- Oh Oh M'sieur Claude, un programme Wagner aujourd'hui. C'est vrai que
      c'est le bicentenaire, vous avez mis la chevauchée des vaches qui rient ?
      hihihihi…
  - Tss Tss Sonia, elle est usée cette blague, laissez-la à Luc ou Rockin'…
      Mais oui, j'ai prévu la Chevauchée des Walkyries, un morceau de 2 minutes
      d'ailleurs…
  - C'est un double album, vous avez une ligne directrice dans votre
      sélection…
  - J'aime mieux cette formulation mon petit ! Oui, j'ai sélectionné les
      ouvertures des opéras parmi les plus célèbres et je termine sur le
      charmant Siegfried Idyll écrit pour la naissance de son fils, une aubade
      pour petit ensemble, un cadeau pour Cosima, la maman…
  - Joli cadeau, je n'imaginais pas Wagner fleur bleue… Bon j'écoute tout
      cela...
  Sonia suit l'affaire de près !
    Wagner
    aurait bien 200 ans cette année. Aller savoir ? C'est peut-être comme dans
    X-Files, à l'instar d'Elvis, il
    est peut-être encore en vie ! Blague à part, j'avais consacré une sacrée
    (cette figure de style, j'voulais pas la louper, désolé) chronique à
    Wagner
    chanté par
    Jonas Kaufmann
    en mars. Ceux qui avaient zappé ce chef-d'œuvre du blog y trouveront une bio
    détaillée du compositeur haut en couleurs (clic).
    Wagner, on a presque autant écrit sur le bonhomme que sur le Christ parait-il !
    Ça sent la légende urbaine. Petit résumé :
  Wagner
    est le personnage de toutes les contradictions. Il passera la moitié de sa
    vie en exil. La première fois pour avoir joué les révolutionnaires sur les
    barricades de Dresde ;
    l'Allemagne prussienne n'aime pas les anarchistes. Premier séjour
     à
    Zurich. Retour en Allemagne où
    notre
    Wagner
    ne trouve rien de mieux que d'emballer la femme de
    Hans von Bülow, le chef qui dirige ses opéras ; la prude Allemagne n'aime pas les
    coureurs de jupons option adultère. Nouvel exil à
    Lucerne (un peu de changement)
    avec la belle Cosima qu'il
    pourra épouser après la tempête médiatique. Elle lui donnera un fils :
    Siegfried. Collection
    Harlequin, tout un monde d'évasion…
  Et je ne reviens par sur la construction du TEMPLE de
    Bayreuth dédié à l'usage
    exclusif du maître et financé par
    Louis II de Bavière, un
    monarque infantile, déjanté mais richissime, amoureux de la musique de
    Wagner… Place à la musique justement :
  Pour commencer le programme, l'ouverture de
    Tannhäuser. Une de ces histoires moyenâgeuses dont raffolait
    Wagner. Tannhäuser vit prisonnier au
    Vénusberg (un lieu de volupté permanente, tu te rends compte Rockin').
    Tannhäuser rencontre
    Elisabeth de noble extraction…
    Elle essaye de sauver l'âme de
    Tannhäuser en l'empêchant de
    retourner dans ce lieu de bacchanales et de perdition. Tous les deux en
    mourront… forcément ! On écoute l'ouverture luxuriante avec la marche des
    pèlerins épicée des déchaînements orgiaques du
    Vénusberg :
  
  C'est à Zurich que
    Lohengrin
    sera composé, et la création aura lieu à distance en
    1850 grâce à
    Franz Liszt. Encore une histoire du temps jadis (Xème siècle)… C'est une
    affaire compliquée, avec un preux chevalier,
    Lohengrin, qui débarque par
    miracle sur une nef tiré par un cygne (non Philou, je n'ai rien bu) au secours de la douce
    Elsa qui, accusée d'avoir un
    amant, doit subir le "jugement de Dieu". Le
    Graal a une place importante…
    etc. L'ouverture de l'acte I, avec ses longues phrases célestes aux violons,
    est l'une des plus belles pages écrites par
    Wagner…
  La chevauchée des Walkyries
    : les douze cavalières reviennent joyeuses de la bataille avec leurs
    trophées, des bras et jambes humains, quelques têtes. Une grande féminité
    ces nanas. C'est plus un opéra, c'est Verdun…
  ~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~  ENTRACTE  ~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
  Profitons de l'entracte pour prendre une petite coupe de champagne au bar
    (Merci Sonia heuu… non pas de canapé salé, sucré plutôt, c'est
        gentil…) et parler du
    Philharmonia
    et d'Otto
    Klemperer. L'orchestre et le chef ont déjà fait la une de plusieurs chroniques
    consacrées aux enregistrements mahlériens (clic) et au
    Songe d'une nuit d'été
    de
    Mendelssohn
    (clic).
  En 1945,
    Walter Legge (mari de la grande
    Elizabeth Schwarzkopf) pressent l'arrivée du microsillon. Producteur de EMI, Il fonde le
    Philharmonia, un orchestre de studio de qualité qui va renouveler le répertoire
    classique sur ce nouveau support à la capacité multipliée par 6 pour une
    face ! Il fait appel au plus grands :
    Furtwängler,
    Karajan
    et plus tard pour près de 15 ans,
    Otto Klemperer
    revenu d'entre les morts. Le grand gaillard au visage d'airain, haut de deux
    mètres, sarcastique et autoritaire est hémiplégique depuis son séjour aux
    USA (Klemperer, juif, avait fuit le nazisme). Il survit entre deux crises cardiaques à
    coup d'injections de
    Mozart,
    Beethoven et
    Mahler lors de concerts où, assis, il dirige d'un bras… Il dirigera ainsi jusqu'à
    88 ans, en 1973. De
    Bach à
    R. Strauss, le vieux maestro va réenregistrer les grands tubes symphoniques ou opéras
    de l'âge classique et romantique.
  
