samedi 3 août 2013

Récital CHOPIN par Nelson Freire - proposé par Claude Toon



Vous savez à quoi on reconnait un génie en musique classique ? C'est simple : il ne fait rien comme les autres, se fiche totalement des règles et de l'académisme, et parvient pourtant à la postérité, en laissant les copains assidus des conservatoires sombrer dans l'oubli... Le scherzo est l'héritier du menuet, le petit morceau symétrique avec un trio central. Un morceau souvent un peu fade que les compositeurs de l'âge classique casent dans leurs symphonies pour reposer l'auditeur, en général entre le mouvement lent et le final… Mais pour Frédéric Chopin, écrire un scherzo de 4 minutes en recopiant sérieusement da capo le début … heuuu non, ça ne le fait pas. Le pianiste compositeur va transcender le genre (expression consacrée). Il va en écrire quatre, et défier tous les virtuoses de la planète, avec des pièces à vous dégoûter d'essayer d'apprendre le piano.
Commençons par le début, le Scherzo N°1 de 1831. Le jeune homme de 21 ans écrit alors l'une des pièces les plus folles de tout le répertoire pianistique. La noire à 360 pour débuter, 1100 mesures en 8 minutes et un chouia. C'est diabolique, mais au-delà de la virtuosité démente exigée, nous entrons dans une danse tragique et démoniaque qui n'a pas d'équivalent dans cette forme. On ne sait pas trop qui a surnommé ce scherzo le "Banquet Infernal", ce qui ne plaisait guère à Chopin, mais il y a un peu de cela… Le début et la conclusion déchainent les éléments, le trio se fait plus secret… Avec un tempo vif (il peut tout se permettre ce pianiste brésilien), Nelson Freire nous met les doigts dans la prise !!

Le Scherzo N°2 date de 1838. Il a été composé à Paris et est très différent. Il est plus romantique avec ses triolets interrogatifs et malicieux qui signent les premières mesures. Il y a un côté faustien dans le Scherzo N°1, par contre, ici, Chopin fait briller le piano de mille feux. Il y a des accents de ballades dans le flot musical… Ah oui, les Ballades (clic).



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- Oh M'sieur Claude, j'ai la tête qui tourne et des crampes dans les doigts… Ce pianiste doit pouvoir tricoter un pull en dix minutes…
- Vous avez d'ces idées Sonia, mais je ne connais pas les hobbies de Nelson Freire. Pour vous détendre, nous allons écouter quelques nocturnes, des pièces douces et intimes…
- La nuit s'y prête M'sieur Claude…

Je ne reviens pas sur la carrière de Nelson Freire, pianiste brésilien qui avait marqué l'année du 150ème anniversaire de la naissance de Debussy avec le cahier I des préludes chroniqué dans le blog. (clic).
Le nocturne est une forme de composition prisée des pianistes de l'époque romantique. Cette forme est assez stricte : un mouvement lent de quelques minutes avec un passage un peu plus allant dans sa partie centrale. Andante, Adagio, des tempos rêveurs qui sont sans aucun doute à l'origine du terme nocturne.
Le plus beau patrimoine de Nocturnes est attribué à Chopin, une fois de plus (mais n'oublions pas Gabriel Fauré). Il en a composé tout le long de son existence, un total de 21. Ils sont plus ou moins célèbres. Pour cette seconde partie du concert, j'en ai choisi 4. Le premier de 1833 est l'un des plus connus avec sa sensualité diaphane, ses premières mesures cristallines, une petite brise d'été sous les étoiles. Bien entendu, c'est toujours Nelson Freire qui est au clavier :

Certains nocturnes ont été édités de manière posthume. C'est le cas du nocturne N° 20 publié en 1870 et qui pourtant a été écrit dans la prime jeunesse de Chopin, en 1830. Il est également très connu, ne serait-ce que par les films et la publicité. C'est la musique d'un jeune homme émotif, une mélodie pleine de tendresse…

Le 3ème nocturne de 1833 (il fait partie du même recueil que le N°1) se veut plus facétieux. On imagine quelques galanteries dans les bosquets sous un clair de lune bienveillant…

Le nocturne N°5 de 1837 débute dans une atmosphère presque festive et dansante. Ce n'est pas une valse, un slow du XIXème siècle peut-être.
- Un slow en 1837 M'sieur Claude… et c'est à moi que l'on prête des drôles d'idées….
- Et oui ma petite Sonia, tiens à propos de Slow… ça vous dirais de… hummmm
- Ohhh M'sieur Claude, si M'sieur Luc apprend cela…



~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~  Clap Clap Clap Clap  ~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

Et en bis, la Barcarolle de Chopin par Nelson Freire en live…

1 commentaire:

  1. Dans le style "crampe dans les doigts", Chopin et l'impromptu opus 66 n'est pas mal non plus.

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