Le
parcours de Jim Allchin est un cas particulier, bien différent
de celui du musicien de Blues habituel .
Il
grandit dans une minuscule bicoque, édifiée par son
père, perdue au milieu d'une orangeraie en Floride. La famille
a peu d'argent, et Jim sèche parfois l'école pour la
cueillette. Lors de périodes de vache maigre, Jim se ressaisit
et donne un coup de collier pour ses études. Il se découvre
alors une passion pour les mathématiques et l'informatique et
obtient un doctorat. Parallèlement, il ne lâche pas la
musique qu'il a découverte à travers le Blues et le
Rock (ainsi que les Allman et Santana). Après la trompette
débutée à l'adolescence, il se tourne vers la
guitare ; il économise un an pour pouvoir s'en offrir une.
En
1990, il intègre Microsoft où il dirige le
développement de Windows. Il quitte le géant
informatique en 2007, peu après la mise en place de Vista. Il
se concentre alors sur la composition, la lecture et le chant, ainsi
que la production. C'est un nouveau challenge : essayer de
s'accomplir à travers une passion qui ne l'a jamais quittée,
soit celle du Blues-Rock.
Un
premier disque sort en 2009, et surprend par sa bonne tenue et sa
technique. Cela sonne très pro, et donne bien plus la
sensation d'une réalisation d'un vieux requin de studio plutôt
que celle d'un friqué à la retraite voulant se faire
plaisir, ou satisfaire un caprice. Il n'y a là rien de
maladroit.
Arrive un second en 2011, « Overcloked » (lien), qui monte déjà d'un cran ou deux.
Arrive un second en 2011, « Overcloked » (lien), qui monte déjà d'un cran ou deux.
Et
enfin, en septembre de cette année « Q.E.D. »
qui confirme bien que Jim prend sa carrière au sérieux.
Le
Blues de Jim Allchin est assez moderne, tantôt nimbé
d'intonations jazzy à la manière de Scott Henderson,
tantôt baigné d'instants rock coincés entre
Stevie Ray Vaughan et Joe Satriani ; en parlant de ce dernier, on peut d'ailleurs remarquer sur des clips vidéos que Jim Allchin utilise une Ibanez JS1200CA, une Joe Satriani signature Prestige (pour le précédent, l'élue était une Tom Anderson) . Des références fortes
car sans contexte Jim est un guitariste fin et adroit. A cet effet,
il a une maîtrise de la modulation des notes au potentiomètre
de volume assez étonnante. Une technique que Roy Buchanan
avait érigée en art, et que Jim reprend fort bien -
toutefois dans un registre moins agressif et moins plaintif - faisant
alors presque parler sa guitare.
Jim
en a sous la pédale mais se garde bien d'en faire des tonnes.
Aucun babillage ou autre manifestation puérile. Son souci
étant en toute évidence d'avoir la note juste et de ne
jamais être en déséquilibre avec le tempo. Une
rigueur qui n'est parfois pas loin d'un côté clinique
mais qui semble s'effacer sur les pièces les plus riches au
niveau de l'orchestration ; celles qui se parent de quelques cuivres
judicieux, et/ou d'un orgue. En l'occurrence, ce sont les meilleures.
Le
point faible demeure sa voix. Un rien traînante, un tantinet
laconique, elle semble – faussement - désintéressée.
En fait, en dépit de ses efforts, Jim n'a ni le coffre ni le
timbre adéquate. Même si sur certaines pièces il
passe très bien, il aurait à gagner d'engager un
chanteur, ou encore de partager les rôles avec un de ses
musiciens ; comme l'on fait tant d'excellents guitaristes mais piètres chanteurs (dont, non un des moindres, Carlos Santana). D'autant qu'il avait sous la main trois choristes.
Choix qu'il fait pour le bon slow-blues "Trust Me" où c'est Mycle Wastman qui prend place derrière le micro ; ce qui permet à cette composition de s'élever d'un cran ou deux.
Jim
Allchin, c'est un peu une rencontre entre Scott Henderson, Eric
Johnson, avec un soupçon de Joe Satriani et des réminiscences
de Stevie Ray Vaughan. Sachant que sa musique a plus de chances de
satisfaire les amateurs des deux premiers que ceux des suivants.
Article initialement paru dans la revue BCR n° 34
The Trailer
The Trailer
Le Clip
Bonus ; un second clip
Autre article sur Jim Allchin : "Overlocked" (2012) par ROCKIN-JL
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