- M'sieur Claude, M'sieur Clauuuude !
-
Eh bien ? Qu'est-ce qui vous panique autant ma petite Sonia ?
- A
l'en... l'en..., à l'enlenlen ...
- ...z'enfant de
la patriiiiie ♫ ♪ ♫ ! Ah ah ah...
- Non M'sieur Claude ! Rigolez pas, à l'entrée, la Mort avec sa faux et tous le tralala demande à voir M'sieur Pat
!!
-
Oui je sais, il doit l'interviewer pour faire une chronique sur elle. J'espère
qu'il aura la "côte" ! Ah ah ah ! Et ne manquez pas de savoir vivre Sonia, faites la monter et servez lui une mort subite ! Ah ah ah ! Philou doit bien avoir ça....
-Ah ah ! Je suis morte de rire ! Pfffff !
Bonjour mortels !
Un jour ou l’autre nous nous rencontrerons. Je
vous le souhaite le plus tard possible, mais c’est irrémédiable, je viendrais
vous voir au moment ou vous vous y attendrez le moins. Je viens très souvent vous visiter, voir si la santé est bonne, si vous n’avez personne de malade chez vous etc. !
Je sais que je ne fais pas bonne figure (Et pourtant, je ne crâne pas !) et que je ne suis pas très populaire, mais
personne ne veux faire mon boulot, alors il faut bien que quelqu’un s'y colle.
Depuis toutes ces années, si ce n’est depuis des siècles, j’ai engrangé multitudes
de gens en tous genres, de tous sexes, quelques soient leurs religions, leurs
couleurs, leurs conditions, leurs tailles et leurs poids, du simple mortel aux dirigeants de
différents pays, des peintres, des écrivains en passant par les artistes de tous
poils. Et dans cette dernière catégorie, certains m’ont donné du fil à
retordre. Pourtant, je me disais qu'en venant chercher les plus populaires, ma
besogne s’en trouverait plus plaisante ? Et bien j’ai eu tout faux (Si
vous me permettez ce jeu de mot. Être la mort ne m’empêche pas d’être une bonne
vivante !). J’ai eu le malheur de venir chercher des chanteurs qui m’ont
raillée de leur vivant....
Prenez Jacques Brel,
il m’a traînée dans la boue. Avec lui, je ne faisait pas de vieux os ! Dans «J’arrive» il cite ma fleur préférée et paf !
Il m’accuse de l’arracher à l’affection de sa dulcinée : «De Chrysanthèmes en chrysanthèmes, la mort potence nos
dulcinées», d'accord c'est triste mais quand c'est l'heure, c'est l'heure, et puis moi, je bosse, je ne suis pas là pour m'amuser. Dans «Fernand», il parle
d’un de ses potes morts à la guerre. Ben oui ! J’avais beaucoup de travail
dans cette époque trouble et je ne pouvais pas choisir qui mourrait et qui s’en
sortirait. Coup de chance, à la fin de la chanson, il en veut à mon collègue,
Dieu. Et puis avec «Jojo», il parle encore d'un ami que j'étais venu chercher quelques temps auparavant. Je ne me sens pas directement concerné par ce qu'il raconte, mais quand même, je sens
comme un reproche dans sa voix. Il se moquait même de moi dans «Vieillir» : «Mourir,
cela n’est rien, mourir la belle affaire ! Mais faut vieillir... Oh Vieillir». Ce gars n’a
jamais eu peur de moi, c’est bien l’un des seuls… ! Il a dit : «Je
n’ai commencé à vivre que le jour ou j’ai accepté de mourir», «Je n’ai pas peur
de la mort puisque c’est la seule certitude que j’ai».
Jacques Brel |
Mais le top du top, ça reste quand même le fumeur
de pipe, Georges Brassens. Qu’est-ce que j’ai dégusté avec lui. Et puis
arrogant avec ça ! Mais je suis sûr que c’était pour se rassurer qu’il me
narguait autant. Prenez les titres de ses chansons, «Trompe la mort», «Le
testament» ou il dit : «J’ferais la tombe buissonnière, j’quitterai la vie
à reculons !» Il se foutait de moi là ! Non ? Et la «Supplique
pour être enterré sur la plage de Sète», car en plus, il voulait décider de comment et de la
durée avec lesquelles il voulait passer de vie à trépas : «Mourrons pour
des idées, d’accord, mais de mort lente». Avec moi ce genre là, ça ne fait jamais de vieux os ! Non mais !
