vivante du Metal Germanique n'ait été réalisé du temps de sa splendeur (c'est à dire avec Udo Dirckschneider au chant et Stefan Kauffman à la batterie), mais quand même… D'ailleurs, petite rectification.
Il existe en effet bel et bien un témoignage de la tournée Metal Heart. Il est toujours disponible sur le seul et assez pitoyable DVD officiel du groupe, Blast from the Past :
1/ Les images du concert sont franchement bas de gamme.
2/ Le concert n'est même pas filmé dans son intégralité.
Pour l'heure, réjouissons-nous, on le tient enfin ce satané concert de nos héros de ACCEPT (arrivé curieusement en guise de bonus de cette édition limitée, on ne sait plus trop par quel miracle finalement).
Oui, un concert complet, constitué de 23 morceaux (23 !!!!!!), pour une durée d'environ de 2 heures pleines, c'est plus qu'il ne m'en fallait pour que j'introduise expressément la rondelle dans mon lecteur DVD dès réception du produit. Hiiiiii !!! Haaah !!! (Me dis-je alors en mon for intérieur).

Aux détails près

- Une seule configuration pour le son : Du 5.1 HD qui tient néanmoins parfaitement la route.
- Du côté de la qualité des images, j'ai connu mieux c'est vrai. Mais ce serait être franchement tatillon que de s'en plaindre. En revanche, si elle est effectivement de qualité, la post-synchronisation laisse par endroits carrément à désirer. C'est particulièrement flagrant (et donc franchement agaçant) sur quelques plans sur le batteur.
- Interview, Back-Stages, vidéos promo, etc. : Désolé ! Fait rare sur un tel support ! Il n'y en a pas. Du Live et rien que du Live.

D'emblée, l'une des réjouissances de cette captation d'un soir, c'est évidemment la grande diversité de sa Set list. Là clairement, on n'est pas chez AC/DC, Iron Maiden ou Motörhead (qui tous nous pondent la même set list depuis au moins 20 ans).

Non content de nous offrir une beau tour d'horizon de ses deux dernières réalisations (soit un total de 8 morceaux), ACCEPT pioche également dans quelques raretés, quand ce ne sont pas carrément des inédits. A commencer par "Losers and Winners"  de l'album Balls to the Wall. Plus qu'inattendu, pour ne pas dire inespéré, ce ne sont rien de moins que 2 extraits de Russian Roulette (1986) et 2 extraits de Objection Overruled (1993) qui viennent également se mêler aux nombreux Classics du groupe. Voilà pour les réjouissances. A ce stade ci, je me dis que je vais assurément prendre un plaisir intégral durant ces 2 heures de messe métallique teutonne. Glups...

2 heures plus tard...

