Hollywood
Monsters ? Mais de quoi s'agit-il exactement ? D'une B.O pour le
nouveau blockbuster érigé à l'aide de finances
exorbitantes et un concours d'effets spéciaux hallucinants ?
D'un film asiatique où se côtoient des monstres mutants
géants ?
La
pochette laisse présager le pire avec des monstres de fiction
emblématiques du cinéma hollywoodien : King-Kong et le
Tyrannosaures Rex (très certainement échappé
d'un « Jurasic Park ») s'affrontant sur la
célèbre tour de Capitol Records de Los-Angeles. Avec un
pictural inspiré des affiches des années soixante-dix.
Le
verso du CD crée la surprise : sur un artwork sorti de la
Hammer Film Production, apparaîent les noms et les visages de
Don Airey, Tim Bogert et de Vinny Appice, aux côté d'un
certain Steph Honde.
Tim
Bogert ? L'ex-binôme de Carmine Appice, celui de Vanilla Fudge, de Cactus, de Beck, Bogert & Appice, serait donc sorti de sa
récente retraite ?
Don Airey aurait donc un projet extra-Deep-Purple ? Quant à Vinny Appice, a-t'il déjà lâché son nouveau groupe, WAMI ?
Don Airey aurait donc un projet extra-Deep-Purple ? Quant à Vinny Appice, a-t'il déjà lâché son nouveau groupe, WAMI ?
La
très racoleuse mention « Your favorite classic Hard
Rock artists together ! », par contre, sent le rance. Et
pour cause, Tim Bogert n'est présent que sur trois titres
seulement. Pire, Don Airey ne l'est que sur un.
Seul Vinny Appice mérite vraiment d'avoir son portrait en grand, à côté de Steph Honde, avec sa participation sur huit pièces sur onze.
Seul Vinny Appice mérite vraiment d'avoir son portrait en grand, à côté de Steph Honde, avec sa participation sur huit pièces sur onze.
Le
label belge Mausoleum, fleuron de la scène Métal
européenne des années 80, veut profiter des invités
de marque pour attirer le chaland. Certes, la seule présence
de Tim Bogert peut être en soi un gage de qualité.
Toutefois, sa présence étant très limitée,
on peut craindre le pire pour le reste.
Alors,
qu'en est-il réellement ? En fait, ce Hollywood Monsters est
surtout le bébé de Stéphane Honde qui compose,
oeuvre à la guitare, au chant et au piano, ainsi qu'à
la basse.
-
Vraiment ? Mais qui est-il ?
C'est
un français, né en 1984 à Manosque (1), et qui après
avoir fait ses armes avec Moby Dick, rejoint le groupe « Café
Bertrand », avec lequel il enregistre deux disques. C'est
lors de sa période avec ce groupe qu'il fait la connaissance
de Don Airey, lorsque Deep-Purple le prend pour les premières
parties de leurs concerts français et belges. Plus tard, il
rejoint le groupe de Paul Di'Anno, le premier chanteur d'Iron-Maiden.
Enfin,
en 2012, il émigre à Los-Angeles, principalement pour
commodités professionnelles.
Il
fait la connaissance de Tim Bogert avec qui il sympathise et qui
croit en son travail. Et ainsi, de fil en aiguille, l'expatrié
Stéphane Honde parvient à réaliser son projet,
avec l'aide d'un autre Manosquin, Denis Baruta, à la
production et au mixage.
Denis
apporte également sa touche à la gratte sur trois
titres (2).
Ce
« Big Trouble » évolue dans une sphère
Heavy-rock millésimé 1978-1984, de facture assez
classique, et qui réussit l'exploit de ne pas décevoir
en dépit de la publicité mensongère. Néanmoins,
on regrette que le grand Tim Bogert ne soit pas davantage présent.
Dans une moindre mesure, un sentiment partagé pour Don Airey
qui aurait pu apporter beaucoup sur deux ou trois pièces, qui
aurait pu embellir quelques chansons, notamment les plus calmes. Ne
serait-ce que « The Ocean » qui se retrouve
noyé par
une déferlante de violons.
Cela
démarre sous les meilleurs auspices. Après une courte
intro, « Another Day in Grey – part 1 » (?),
déboule « Move On ». Une déflagration
de Heavy-rock où rugit l'orgue d'Airey.
