jeudi 18 septembre 2014

LES QUILAPAYUN, par Pat Slade


Les Quilapayun : de la Dictature à la Démocratie





Quilapayun, les trois barbus




En 1965, le Chili, pays d’Amérique du sud dirigé depuis 1964 par les démocrates chrétiens, tente de faire la Révolucion en Libertad (La Révolution en Liberté) au travers de nombreuses réformes comme la réforme agraire et l’appropriation des mines de cuivres qui appartenaient auparavant aux U.S.A. Tous ceci engendrera des tensions politiques et des affrontements. Bref ! Mais à cette époque, le droit à la parole et à la libre expression existait. C’est en cette même année que le trio composé de Julio Numhauser, Eduardo et Julio Carrasco fonde le groupe Quilapayun qui signifie en langue amérindienne de la communauté Mapuche : quila = Trois et payun = barbe, traduisons ça par les trois barbus et à ne pas confondre avec le groupe vocal français des années 50 les quatre barbus.

Leur musique recourt évidement à des instruments traditionnels comme la flûte de Pan, la Quena, le Charango ou encore le Cuatro. Les paroles dérivent entre la poésie et les textes politiquement engagés. L’année suivante, après un premier prix au festival national de folklore Chilien, le chanteur Victor Jara devient leur directeur artistique. Ils enregistrent leur premier album «Quilapayun», le trio du départ deviendra un quatuor  et grandira en même temps que son succès en intégrant d’autres membres, ils finiront à sept sur scène la plupart du temps même si le nombre de membres atteint la dizaine à un certain moment. En 1967, ils sont rejoints par Victor Jara pour leur second enregistrement «Canciones Folkloricas de América». Un autre membre intègre le groupe en la personne de Guillermo Oddo dit Willy qui apportera son talent d’instrumentiste et restera une des voix caractéristiques des Quilapayun.

En 1969, ils rencontrent le philosophe et musicien Chilien Luis Advis qui composera pour eux un titre de 37 minutes «Cantata Santa Maria de Iquique». Le texte militant du morceau engage le groupe sur le devant de la scène politique. Avec le chemin emprunté, ils collaborent à la campagne présidentielle de Salvator Allende. Le 4 septembre 1970, le candidat de l’unité populaire devient le premier président du Chili à être élu démocratiquement. 1973, les Quilapayun ont enregistré huit autres albums et Allende les nomme ambassadeur culturel du Chili.



Fin août, ils partent en tournée en Europe, ils passent par la France avec deux arrêts : un à la fête de l’humanité et l’autre à l’Olympia, alors qu’ils auraient du revenir fin septembre, le 11 septembre (encore ?) restera comme une journée ou la dictature prendra le pas sur la démocratie. Le coup d’état du général en chef des armées d’Allende, le général Pinochet va mettre le pays à feu et à sang à la grande joie de l’administration de Richard Nixon président des États Unis. Les syndicats et les parties politique sont dissous, on abolit la liberté de la presse, il y a des autodafés, des milliers d’opposants sont arrêtés et torturés. Victor Jara sera torturé, il aura les doigts coupés à la hache et sera exécuté le 16 septembre. Le 23 du même mois, le poète Pablo Neruda meurt officiellement d’un cancer de la prostate et, officieusement, il aurait été assassiné par injection létale après le saccage de sa maison. Les Quilapayun resteront en exil en France. Ils tournent en Allemagne, Pays bas, Suède et iront jusqu’en Algérie.

L’histoire de leur pays meurtri se retrouve dans les paroles des enregistrements qui suivent. 
En 1988, la junte n’existe plus, ils peuvent retourner dans leurs pays. Ils laissent derrière eux 17 albums plus beaux les uns que les autres dont «Adelante» en 1975 et le très remarquable «Patria» en 1976 où l'on retrouve «Te Recuerdo Amanda» de Victor Jara. En 1983, ils enregistreront un album hommage à Pablo Neruda pour le dixième anniversaire de sa mort.
Le premier enregistrement d'un nouvel album aura lieu au Chili en 1989 et en public. Le personnel a changé depuis 1965, depuis la création du groupe original ; il ne reste qu’Eduardo Carrasco. Depuis le retour au pays certains ont abandonné le navire, comme  Guillermo Oddo dit Willy qui malheureusement pour lui sera assassiné une nuit de novembre à Santiago. En 2009, ils enregistreront un album live en hommage à Victor Jara, un concert qui passera par Paris au théâtre du Châtelet.


  Los músicos unidos jamás serán vencidos


39 albums, 49 ans d’existence, des milliers de kilomètres parcourus autour de la planète pour porter leurs paroles de lutte. Encore à ce jour, ils continuent à souffler dans leurs quena et à gratter leurs guitares et leurs charangos.


ADELANTE QUILAPAYUN !!!!



1 commentaire:

  1. Voilà qui m'a rappelé des souvenirs d'ado lorsque j'écoutais jusqu'a la corde le 33T des Quilapayun, je les avais vu à la Fête de l'Huma me semble t'il et leurs refrain engagé pour leur beau pays souillé par la dictature et le sang nourrissait ma rebellion de jeune adulte révolté par ci ou ca. Merci pour cette bouffée d'enfance qui revient !

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