Les Quilapayun : de la Dictature à la Démocratie
Quilapayun, les trois
barbus
En
1965, le Chili, pays d’Amérique du sud dirigé depuis 1964 par les démocrates
chrétiens, tente de faire la Révolucion
en Libertad (La Révolution en Liberté) au travers de nombreuses réformes
comme la réforme agraire et l’appropriation des mines de cuivres qui
appartenaient auparavant aux U.S.A. Tous ceci engendrera des tensions politiques
et des affrontements. Bref ! Mais à cette époque, le droit à la parole et
à la libre expression existait. C’est en cette même année que le trio composé
de Julio Numhauser, Eduardo
et Julio Carrasco fonde le groupe Quilapayun
qui signifie en langue amérindienne de la communauté Mapuche : quila
= Trois et payun
= barbe, traduisons ça par les trois barbus et à ne pas confondre avec le
groupe vocal français des années 50 les quatre barbus.
Leur musique recourt évidement à des instruments
traditionnels comme la flûte de Pan, la Quena, le Charango ou encore le Cuatro.
Les paroles dérivent entre la poésie et les textes politiquement engagés. L’année
suivante, après un premier prix au festival national de folklore Chilien, le
chanteur Victor Jara devient leur directeur
artistique. Ils enregistrent leur premier album «Quilapayun», le trio du départ
deviendra un quatuor et grandira en même
temps que son succès en intégrant d’autres membres, ils finiront à sept sur
scène la plupart du temps même si le nombre de membres atteint la dizaine à un
certain moment. En 1967, ils
sont rejoints par Victor Jara pour leur second
enregistrement «Canciones
Folkloricas de América». Un autre membre intègre le groupe en
la personne de Guillermo Oddo dit Willy qui apportera son talent d’instrumentiste et restera une des voix caractéristiques des Quilapayun.
En 1969, ils rencontrent le
philosophe et musicien Chilien Luis Advis qui
composera pour eux un titre de 37 minutes «Cantata Santa Maria de Iquique». Le texte
militant du morceau engage le groupe sur le devant de la scène politique. Avec le
chemin emprunté, ils collaborent à la campagne présidentielle de Salvator Allende. Le 4 septembre 1970, le candidat de
l’unité populaire devient le premier président du Chili à être élu
démocratiquement. 1973, les Quilapayun ont enregistré huit autres albums et Allende les nomme ambassadeur culturel du Chili.
Fin août, ils partent en tournée
en Europe, ils passent par la France avec deux arrêts : un à la fête de l’humanité
et l’autre à l’Olympia, alors qu’ils auraient du revenir fin septembre, le 11
septembre (encore ?) restera comme une journée ou la dictature prendra le
pas sur la démocratie. Le coup d’état du général en chef des armées d’Allende, le général Pinochet
va mettre le pays à feu et à sang à la grande joie de l’administration de Richard Nixon président des États Unis. Les syndicats
et les parties politique sont dissous, on abolit la liberté de la presse, il y
a des autodafés, des milliers d’opposants sont arrêtés et torturés. Victor Jara sera torturé, il aura les doigts
coupés à la hache et sera exécuté le 16 septembre. Le 23 du même mois, le poète
Pablo Neruda meurt officiellement d’un cancer de
la prostate et, officieusement, il aurait été assassiné par injection létale après
le saccage de sa maison. Les Quilapayun resteront en exil en France. Ils
tournent en Allemagne, Pays bas, Suède et iront jusqu’en Algérie.
L’histoire de leur pays
meurtri se retrouve dans les paroles des enregistrements qui suivent.
En 1988, la junte n’existe
plus, ils peuvent retourner dans leurs pays. Ils laissent derrière eux 17
albums plus beaux les uns que les autres dont «Adelante» en 1975 et le
très remarquable «Patria» en 1976 où l'on
retrouve «Te
Recuerdo Amanda» de Victor Jara.
En 1983, ils enregistreront un album hommage à Pablo
Neruda pour le dixième anniversaire de sa mort.
Le premier enregistrement d'un nouvel album aura lieu
au Chili en 1989 et en public. Le personnel a changé depuis 1965,
depuis la création du groupe original ; il ne reste qu’Eduardo
Carrasco. Depuis le
retour au pays certains ont abandonné le navire, comme Guillermo Oddo
dit Willy qui malheureusement pour lui sera
assassiné une nuit de novembre à Santiago. En 2009, ils enregistreront un album
live en hommage à Victor Jara, un concert qui
passera par Paris au théâtre du Châtelet.
Los músicos unidos jamás serán vencidos
39
albums, 49 ans d’existence, des milliers de kilomètres parcourus autour de la planète
pour porter leurs paroles de lutte. Encore à ce jour, ils continuent à souffler
dans leurs quena et à gratter leurs guitares et leurs charangos.
ADELANTE
QUILAPAYUN !!!!
Voilà qui m'a rappelé des souvenirs d'ado lorsque j'écoutais jusqu'a la corde le 33T des Quilapayun, je les avais vu à la Fête de l'Huma me semble t'il et leurs refrain engagé pour leur beau pays souillé par la dictature et le sang nourrissait ma rebellion de jeune adulte révolté par ci ou ca. Merci pour cette bouffée d'enfance qui revient !
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