Avec
cet album, l'ancien shredder Richie Kotzen a totalement maîtrisé
un genre qu'il a abordé dès l'album « Wave
of emotion », initialement sorti en 1996.
Après
avoir tâté du Rock instrumental façon shredder en vogue lors dans années 80, du gros rock US (où, au passage, il intègre le groupe de Glam-Rock Poison, avec qui il réalise "Native Tongue", leur meilleur disque), du Heavy-rock
plombé, du Jazz-rock/fusion, Richie Kotzen se tourne vers d'autres
horizons en incorporant à son Heavy-rock une bonne louche de
Soul. La Soul des Otis Redding, Donny Hathaway, Bobby Womack, Sam Cooke,
Sly Stone, Curtis Mayfield et Stevie Wonder. Une Soul à la fois
mélancolique, affecté (le chant), mais pleine
d'espérance (la musique) et surtout, consistante.
Son timbre de voix, légèrement éraillé peut évoquer un mélange de Rod Stewart, de David Coverdale, de Paul Rodgers et de Glenn Hughes, contribue un donner cette couleur Soul, sans paraître désuet, décalé ou vulgaire. Une voix qui a du suffisamment de caractère pour être aisément reconnaissable.
A cela, il convient de rajouter les incartades dans un Funk musclé et Bluesy, dérivant autant de Jimi Hendrix, des Meters que de Prince. De plus, l'avantage de Kotzen, c'est qu'il n'a aucunement besoin d'artifice pour incorporer cette sphère ; point de synthés, de samples, de voix transformée, synthétisée, par un quelconque ordinateur sans âme. Pas même de cuivres, qui aurait pourtant pu s'intégrer occasionnellement sans dénaturer quoi que ce soit. Juste quelques utilisations fortuites de claviers (seulement sur deux titres ici), et, évidemment, avec l'utilisation d'effets de guitares bien maîtrisés ; et donc, à ce titre, chorus, slide, wah-wah, tremolo et vibratone fenderien, overdrive vintage, delay, réverbe, phasing et talk-box semblent prendre ici leur lettre de noblesse.
Richie Kotzen
a assimilé ses influences, tant Rock que Soul, suffisamment
profondément pour parvenir à créer une musique
où ces genres semblent désormais faire partie d'une
même famille. C'est pourquoi il passe avec aisance d'un
Heavy-rock bluesy à un autre plus ouvertement Soul ou Funky,
sans que cela choque l'oreille, sans que jamais cela ne donne
l'impression d'un patchwork musical mal dégrossi.
Cet
opus, à la pochette trompeuse, donnant à tort la piste
d'un Blues-rock fiévreux débordant d'un trop plein de
guitares belliqueuses, cultive, peut-être plus que jamais, la
face Soul de Kotzen.
Donc
ici, pas une once de Heavy-rock incisif, de Hard-blues enivrant, de
Jazz-fusion alambiqué, encore moins de soli vertigineux. Juste
une « Soul-blanche » chargée en feeling,
en émotion, aux intonations tantôt Funky (« Break
it all down », la reprise « I'll be around »),
tantôt Pop (« Killin' Time »), tantôt
avec des touches bluesy (« I don't belong »,
« The feelin's gone »), tantôt nettement
plus Rock (« Live a little »). Le tout en
mid-tempo, plus ou moins appuyé, à l'exception
évidemment des ballades (« You don't know »,
magnifique « I Would », « My
Addiction »). Un sensationnel travail à la guitare
; pas évident lors d'une écoute distraite, parce que
Richie a évité, ici, tous les plans « flashy »
et les phrasés à l'esbroufe. « Less is
more ».
Une Soul-Pop-Funk-Rock (?) qui se montre inventif, qui cherche à emprunter des sentiers pas trop balisés. Et on peut dire qu'il y parvient, car tout en développant un côté mélodique sûr il parvient à garder un feeling sincèrement Rock, sans que jamais cela ne sonne Hard ou Rock-FM ; en fait, sans que cela ne sonne jamais commercial, ou forcé.
En
ce sens, un album rare qui aurait largement mérité
d'être porté aux nues, d'être élevé
au rang d'incontournable, voire même d'être présenté
comme un cas d'école.
N'étant
jamais mieux servit que par soi-même, Kotzen joue généralement
de tous les instruments (la batterie est son point faible ; bien
jouée, mais parfois un tantinet trop métronome.
Heureusement, il s'améliorera au fil des albums, mais sans
toutefois parvenir à égaler un bon spécialiste).
Un
album qui peut surprendre, voire même déplaire, lorsque
l'on a abordé le musicien par des albums tel que « Mother Head's Family Reunion », « Bi-Polar Blues », « Get Up », ou « The Inner Galactic Fusion Experience » ou encore ceux de sont époque shredder, « Fever Dream » et "Electric Joy". Au contraire de « Into
the Black ».
A
noter, la présence de Doyle Bramhal II sur « The
Feelin' s Gone », qu'il a co-composé.
En 2009, Kotzen va encore plus loin dans son immersion dans la Soul, en créant un groupe, Wilson Hawk, qui s'y dédie totalement, et où il tempère radicalement sa guitare ; à la limite de la museler. Toutefois, là encore, on peut se demander pourquoi, Kotzen s'évertue a donner un nom de groupe à un projet où il semble être le seul instigateur (avec pour photo de groupe au verso : lui-même et seulement lui, avec une gratte en main), avec l'aide de Richie Zito pour la production.
1. | "Break It All Down" | 4:03 |
2. | "Killin’ Time" | 3:24 |
3. | "The Feelin’s Gone" | 5:08 |
4. | "Some Voodoo" | 4:23 |
5. | "I Would" | 5:10 |
6. | "You Don’t Know" | 4:20 |
7. | "Live A Little" | 4:14 |
8. | "I Don’t Belong" | 4:24 |
9. | "My Addiction" | 3:58 |
10. | "It Burns" | 4:11 |
11. | "I’ll Be Around" (by The Spinners - 1972) | 4:43 |
Produit par Richie Zito.
Sur Richie Kotzen, à lire également : Richie KOTZEN "Change" (2003)
C'est du bon.
RépondreSupprimerUn bon CD pour vous accompagner sur les routes,
c'est le style de CD que j'écoute quand je descends vers le SUD, dommage que je n'ai pas de toit ouvrant.