vendredi 13 septembre 2013

WINGS OVER AMERICA de Paul McCartney & Wings (1976) par Luc B.



Paul McCartney est un multi instrumentiste (guitare, basse, piano, batterie…) connu pour avoir fait partie du  groupe phare du début 60's : THE QUARRYMEN. Il s’en suit une longue période d’inactivité (les biographes s’accordent sur ce mystère : qu’a fait McCartney entre 1962 et 1970 ?) avant de relancer sa carrière par deux albums solo, et la formation d’un nouveau groupe : WINGS.

- Ah bon, c’est vrai, il avait disparu ? Comme Martin Guerre, le film avec Depardieu ?
- C’est une blague, Sonia, une accroche, une intro, j’vais pas m’lancer dans une bio de McCartney, période "vous savez qui" !! Les gens sont au courant tout de même…
- Au courant de quoi ?...
- (soupir affligé) Sonia, un jour, vous me re-re-re-raconterez comment vous avez été embauchée ici…

Donc… Paul McCartney, fin 1969, doit gérer l’inventaire de son groupe précédent dont le dernier né LET IT BE n’est pas encore sorti, alors qu’il a déjà sur le feu son premier opus solo, sobrement intitulé McCARTNEY, et qui sera distribué en avril 70. Un an après, en mai 1971, ce sera RAM (qui au passage mérite le détour) et déjà la nébuleuse de musiciens présents se mue en prémices de groupe. McCartney enregistre presque tous les instruments, mais sa femme Linda le seconde aux claviers, et Denny Seiwell à la batterie. Ce sera ensuite la rencontre avec le guitariste (et ex fondateur des MOODY BLUES) Denny Laine, et la naissance officielle du groupe WINGS, dont la période d’activité est quasiment aussi longue que son groupe d'avant. 

McCartney au fond de lui (c’est la minute Mireille Dumas) a toujours eu envie d’être dans un groupe de rock’n’roll, tout simplement, revenir aux racines Rythm’n’Blues de ses jeunes années. Y’a qu’à voir comment il a re-déshabillé en 2003 LET IT BE en LET IT BE NAKED, pour retirer la quadruple couche d’arrangements de Phil Spector, lorsqu’il en a recouvré les droits. Avec les WINGS, il veut retrouver la vie au sein d’un groupe, un vrai, où on ne bidouille pas chacun dans le coin d'un studio, mais où on compose collégialement des chansons destinées à être jouées sur scène. (même s’il reste le principal pourvoyeur de compositions, et si les titres sont co-signés Linda, c'est bien souvent pour des histoires de droit) 

Le succès arrive vite, les albums s’enchainent, BAND ON A RUN en décembre 1973, VENUS AND MARS en décembre 1975, SPEED OF SOUND en mars 1976. Gros succès, et supports idéals pour parcourir les scènes du monde, notamment celles des Etats Unis. Un album live, triple vinyle, revient sur cette série de concerts : WINGS OVER AMERICA, sorti en décembre 1976. C’est un des albums live qui a eu le plus de succès, commercialement parlant  (comme le Peter Frampton, COMES ALIVE ! la même année), qui est ressorti en format CD en 1984, mais qui renait véritablement aujourd’hui, avec cette remasterisation. Un pur bonheur. Une version Deluxe propose 8 titres inédits.

Le disque commence par des titres récemment enregistrés, un medley incluant « Venus and Mars », « Rock Show » et « Jet ». 10 minutes qui débutent tranquille en acoustique avant que la foudre électrique ne se déchaine. Paulo est au taquet, ça gueule illico (quelle voix !) et une section de cuivre en renfort en rajoute une couche. Suivent, le faux-blues plombé au riff de guitare assassin « Let me roll it » de BAND ON THE RUN (dans la veine de « She’s so heavy ») puis « Spirit of ancien Egypt » et le boogisant « Medecine Jar » tirés de VENUS AND MARS. On en a plein les esgourdes, bon sang, c’est un concert de rock, de hard, c’est du Thin Lizzy ? C’est taillé pour les stades en tout cas, donc à ne pas écouter en sourdine. Et McCartney enfonce le clou avec le puissant et magnifique « Maybe I’m amazed » une composition de son premier album solo, et rien que pour ce titre, ce type mérite notre reconnaissance éternelle.

On ferme la parenthèse WINGS pour des titres de son ex-quartet que McCartney n’avait jamais rejoués, n’osant s’affranchir de son glorieux passé : une « Lady Madonna » qui dépote sec avec les cuivres, « The long and wending road », plus tard et en acoustique, « Blackbird » ou « Yesterday ». Histoire de remettre le jus, il envoie « Live and let die » cette mini symphonie pop composée pour le générique du James Bond éponyme, qui m’affole les portugaises à chaque fois. Énorme.