Fin d'un premier visionnage et premières impressions à chaud :
Du début à la fin du show, il semble qu'il n'y en a que pour un homme : Wolf Hoffmann. Normal me direz-vous, ce groupe est devenu plus que jamais SON groupe. En plus de ce jeu flamboyant et sans failles qui aura grandement construit la légende, le fin guitariste possède, en plus d'une vraie présence sur scène, un magnétisme peu commun : Grand, mince, plutôt viril, l'œil vif et le sourire toute à la fois charmeur et carnassier, Wolf Hoffmann est un type qui sait, mieux que personne, prendre la (les) pose(s) et la lumière avec classe. Pas trop du genre à partager l'affiche finalement. Sauf bien sûr avec son vieux complice frisé, l'excellent Peter Baltes
En définitif, se sont eux ici qui feront le spectacle tout du long. Et pour le coup, sans artifices ou décors d'aucune sorte (juste un back drop aux couleurs du dernier album en date), les deux heures de spectacle en deviendraient presque longues. Fort heureusement il y a tous ces merveilleux et fantastiques morceaux auxquels nul ne peut résister. A commencer par "Princess of the Dawn" PAN ! "Up to the Limit" re- PAN !, "Balls to the Wall" PAN !, "Fast as the Shark", "Restless and Wild" PAN ! PAN !, "Metal Heart" et encore PAN ! Assurément avec un barillet garni de telles cartouches (et se sont loin d'être les seules), ACCEPT reste et demeure, à sa façon, une machine de guerre ultra solide, pour ne pas dire quasi indestructible. Seulement voilà, il y a aujourd'hui une faille de taille, même dans un tel dispositif guerrier. 5 soldats pour seulement deux combattants ! Dans de pareilles conditions, comment espérer gagner sur tous les fronts ? 
- Stefan Schwarzmann tape, il est vrai, à chaque fois magnifiquement. S'en est a un point que son jeu si précis confine plus à la chirurgie plutôt qu'à la sidérurgie. En d'autres termes : Ça ne vit pas des masses derrière le kit.   
- Herman Frank, casquette vissée sur la tête (même quand il dort ?) s'acquitte lui aussi parfaitement de sa tâche, à savoir gratter solidement en rythmique et rester dans l'ombre de Wolf Hoffmann. Ou du moins en retrait. On ne le voit d'ailleurs que très épisodiquement sur les images, et, Wolf, Peter, tout comme Mark Tornillo, ne semble guère lui accorder plus d'attention que ça.
Je ne sais pas chez ce groupe, mais chez moi, la complicité entre les musiciens sur scène, ça compte, sinon autant que la musique jouée.
- Mark Tornillo (puisque j'en finirai par lui) est incontestablement la meilleure recrue (vocale) sur laquelle Wolf et Peter pouvaient tomber afin de réactiver la machine ACCEPT sans risquer de s'en reprendre plein la tronche une nouvelle fois. Et si vocalement il n'y a (là encore) rien à redire sur sa prestation, le chanteur m'a fortement donné le sentiment de n'être qu'un "faire-valoir" plutôt que celui d'un véritable Frontman. D'autre part, cette constante posture du buste tiré en arrière, aussitôt qu'il vient chercher les notes les plus hautes, la tête regardant vers le plafond, pardonnez-moi, mais pour ce qui est de la présence scénique et du charisme, Tornillo a encore du boulot. Je suis un peu dur, j'en conviens. Car il est vrai que l'on voit aussi parfois le chanteur venir s'aventurer dans le périmètre à Wolf Hoffmann, afin de venir le soutenir dans ses exploits. A moins qu'il ne choisisse finalement d'aller se retirer du côté de l'estrade batterie (le temps d'un gargarisme ou d'un solo de ce dernier).
Côté communication ici, vous l'aurez compris, on est tout simplement proche du zéro. Un peu comme si on avait assisté à une balance de 2 heures finalement. Sympa non !? Tant certains seraient près à tuer pour assister à un tel moment.  
Le public chilien, si lui se manifeste avec ferveur, ne recevra que bien peu d'attentions (amicales) de la part du groupe. Un clin d'œil, un sourire (non téléphoné SVP), quelques poignées de mains, un ou deux médiators balancés dans les premiers rangs, etc. Non décidement non, il n'y aura rien eu de tout ça ce soir là.
Ah si quand même... Peter Baltes demandera à l'assistance (comblée), le temps d'un aller/retour de part et d'autre de la scène, de lui faire entendre "leurs cœurs de Metal". Bien peu de choses en vérité. Plus tard, quand retentiront les derniers accords du dernier morceau, les sympathiques chiliens recevront les "merci et bonsoir" de circonstance, avant que le groupe ne quitte définitivement la scène... Assez rapidement. 

Vous l'aurez compris, après visionnage de cette captation Live que j'attendais depuis une éternité... Là tout de suite, j'ai quand même un p'tit peu les Balls. Car ce soir là en tout cas, le groupe avait comme enclenché le "pilote automatique".
C'est d'autant plus rageant quand on sait à quel point ACCEPT excelle en Live. D'autres nombreuses dates filmées et disponible sur "Youtube" peuvent encore et toujours en témoigner. Mais ce soir là....          

Clips : en premier : "Stampede". Si le titre n'est déjà pas transcendant, pour ce qui est de l'originalité du clip, avec le groupe jouant dans un désert... On ne peut pas faire plus vieux cliché Metal que ça. Voyez plutôt… En second : "The Curse". Un des très bons titres de l'album. Même s'y il continu de m'évoquer très fortement "Holy Diver" de Ronnie James Dio) : 



album CD
DVD

2 commentaires:

  1. Effectivement, plus cliché que ça, tu meurs... Et en plus, le titre choisi n'est pas terrible. La sélection de chansons pour les clips (et les singles, les 45 tours auparavant) est parfois un mystère bien épais.
    Il y a d'ailleurs eut tant de titres de "face B" qui ont connu un beau succès (non prémédité, ni soupçonné par le label et le management).

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  2. Au moins sur ce point là, tous les fans du groupe s'accordent a dire que, ouvrir l'album avec ce titre (assez moyen) et le choisir en + comme premier single de l'album est une franche bizarrerie.

    Bon, en relisant mon com a l'instant, je me trouve quand même un peu dur avec le Wolf. Ce mec a quand même une sacré classe et un jeu toujours aussi étincelant.
    Et puis peu de groupes de cette génération peuvent aujourd'hui se targuer d'avoir encore l'énergie et la puissance (sur disque comme sur scène) et que Accept possède encore lui.

    "The Fire Still Burn". Voilà un bon titre pour un prochain album... Dans 1 an !?

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