On
est de suite rassuré par la cohésion et le
professionnalisme qui émane de cette pièce. Mieux, on
consulte les notes pour connaître ce chanteur assurant comme
une bête, qui est venu prêter main forte. Une voix de
caractère, bien ancrée dans un classic-rock aux
réminiscences bluesy qui n'est autre que celle d'Honde. Une
voix que l'on pourrait considérer comme le croisement - à
la louche - entre John Sykes, Paul Di'Anno et un David Coverdale
pré-Vanderberg. Fichtre, de sérieuses références
et pourtant en rien galvaudées, si ce n'est – on serait
presque tenté de dire forcément, avec moins de coffre
que Coverdale et Di'Anno. Question guitare, ça crache sans
être tapageur, ni démonstratif et bavard. Elles sont
lourdes mais non pachydermiques. On reconnaît le grain Gibson.
Plus exactement Stéphane utilise une Les Paul Standard et une
Gretsch branchées dans un Vox AC30 et un Hiwatt qu'il pousse
dans leur retranchement. La saturation étant alors gérée
au potentiomètre de volume. Quelques pédales Wampler
(3), du matos « fait main », vient compléter
l'attirail. Un son, principalement constitué sur un volume
sonore de base conséquent, qu'il dit avoir été
inspiré par Deep-Purple, lorsque, au sein de Café
Bertrand, il les a suivis en faisant leur première parties.
Si
tout n'est, hélas, pas du même tonneau, rien n'est à
jeter – à l'exception, en étant pointilleux, de « The Ocean » -, mais quelques pièces se
détachent.
« Move
On » donc, qui envoie la purée ;
« The
Only Way » qui démarre comme un ballade chargée
de spleen moite et qui s'endurcit progressivement, se parant d'une
colère sourde.
« The
Cage », co-écrit avec Denis Baruta, où Honde est
plus proche que jamais de Coverdale (époque Saints &
sinners). Bluesy à la mode Whitesnake, avec une intro
acoustique digne de Micky Moody.
« Oh
Boy », ballade appuyée aux parfums « Bowie »
; une complainte heavy (« Oh
boy ! Don't look at the dark side. Hey Man can't you see the light of
the day leading your way. Oh Boy, walk the other side. Hey Man the
child as grown up today, better the day »).
« Village
of the Damned » emprunte beaucoup à Black-Sabbath,
notamment celui de « Mob Rules » et de « Heaven
& Hell » avant de s'emballer pour plonger dans une
ambiance propre au premier Iron-Maiden. Denis Baruta vient choruser
comme l'aurait fait Denis Stratton, et Stéphane fait claquer
une basse alerte, renforcée de medium d'airain, comme un Steve
Harris de vingt ans. Un des sommets de l'opus.
« Song
for a Fool », surtout pour ne pas passer à côté
de la prestation de Tim Bogert, immédiatement reconnaissable,
où son talent culmine à travers un solo qui, à
travers l'harmonie, filtre une douce folie sous-jacente, voire une
humeur de caractériel bi-polaire. Pas de guitare ici ; juste
une batterie, un piano et cette basse rebelle. Ainsi, en
orchestration réduite, cela devrait sonner intimiste, jazzy ou
Blues, mais la frappe de bûcheron de Vinny et la basse
frondeuse de Tim projette cette chanson dans une sphère rock
foutraque.
Et
« last but not the least » : « Fuck
You All ». Considéré comme un bonus track
car totalement différent de ce qui le précède.
Un heavy-cyber-punk qui rue dans les brancards avec Paul Di'Anno en
pleine possession de ses moyens, déversant toute sa rancœur.
Un glaviot corrosif envoyé à la face d'un certain
système de la musique, et des escrocs-poseurs sans
personnalité. En trois minutes, Di'Anno prouve qu'il aurait
encore les moyens d'avoir du poids dans la balance, si,
malheureusement, il n'était pas menotté par un
management véreux qui l'oblige à se cantonner
principalement à interpréter du Iron Maiden.
Au final, passée la déception due à une publicité plutôt exagérée, on se retrouve avec un très bon disque de Classic-Rock, qui non seulement ne devrait pas subir les affres du temps, mais qui en plus peut se présenter la tête haute face aux bonnes productions de l'année.
Au final, passée la déception due à une publicité plutôt exagérée, on se retrouve avec un très bon disque de Classic-Rock, qui non seulement ne devrait pas subir les affres du temps, mais qui en plus peut se présenter la tête haute face aux bonnes productions de l'année.
(1) Stéphane Honde lui-même a précisé qu'on l'avait rajeuni ici de quelques années.
(2) Tout comme
Stéphane, Denis Baruta a joué avec Café Bertrand
et Paul Di'Anno.
(3) Utilisé
en autre par John Fogerty, Dweezil Zappa, Keith Urban, Adrian Legg et
Guthrie Govan.
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