Le disque 2 commence par le sautillant « You gave me the answer », tiré de VENUS, enrobé de cor et trompette, j’adore cette veine chansonnette, cabaret, de Macca, rafraichissant à souhait. Il est temps de faire remonter les niveaux des potards, et d’aligner quelques grands classiques, dont on ne peut s’empêcher de dire : ah oui, c’est celle-là ?! Parce que très honnêtement, les WINGS, je n’avais pas écouté ça depuis des lustres… Juste en lisant les titres, on se dit, bof, connais pas, mais dès les premières notes, on se frappe le front ! « Listen to what the man said », « Let’em in », « Silly love songs » ou « Beware my love » issues du dernier opus en date, « Band on the run »… N’en jetez plus… Si ? Bon, alors « Letting go » et un autre boogie « Hi hi hi »… Sur 28 titres, disons qu’il y en a 3 ou 4 qui sont légèrement en dessous du niveau, insérés entre deux chefs d’œuvre. Mais faut dire que la barre est tellement haute !

Avec ce double CD, vous aurez un aperçu de l’œuvre du grand homme, les tubes, les titres moins connus, les reprises dépoussiérées de son groupe précédent, des phases électriques, acoustiques, des trucs pur rock, ou bluesy, de la chanson. Et en live ! Donc avec un orchestre cohérent, un fameux batteur (Joe English), et le trio Macca, Denny Laine et Jimmy McCulloch qui passent allègrement de la guitare, aux claviers, à la basse, selon l’emploi du temps de chacun ! La seule réserve que je ferais concerne le mixage, qui coupe les interventions parlées de Macca entre les chansons, pour privilégier l’enfilade de chansons. 

La prise de son est impeccable, ça ne sonne pas trop neuf, la basse vrombit, énorme, les guitares sont acérées, et puis donc, quatre musiciens supplémentaires pour les cuivres, qui apportent un vrai plus, boostent l’ensemble, ou soulignent joliment des titres plus calmes. Ce disque est une vrai merveille, personne de sensé ne peut nier qu’il s’agit là de très très très bonne musique, jouée par de très très bons musiciens, et un chanteur exceptionnel, qui s’égosille comme un malheureux, en bon fan de Little Richard qu’il fut. On y sent trois courants, le style McCartney évidemment, reconnaissable à ses compositions, le souffle des pionniers Rock'n'Roll des 50's, et la pop-rock anglaise 70's, comme le Bowie de Ziggy, et la clique de glammer. On est au confluent de trois décennies, 50, 60, 70.

Pour ce disque en particulier, pour l’ensemble de son œuvre, et sa contribution à la culture du XXème siècle, on fait claquer les 6 double-croches à M'sieur Paulo !








Une bande annonce correspondant au DVD "Rock Show", version vidéo de ce disque :

4 commentaires:

  1. Voila "The live" qui m'a marqué! Un P....N de triple vinyl avec son poster à l'intérieur. J'ai appris mes premières lignes de basse en écoutant toute l'intro du concert sur "jet" mais surtout sur "let me roll it". Une pensée pour Jimmy McCulloch décédé en 1979. A écouter sans modération.

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  2. Bon, c'est commandé! juste pour me faire oublier la mort d'Albert Jacquard commentée par 6 pékins et supplantée depuis par les 395 com' pour le bijoutier qui a défouraillé en légitime défense dans le dos d'un môme en scooter...
    le FN a une autoroute devant lui.
    Live and Let die...

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  3. S'il y a une souscription pour ériger un arc de triomphe à Paulo, je cotise ...

    Ceci étant, à part Band of the run, les années 70 (et vaut mieux pas parler des suivantes) de Macca, comment dire ... bon, tu comprends Luc ... jamais pu arriver à la fin de ce triple vinyle. Une chose que j'ai pas compris, pourquoi ce type, une des oreilles musicales les plus fines du siècle (il lit pas et n'écrit pas la musique), s'est entêté avec sa Linda (ouais, l'amour qui rend aveugle ... et sourd) qui jouait des claviers avec un doigt hésitant et chantait totalement faux dans les choeurs ... autant insupportable que Tata Yoyo Ono avec Lennon ...

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  4. Linda se contentait des choeurs, Tata Yoko, elle, se faisait offrir de longues plages solo où elle pouvait beugler des heures, dans ses transes avant-gardistes, qui avait tout de même une qualité : faire rire l'auditeur... Si les "talents" de ces dames étaient proportionnelles à ceux de leurs mecs, imagine un peu si madame Ringo tenait un micro...

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