"REMEMBER ELLIOTT SMITH" par Philou

ELLIOTT SMITH (06/08/1969 - 21/10/2003)

Dix ans après sa mort, les chansons du songwriter américain continuent d’imprégner mon esprit et certainement bien d'autres.....

Steven Paul Smith est né le 6 aout 1969 à Omaha dans le Nebraska, plus connu sous le nom de ELLIOTT SMITH, il nous a quitté bien trop tôt, le 21 octobre 2003.
Elliott était une espèce d'ange maudit, un poète triste influencé par les Beatles, Brian Wilson et par le fragile et dépressif Nick Drake.
ELLIOTT SMITH a su transcender sa mélancolie fragile en une musique vénéneuse, bouleversante et magnifique.
Malheureusement, il n'avait pas les armes nécessaires pour supporter l'injustice, l'indifférence, la haine et il a finit par en mourir. 

Grand fan des Beatles, le jeune musicien qui joue du piano et de la guitare, commence à composer ses propres chansons vers l'age de 13 ans. Après le divorce de ses parents, il rejoint son père à Portland (Oregon) et en 1992, il fonde avec un camarade de classe Neil Gust, un groupe de rock alternatif, Heatmiser. Avec eux, ELLIOTT SMITH publiera 3 albums studio, avant de se lancer définitivement dans une carrière solo.

HEATMISER avec ELLIOTT SMITH (le 3ème à gauche)

Son 1er album solo "Roman Candle" sort en 1994 sur un label indépendant Cavity Search et nous fait découvrir un artiste stupéfiant de maturité qui nous offre un voyage intime au plus profond de son mal de vivre. En peu de temps et avec également très peu de moyen, ELLIOTT SMITH nous propose sur ce 1er opus, 9 chansons extrêmement dépouillées, sans aucun artifice, juste une guitare (ou 2) et la voix d'Elliott, avec de temps en temps, quelques notes d'harmonica ou quelques rares sons de batterie ..... le tout enregistré sur un magnéto 4 pistes.

En 1995, il sort son 2ème album tout simplement intitulé "Elliott Smith". Composé dans la continuité du précédent, on y retrouve une ambiance acoustique avec des ballades sombres mais somptueuses comme "Needle In The Hay", "The Biggest Lie"ou "Single File".
A noter que les chansons parlent pas mal de défonce.... en effet la drogue et l'alcool font malheureusement partie du quotidien du chanteur.
L'année suivante marque la rupture définitive avec son groupe Heatmisers ce qui va laisser toute liberté à Elliott pour sa carrière solo.
 

 

"Either/Or" (1997).

L'album suivant "Either/Or" sort en 1997 et un fois de plus, ELLIOTT SMITH va nous bouleverser avec sa collection de chansons douces et désabusées qui reflètent son profond mal de vivre. Ce disque sera son œuvre la plus unanimement acclamée par les critiques et un certain Gus Van Sant le contacte pour lui demander de participer à la bande originale de son film "Will Hunting". 
En 1998, ELLIOTT SMITH se voit nominé pour la meilleure musique de film aux Oscars, mais la reconnaissance du grand public, qui lui manque jusque là, va lui échapper..... il se fait voler la statuette par l’insupportable beugleuse Céline Dion, qui remporte l'Oscar avec la bande originale de "Titanic". Heureusement, il joue pendant la cérémonie et se fait connaitre plus largement aux USA. 

On garde encore en mémoire les images d'un type en costard blanc, qui se demande ce qui fout là, debout, seul avec sa guitare. Devant une ribambelle de stars d'Hollywood, coincé entre cette cruche de Céline Dion et l'ex-protégée de Garth Brooks, Trisha Yearwood, il interprète une inoubliable version de "Misery".
Suite à cette soirée, le label de Steven Spielberg, Dreamworks, le repère et lui fait signer un contrat.

Aux Oscars 1998

Dreamworks, son nouveau et (très) riche label et lui donne des moyens plus que suffisants pour réaliser en 1998, son 4ème album,"XO". Un nouveau disque qui lui fait connaître les joies du travail en studio avec des musiciens et des producteurs. Il passe de la production assez minimaliste de ses premiers albums à une production plus élaborée et on on se pose une question : "est ce que cette abondance d'arrangements en tout genre va gâcher le talent d'un artiste qui avait fait de son art minimal sa marque de fabrique ?"
Et bien non !!! "XO" est un chef d’œuvre, plus varié que ses disque précédents et un peu plus accrocheur aussi avec des chansons comme "Independence Day", "Baby Britain" ou "Everybody Cares, Everybody Understands".

Toujours confortablement installé chez Dreamworks, qui lui laisse carte blanche pour peaufiner son nouvel album, ELLIOTT SMITH, après une tournée mondiale épuisante, reprend le chemin du studio. C'est à peu près la même équipe qui l'épaule sur "Figure 8" qui sort en avril 2000. Le ton de l'album est plus agressif et pour la 1ère fois, on entend le son de guitares saturées.....ne partez pas en courant, la magie est toujours là et les compositions d'Elliott sont toujours aussi bouleversantes !!!
Les critiques le vénèrent, mais son succès auprès du grand public reste pourtant assez limité. Après une nouvelle tournée mondiale qui le fatigue énormément, il déclare vouloir revenir à des choses plus simples. En 2001, pendant ses concerts, il propose à ses fans des nouvelles compositions, des chansons qu'il interprète seul à la guitare et qui se veulent être un retour aux sources. En effet, l'artiste veut jouer tous les instruments et produire lui même son prochain album qui, d'après les rumeurs, devrait s'appeler "From The Basement On The Hill"....  
Mais ELLIOTT SMITH n'arrive pas à apaiser son mal de vivre et semble bien fragile, accroc à la dope et à l'alcool. En 2003, dans une interview, il parlera de son combat quotidien contre les substances illicites et évoquera même ses tendances suicidaires. Même si son état semble s'améliorer un peu après une cure de désintoxication, le 21 octobre 2003, il décède mystérieusement dans son appartement à Los Angeles de 2 coups de couteaux de cuisine dans la poitrine.

Même si la thèse du suicide reste la plus plausible, celle de l'assassinat n'est pas écartée : le médecin légiste du comté de Los Angeles déclarant ne pas pouvoir se prononcer sur la mort du chanteur.

L'album maudit "From A Basement On The Hill" sort finalement le 19/10/2014, soit presque un an après la mort et les fans de l'artiste vont se consoler, tant bien que mal, en écoutant les 15 chansons de ce disque triste et mélancolique mais infiniment beau.

Deux autres albums posthumes seront publiés par la suite : "New Moon" en mai 2007, une  collection de chutes de studio enregistrés entre 1994 et 1997 et "An Introduction To ...Elliott Smith", une compilation parue en novembre 2010.

Pour ceux qui seraient passés à coté de cet artiste magnifique, unique, bourré de talent, je vous laisse une seconde chance pour plonger dans son univers ....