jeudi 12 septembre 2013

LA MORT !! INTERVIEW EXCLUSIVE - par Pat Slade




- M'sieur Claude, M'sieur Clauuuude ! 
- Eh bien ? Qu'est-ce qui vous panique autant ma petite Sonia ?
- A l'en... l'en..., à l'enlenlen ...
- ...z'enfant de la patriiiiie ♫ ♪ ♫ ! Ah ah ah...
- Non M'sieur Claude ! Rigolez pas, à l'entrée, la Mort avec sa faux et tous le tralala demande à voir M'sieur Pat !!
- Oui je sais, il doit l'interviewer pour faire une chronique sur elle. J'espère qu'il aura la "côte" ! Ah ah ah ! Et ne manquez pas de savoir vivre Sonia, faites la monter et servez lui une mort subite ! Ah ah ah ! Philou doit bien avoir ça....
-Ah ah ! Je suis morte de rire ! Pfffff !




Bonjour mortels !



Un jour ou l’autre nous nous rencontrerons. Je vous le souhaite le plus tard possible, mais c’est irrémédiable, je viendrais vous voir au moment ou vous vous y attendrez le moins. Je viens très souvent vous visiter, voir si la santé est bonne, si vous n’avez personne de malade chez vous etc. ! Je sais que je ne fais pas bonne figure (Et pourtant, je ne crâne pas !) et que je ne suis pas très populaire, mais personne ne veux faire mon boulot, alors il faut bien que quelqu’un s'y colle. Depuis toutes ces années, si ce n’est depuis des siècles, j’ai engrangé multitudes de gens en tous genres, de tous sexes, quelques soient leurs religions, leurs couleurs, leurs conditions, leurs tailles et leurs poids, du simple mortel aux dirigeants de différents pays, des peintres, des écrivains en passant par les artistes de tous poils. Et dans cette dernière catégorie, certains m’ont donné du fil à retordre. Pourtant, je me disais qu'en venant chercher les plus populaires, ma besogne s’en trouverait plus plaisante ? Et bien j’ai eu tout faux (Si vous me permettez ce jeu de mot. Être la mort ne m’empêche pas d’être une bonne vivante !). J’ai eu le malheur de venir chercher des chanteurs qui m’ont raillée de leur vivant....


Jacques Brel
Prenez Jacques Brel, il m’a traînée dans la boue. Avec lui, je ne  faisait pas de vieux os ! Dans «J’arrive» il cite ma fleur préférée et paf ! Il m’accuse de l’arracher à l’affection de sa dulcinée : «De Chrysanthèmes en chrysanthèmes, la mort potence nos dulcinées», d'accord c'est triste mais quand c'est l'heure, c'est l'heure, et puis moi, je bosse, je ne suis pas là pour m'amuser. Dans «Fernand», il parle d’un de ses potes morts à la guerre. Ben oui ! J’avais beaucoup de travail dans cette époque trouble et je ne pouvais pas choisir qui mourrait et qui s’en sortirait. Coup de chance, à la fin de la chanson, il en veut à mon collègue, Dieu. Et puis avec «Jojo», il parle encore d'un ami que j'étais venu chercher quelques temps auparavant. Je ne me sens pas directement concerné par ce qu'il raconte, mais quand même, je sens comme un reproche dans sa voix.  Il se moquait même de moi dans «Vieillir» : «Mourir, cela n’est rien, mourir la belle affaire ! Mais faut vieillir... Oh Vieillir». Ce gars n’a jamais eu peur de moi, c’est bien l’un des seuls… ! Il a dit : «Je n’ai commencé à vivre que le jour ou j’ai accepté de mourir», «Je n’ai pas peur de la mort puisque c’est la seule certitude que j’ai».


Mais le top du top, ça reste quand même le fumeur de pipe, Georges Brassens. Qu’est-ce que j’ai dégusté avec lui. Et puis arrogant avec ça ! Mais je suis sûr que c’était pour se rassurer qu’il me narguait autant. Prenez les titres de ses chansons, «Trompe la mort», «Le testament» ou il dit : «J’ferais la tombe buissonnière, j’quitterai la vie à reculons !» Il se foutait de moi là ! Non ? Et la «Supplique pour être enterré sur la plage de Sète», car en plus, il voulait décider de comment et de la durée avec lesquelles il voulait passer de vie à trépas : «Mourrons pour des idées, d’accord, mais de mort lente». Avec moi ce genre là, ça ne fait jamais de vieux os ! Non mais !