  Au début des années 60,
    Klemperer
    grave 3 vinyles des grandes pages symphoniques de
    Wagner. Les soucis de clarté dans la mise en place orchestrale, et une
    compréhension aigüe de l'univers du compositeur, font miracle dans ce
    répertoire. Une anthologie exemplaire qui n'a jamais quitté le catalogue,
    rééditée, numérisée, remasterisée… Inutile de préciser que tous les morceaux
    de ce e-concert sont extraits de ce double album indispensable, surtout pour
    s'initier à
    Wagner.
  Tristan et Isolde
        : Klemperer
    a enregistré sans interruption l'ouverture et la musique accompagnant la
    mort d'Isolde. 15 minutes d'un
    poème dramatique où tous les thèmes de cette histoire d'amants maudits
    s'entrecroisent… Encore un conte cruel du moyen-Âge. Isolde fait
    absorber un philtre mortel à Tristan qui a tué son fiancé. Magie ! Il aurait du en mourir, il tombe en fait follement amoureux de
    Isolde. Tristan devait amener la jeune femme auprès de son
    roi pour épousailles. Une
    trahison qui les conduira au trépas, eux aussi, forcément... L'ouverture
    alterne les thèmes évoquant la violence du récit, l'immensité de la mer qui
    sert de décor à la tragédie, le souffle épique. Dans les dernières mesures,
    Klemperer
    fait haleter l'orchestre en écho aux derniers soupirs d'Isolde
    agonisante sur le corps de Tristan… Attention… chef d'œuvre !
  Et pour finir sur une note plus sereine, le cadeau à
    Cosima. Le joli
    Siegfried Idyll
    dans la version originale pour une douzaine d'instruments.
  
NOTA
2020 : le lien Deezer de 2013 ne fonctionne plus. Je le remplace par une vidéo
Youtube proposant une belle sélection d'ouvertures évoquées dans ce papier (pas
d'extraits du Ring) : 
1.
(00:00) "Der Fliegende Hollander" (Vaisseau fantôme) :
Ouverture 
2.
(10:47) "Tannhauser" : Ouverture 
3.
(25:40) "Tristan et Isolde : Prélude et mort d'Isolde 
4.
(41:32) "Parsifal" : Prélude Acte 1 
5.
(54:38) "Rienzi" : Ouverture 
6.
(1:06:06) "Lohengrin" : Prélude Acte 1 
7.
(1:15:59) "Lohengrin" : Prélude Acte 3 
8.
(1:18:59) "Les maîtres chanteurs de Nuremberg" : Prélude acte 1 
  ~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~  Clap Clap Clap Clap  ~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

pour le coffret Klemperer
 


 

 
 
 

l'ouverture de Tannhäuser et celle de Lohengrin (Que l'ont peut entendre dans le dictateur de Chaplin. La scène ou il joue avec une mappemonde en baudruche). J'aime aussi ce que Klemperer a enregistré en 1960 chez EMI, toujours Wagner avec les ouvertures de Rienzi et du vaisseau fantôme
RépondreSupprimerOuvertures... Que l'on trouve dans ce coffret bien évidemment...
RépondreSupprimerIl existe aussi un double album de la collection "Century" ; toujours chez EMI sans les poèmes symphoniques de Strauss qui valent cela dit le détour...
On trouve "Lohengrin" en vinyle dirigé par Klemperer ?
RépondreSupprimerMagnifique et passionnante chronique....merci.
J'ignore si Klemperer nous a laissés une gravure de Lohengrin en entier à l'époque Philharmonia et EMI, je ne pense pas... Tannhauser, oui et c'est une référence comme sa flûte enchantée de Mozart.
RépondreSupprimerOn trouve les albums des ouvertures et extraits divers en vinyle sur le marché de l'occasion... Chers, et de mémoire : les pressages français n'étaient pas terribles...
Pour Lohengrin, deux enregistrements marquants : Rudolf Kempe et Rafael Kubelik...
Merci Claude
RépondreSupprimerJe me mets en recherche...