- Bonjour M'sieur Claude… J'entends plein de petits morceaux joyeux
depuis votre bureau, un pot-pourri pour l'été ?
- Oui Sonia, il y a de cela, mais ce florilège est de la main d'un seul
et pittoresque compositeur français, à savoir Emmanuel Chabrier…
- Ah oui : España, vous continuez votre parcours parmi les compositeurs
français moins connus que Debussy ou Ravel…
- Oui, et avec Chabrier, on s'amuse bien, des petits morceaux comme vous
dites, de quelques minutes, des vitamines musicales…
- C'est sympa en été…
- Oui, Chabrier a écrit un peu en dilettante de jolies choses et la
compilation de Gardiner avec rien de moins que la Philharmonie de Vienne
est un incontournable…
Chabrier
a inventé la musique de variété classique en cette fin du XIXème
siècle où la musique légère fait fureur.
Né en 1841,
Emmanuel Chabrier
ne s'intéresse à la musique qu'à partir de
1880. Avant, il travaille au
ministère de l'intérieur. Reconversion peu banale et tardive. On peut
supposer que l'homme est un épicurien. Il se passionne pour les courants
artistiques les plus modernes. Il achète des tableaux des impressionnistes
tels Renoir,
Monet,
Manet. Son style musical léger
et vivant, mais de grande qualité et fort coloré sera apprécié des grandes
pointures du temps comme
Debussy,
Ravel,
Satie,
Stravinsky
et même
Richard Strauss.
Avec
Satie, il partage le goût pour l'humour un rien déjanté. Si l'un compose des
pièces pour piano avec des titres insolites comme "Morceau en forme de Poire",
Chabrier
le concurrence avec des mélodies aux titres tout aussi loufoques :
Ballade des
gros dindons,
Villanelle des petits canards,
Pastorale des cochons roses… Comme la plupart des
parnassiens,
Chabrier
se gausse avec gourmandise des us et coutumes conservatrices de la 3ème
République.
Chabrier s'étant éteint assez jeune, en
1894, son catalogue est assez
retreint mais très varié. Il compose des opéras dont
Gwendoline
dont nous écouterons l'ouverture : un drame lyrique dans lequel un roi
viking, Harald, épouse Gwendoline, une princesse saxonne. De combat en
trahison, les deux tourtereaux finiront au paradis des amants maudits à
l'instar de Tristan et Isolde. Influencé par l'écriture wagnérienne, cet
opéra se rapproche des tragédies comme
Carmen. Autre opéra marquant :
Le roi malgré lui.
Chabrier, c'est également des opérettes très en vogue à l'époque.
Autres domaines : de nombreuses pièces de piano dont une certaine
bourrée fantasque
! Des pièces pour orchestres amusantes et sujets de l'album du jour et enfin
des mélodies, certaines inspirées des chansons folkloriques
françaises…
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Je ne présente plus
John Eliot Gardiner
déjà accueilli dans ce blog pour le
Requiem
de
Mozart, le
Requiem
de
Campra
et la
symphonie Fantastique
de
Berlioz.
Gardiner
est un défenseur assidu de la musique française, Nous le retrouvons avec
toute logique dans cette anthologie
Chabrier.
La spontanéité des pièces orchestrales de
Chabrier
ne justifie en aucune manière des analyses musicologiques savantes. (Ah Ah…
vous y échappez cette semaine.) Je ne présente que quelques pièces, et pas
forcément dans l'ordre prévu sur le CD.
España
est la célèbre rhapsodie de 6 minutes chrono inspirée au compositeur par la
musique andalouse entendue lors d'un voyage en Espagne en
1882. Très rythmée avec ses
pizzicati endiablés introductifs, cette pièce gorgée de soleil est connue
notamment par son motif fanfaronnant comme un matador à la trompette et au
trombone (plage 6 du disque). La prise de son et la gravure sont d'une
puissance et d'une clarté exceptionnelles.
La Suite pastorale
se présente comme une mini symphonie composée de quatre mouvements brefs
(moins de 20' en tout). D'une grande finesse l'Idylle
évoque une tranquillité champêtre et le chant des oiseaux. Plus vigoureuse,
avec son poilant solo de clarinette, la seconde partie nos entraîne dans des
danses villageoises.
Sous bois. Une page tout en demi-teinte qui prouve le talent d'orchestrateur de
Chabrier
avec un dialogue serein des groupes de cordes et des bois. Le
Scherzo Valse
énergique conclut cette suite entraînante et poétique. La
Philharmonie de Vienne
est vraiment l'orchestre aux mille talents. Pas de pathos viennois, mais
cette subtilité aigrelette et diaphane du style français.
Gardiner
n'y est pas pour rien dans cette délicatesse. (Plages 1 à 4.)
Le Larghetto pour cor et orchestre, peu connu, se veut un mini concerto de forme libre (tout est mini chez
Chabrier). Le discours est romanesque. Les mélodies se développent avec douceur. Le
terme de concerto eut été mal choisi pour ce morceau ou les oppositions
soliste-orchestre laissent plutôt la place à un phrasé fusionnel, la
mélancolie du son du cor baignant dans le chant plus élégiaque de
l'orchestre. (Plage 7.)
Le disque comporte aussi la furieuse et épique
Ouverture de Gwendoline
(c'est vrai qu'il y a un p'ti coté
Vaisseau fantôme
dans cette affaire),
l'Habanera, la
Fête polonaise
extraite du
Roi malgré lui
et quelques compléments tout aussi joyeux…
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Les vidéos de ce CD sont enfin disponibles depuis 2018. En complément du
lien Deezer pour les abonnés. J'intègre la playlist de toutes les pièces.
Vous pourrez faire votre marché 😀.
1. Suite pastorale : I. Idylle
2. Suite pastorale : II. Danse villageoise
3. Suite pastorale : III. Sous-bois
4. Suite pastorale : IV. Scherzo-Valse
5. Habanera
6. España - Rhapsodie pour Orchestre
|
7. Larghetto for cor and Orchestre - Ronald Janezic
8. Gwendoline : Ouverture
9. Prélude pastoral
10. Joyeuse marche
11. Le roi malgré lui : Fête polonaise
|
En prime, je vous propose des must de la discographie alternative.
Paul Paray
et son
orchestre de Détroit
a gravé dans les années 60 un disque de légende chez
Mercury (tss tss, pas évident à
trouver). Nous écoutons
España
repiqué d'un LP, son pas top, le CD est bien meilleur.
Sir Thomas
Beecham
apporte sa verve coutumière dans
l'ouverture
de
Gwendoline
:
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