Et puis je suis venue chercher une dame en noir comme moi. Barbara qu’elle s’appelait. Elle avait chanté une chanson sur la ville de Nantes où elle venait voir son père mourant, mais moi je ne savais pas qu’elle allait venir, j’étais déjà passée. Un autre Hurluberlu m’a reproché quelques choses : Léo Ferré. Il n’a pas aimé que je vienne prendre son singe. Les humains, mais aussi les animaux, je n’y peux rien, c’est sur mon contrat d’embauche, verset 4 alinéa 1 : «Aucune distinction de race, humaine ou animal ne sera prise en compte». Il m’en a tellement voulu qu’il en a fait une chanson, «Pépée», et je crois que ce jour là, j’ai commis ma première boulette. Et en plus avec son pote Jean-Roger Caussimon, ils suggèrent "Ne chantez pas la mort", et puis pas très courtoise sa métaphore "Elle est Euthanasie, la suprême infirmière"..


Après ça, je mes suis dit que j’allais me rabattre sur des auteurs plus jeunes. Aïe, Aïe, Aïe, l’erreur grave que j’avais encore commise ! Le premier c’était Daniel Balavoine, un jeune homme qui allait aider les africains pour forer des puits. Déjà il me faisait de l’ombre et de plus il piétinait mes plates bandes à aider les proies d'un terrain de chasse idéal pour moi. Comme deux ans auparavant il avait chanté «Partir avant les miens», j’ai exhaussé son vœu pour mon plus grand malheur, je n’avais plus du tout la cote auprès des gens (Remarquez, je ne l’ai jamais eue !) et comme je ne fais pas les choses à moitié, je refais la même connerie 6 ans plus tard avec Michel Berger et «Le paradis blanc». Après ça, j’ai eu des problèmes avec le patron des vivants, déjà qu’à l’époque il avait ressuscité son fils. Alors je m’en suis pris au comique, un certain Michel Colucci dit Coluche. Et boum ! Je retombe sur une icône sur laquelle il ne fallait pas toucher et en plus un mec qui s’appelle Renaud a fait une chanson sur lui : «Putain de camion». La poisse quand ça vous colle, ça ne vous lâche pas ! Alors
maintenant j’ai décidé d’attendre le moment opportun, et de ne pas prendre n’importe qui. Pourtant, quand j'en entends certains, parfois, ça me démange de faucher tout ce beau monde la. Et je ne donnerais pas de nom, sinon, ils se cacheraient tous pour éviter mon outil de travail fabriqué chez Laguiole. Dans un sens, tans mieux qu’ils se cachent pendant un certain temps, c’est mortel comme boulot et ça me fout le blues ! Tiens ? j'ai une idée, je vais voir de ce coté la, le gars qui a chanté "Cocaïne", il doit en avoir plein les narines non ? en plus en 1980 il a fait un disque qui ressemble à un paquet de gitane. Personne ne me le reprochera si je le prend pour ma collection. Pardon... ?? Comment...?? Monsieur Rockin ne serait pas d'accord ? Mais je ne le connais pas cette homme moi et il ne va pas ce mêler de mes affaires non plus !! Puisque c'est comme ça, Allez hop ! Deux pour le prix d'un, le paquet de gitane et l'autre qui a un nom de voiture, la Ford T. Tans pis si je m'en prend plein les dents. De toute façon dans l'état ou je suis, quand j'emmène un dentiste, c'est rarement pour me faire poser une couronne... mortuaire ! 

Et bien je vous remercie de m’avoir reçue ! Pffff ! Il fait chaud chez vous, je suis en suaire et j’ai soif, vous n’auriez pas une bière ?

- Au fait, il n’y a personne de malade ou d’âgé chez vous ? Puisque je suis là, autant en profiter pour vous débarrasser ! Peut être que je ne repartirai pas les mains vides.
- Heu… non ! Notre doyen à encore la forme !
- Puis-je avoir son nom s’il vous plaît ?
- Claude Toon !
- Claude Toon… Claude Toon heu... ??? Non je n’ai pas ça sur mes tablettes, mais j’ai un certain Georges Moustaki, un berger Grec !
- Moustaki ? Mais il est mort il y a deux mois !
- Comment ça mort ? Mais je ne l'ai même pas vu passé. Ça, c’est encore un coup de Dieu, ce n’est pas la première fois qu’il me pique mes clients.
- Merci Madame au nom de tous les lecteurs et... Adieu.
- Non monsieur pas adieu, mais au revoir, nous nous reverrons…. un jour ou l’autre !

2 commentaires:

  1. Trop mortel c't'article, z'y va...

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  2. Ouais ! si je continue à écrire des chroniques comme ça, je ne vais pas faire de vieux os au Déblocnot !

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