Et puis je suis venue chercher
une dame en noir comme moi. Barbara qu’elle s’appelait. Elle avait chanté une
chanson sur la ville de Nantes où elle venait voir son père mourant, mais moi je
ne savais pas qu’elle allait venir, j’étais déjà passée. Un autre Hurluberlu m’a
reproché quelques choses : Léo Ferré. Il n’a
pas aimé que je vienne prendre son singe. Les humains, mais aussi les animaux,
je n’y peux rien, c’est sur mon contrat d’embauche, verset 4 alinéa 1 : «Aucune
distinction de race, humaine ou animal ne sera prise en compte». Il m’en a
tellement voulu qu’il en a fait une chanson, «Pépée»,
et je crois que ce jour là, j’ai commis ma première boulette. Et en plus avec son pote Jean-Roger Caussimon, ils suggèrent "Ne chantez pas la mort", et puis pas très courtoise sa métaphore "Elle est Euthanasie, la suprême infirmière"..
Après
ça, je mes suis dit que j’allais me rabattre sur des auteurs plus jeunes. Aïe, Aïe,
Aïe, l’erreur grave que j’avais encore commise ! Le premier c’était Daniel Balavoine, un jeune homme qui allait aider
les africains pour forer des puits. Déjà il me faisait de l’ombre et de plus il
piétinait mes plates bandes à aider les proies d'un terrain de chasse idéal pour moi. Comme
deux ans auparavant il avait chanté «Partir avant
les miens», j’ai exhaussé son vœu pour mon plus grand malheur, je n’avais
plus du tout la cote auprès des gens (Remarquez, je ne l’ai jamais eue !)
et comme je ne fais pas les choses à moitié, je refais la même connerie 6 ans
plus tard avec Michel Berger et «Le paradis blanc». Après ça, j’ai eu des problèmes
avec le patron des vivants, déjà qu’à l’époque il avait ressuscité son fils.
Alors je m’en suis pris au comique, un certain Michel
Colucci dit Coluche. Et boum !
Je retombe sur une icône sur laquelle il ne fallait pas toucher et en plus un
mec qui s’appelle Renaud a fait une chanson
sur lui : «Putain de camion». La poisse quand ça vous colle, ça ne vous lâche pas ! Alors
maintenant j’ai décidé d’attendre
le moment opportun, et de ne pas prendre n’importe qui. Pourtant, quand j'en entends
certains, parfois, ça me démange de faucher tout ce beau monde la. Et je ne
donnerais pas de nom, sinon, ils se cacheraient tous pour éviter mon outil de
travail fabriqué chez Laguiole. Dans un sens, tans mieux qu’ils se cachent
pendant un certain temps, c’est mortel comme boulot et ça me fout le blues ! Tiens ? j'ai une idée, je vais voir de ce coté la, le gars qui a chanté "Cocaïne", il doit en avoir plein les narines non ? en plus en 1980 il a fait un disque qui ressemble à un paquet de gitane. Personne ne me le reprochera si je le prend pour ma collection. Pardon... ?? Comment...?? Monsieur Rockin ne serait pas d'accord ? Mais je ne le connais pas cette homme moi et il ne va pas ce mêler de mes affaires non plus !! Puisque c'est comme ça, Allez hop ! Deux pour le prix d'un, le paquet de gitane et l'autre qui a un nom de voiture, la Ford T. Tans pis si je m'en prend plein les dents. De toute façon dans l'état ou je suis, quand j'emmène un dentiste, c'est rarement pour me faire poser une couronne... mortuaire !
Et bien je vous remercie
de m’avoir reçue ! Pffff ! Il fait chaud chez vous, je suis en suaire
et j’ai soif, vous n’auriez pas une bière ?
- Au
fait, il n’y a personne de malade ou d’âgé chez vous ? Puisque je suis là,
autant en profiter pour vous débarrasser ! Peut être que je ne repartirai
pas les mains vides.
- Heu… non ! Notre doyen à
encore la forme !
- Puis-je
avoir son nom s’il vous plaît ?
- Claude Toon !
- Claude
Toon… Claude Toon heu... ??? Non je n’ai pas ça sur mes tablettes, mais j’ai
un certain Georges Moustaki, un berger Grec !
- Moustaki ? Mais il est mort
il y a deux mois !
-
Comment ça mort ? Mais je ne l'ai même pas vu passé. Ça, c’est encore un coup
de Dieu, ce n’est pas la première fois qu’il me pique mes clients.
- Merci Madame au nom de tous les lecteurs et... Adieu.
- Non
monsieur pas adieu, mais au revoir, nous nous reverrons…. un jour ou l’autre !
Trop mortel c't'article, z'y va...
RépondreSupprimerOuais ! si je continue à écrire des chroniques comme ça, je ne vais pas faire de vieux os au Déblocnot !
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