dimanche 4 août 2013

CHEZ CES GENS LA ... par Pat Slade





La famille selon Jacques Brel



La famille ! Vaste sujet. Elle a souvent été source d'inspiration dans la littérature, que ce soit avec Émile Zola et les Rougon-Macquarts et plus près de nous «Des grives au loups» de Claude Michelet, sans parler des familles infâmes peintes au vitriol par la plume de Mauriac. Le cinéma n’est pas en reste, la famille se taillera de beaux morceaux de toile dans les salles obscures, allant de la comédie en passant par le drame le plus sombre, avec pour exemple de satires «La vie est un long fleuve tranquille», «La famille Adams» et inversement, le mélodrame signé Marcel Pagnol comme «Le château de ma mère», pour finir par «La dynastie des Forsyte» (Avec Errol Flynn) et «Ran» de Kurosawa, inspiré du roi Lear de William Shakespeare

Mais je m’éloigne de ce qui a fait ma gloire (N’ayons pas peur des mots et passons nous un peu de pommade) au Déblocnot, c'est-à-dire la chanson française. Le grand Jacques Brel (Oui !! Il aura sa chronique !! C’est promis !!). Il a si bien décrit "la famille" dans sa chanson «Ces gens la». Même si cette chanson parle d’un amour impossible entre le narrateur et la fille de la maison, il dissèque chaque membre de ladite famille sans ménagement. 

Qui sont-ils ? Une famille de paysans ? De petite gens sans le sou ? Des gens médiocres qui restent dans leurs univers, en vase clos ? Peut être un mélange de tous. Chaque personnage a une histoire propre. Entre le poivrot qui ne travaille apparemment pas, qui se pinte la tronche au gros rouge qui tache, et que l’on retrouve «Raide comme une saillie», autrement dit ivre mort dans l’église... Donc chez "ces gens" là conclut le narrateur, on ne pense pas, on prie. Arrive un autre, avec des carottes dans les cheveux, (un rouquin qui ne se peigne pas ??), "méchant comme une teigne", qui se donne un air qu’il n’a pas, qui veut jouer les riches et qui n’a pas une tune, donc qui flatule plus haut qu’il a l’anus pour ne pas être vulgaire. Chez ces gens la, on ne vie pas, on triche. 

La moustache du père...
Ensuite, le reste de la fratrie : la mère qui ne dit rien et qui ne sert qu’à faire la cuisine, le ménage et la lessive (Encore une qui n’a pas connu le M.L.F), le père mort dans des circonstances bizarre. Une glissade ? On se demande sur quoi il a bien pu glisser ? Une bouse fraîche ? Une plaque de verglas ? Et sa photo qui trône au milieu de la salle à manger dans son cadre
en bois d'où il regarde le reste du troupeau "bouffer la soupe froide" avec des bruits peu ragoûtants. La grand-mère (La vieille) atteinte de Parkinson qui détient tous l’argent et les autres qui ne sont que des vautours qui attendent de la mettre dans le trou pour hériter de ses biens. 

Et puis la fille de cette étrange famille, Frida. Le narrateur la porte dans son cœur et cet amour est réciproque. ils s’inventent une vie propre a eux, ils voudraient se marier, mais «les autres veulent pas» le trouvant indigne pour leur fille. Ils inventent de futiles prétextes, soit disant qu’il est juste bon à égorger des chats, lui s’en défend, mais y a peut être du vrai puisque qu’il ne s’en rappelle pas. En fin de compte, cette famille est une prison d'où l’on ne s’évade pas. Mais le narrateur se rend compte que ce ne sont que des promesses en l’air avec Frida et rentre chez lui résigné.


Cette chanson au rythme lent et répétitif, sera enregistrée en 1965. Selon l’accordéoniste de Jacques Brel, le chanteur se serait inspiré d’une famille réelle. Un des grands titres du grand Jacques qui sera repris par beaucoup, et même de son vivant, comme le groupe Ange dont j’avais parlé dans une chronique en août 2012 et qui le jouera sur son album «Le cimetière des arlequins». Ils ne joueront que trois couplets, le quatrième sur Frida sera un solo de guitare de Jean Michel Brezovar, avec une parenthèse écrite sur la pochette «A Jacques Brel, nous n’avons pas osé te prendre Frida». 

D’autres ont fait de belles reprises, comme Bertrand Cantat et Noir désir. Pour le reste, je n’en parlerai pas. On trouve en vrac, un ancien gagnant d’une télé réalité où il fallait trouver de nouvelles étoiles coûte que coûte, un chanteur français qui vit en Patagonie et dont les initiales sont F.P, et une chanteuse Belge qui était bonne du curé à une époque et qui renomme Frida par Julien (Ben oui ! c’est une femme qui chante). 

Pour finir, le clip de «Ces gens la» en 1966. Quelqu’un a dit : «Qui n’a pas vu Brel sur scène ne sait pas ce qu’est la présence». A vous d’en juger..

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