jeudi 20 juin 2013

WILLIAM SHELLER - "Un homme heureux" - par Pat Slade





Un demi-Américain à Paris



Un homme qui se veut discret, un homme qui n’apparait que rarement sur le petit écran. Pourtant cet homme est un génie dans son domaine. Né dans le XVIIe arrondissement de Paris en juillet 1946, il est un pur produit de la libération, son père est un soldat yankee débarqué en France qui rencontrera une jeune bourguignonne au sortir de la guerre. Ses parents le prénommèrent «William» car l’enfant avait, parait-il... la tête en forme de poire. 

Il a trois ans quand la famille s’embarque pour les États-Unis et s’installe dans l’Ohio plus exactement. Son père joue de la contrebasse et sa mère est passionnée de jazz, le couple fréquente le gratin des musiciens. C’est ainsi que des grands noms comme Oscar Peterson et Kenny Clarke viennent de temps à autre faire le bœuf à domicile. Le jeune William gardera longtemps une aversion envers ce genre musical. Quatre ans plus tard, c’est le retour en France, il retrouve ses grands-parents maternels qui œuvrent dans le monde du spectacle. Son grand-père est décorateur à l’opéra de Paris et sa grand-mère, ouvreuse au théâtre des Champs-Elysées. Il baigne très tôt dans l’ambiance du monde du spectacle et hantera les coulisses. Ce sera sa première approche de la scène.


A 12 ans, il commence l’apprentissage du piano, il veut être Beethoven ou rien ! Ce n’est que plus tard que Mozart et Stravinsky auront plus de grâce à ses yeux. A 15 ans, il abandonne l’école pour se consacrer à sa passion, la musique, et à son instrument de prédilection, le piano. Il apprend la composition, l’harmonie et le contrepoint sous l’égide d’Yves Margat qui fut élève de Gabriel Fauré. Sa carrière parait toute tracée si ce n’était sans compter un coup de pouce du destin.



De Mozart au Beatles



Le destin, quand il vient frapper a votre porte, il change souvent votre vision des choses, voir votre vie future et celui de William Sheller ne dérogera pas à la règle. En effet, un jour que son piano avait des problèmes de santé, Il fut obliger de se rendre chez une copine pianiste pour faire ses gammes. Il découvre chez elle un album de quatre garçons chevelus et dans le vent. «Help !» fut comme une révélation, il va plaquer ses études classiques pour se consacrer à une musique plus moderne et plus actuelle. Ce sera l’époque ou il formera un duo «William & Luce»  avec une amie, dans le genre Sonny & Cher. Ensuite il rejoindra un groupe du nom de «The worst» (Les "pires" en v.f). Un deuxième duo avec Laurence Bernard (?). «Laurence et William», ils signent un contrat chez CBS. William commence à écrire ses premières chansons. Mais toutes ses expériences ne fonctionnent pas. Il décide de se lancer en solo et choisit comme pseudo «Sheller», un compromis entre l’auteur allemand Schiller et le poète anglais Shelley. 1968, époque troublée et troublante ; il compose la musique du hit d’un groupe de jeunes américains «Les Irrésistibles» : «My Year is a day» 


Sheller en 1968
Pour la petite histoire, le scopitone (on ne disait pas clip à l’époque) a été tourné sur l’autodrome de Linas-Monthléry (à 5 km de chez moi). Endroit où étaient courues à l'époque les plus grande course automobiles. Il sort la même année son premier 45 Tours : «Couleurs» et «Les 4 saisons». Les paroles sont de Gérard Manset. L’année suivante, il sort son deuxième 45 Tours : «Adieu Kathy» et «Leslie Simone» et cosigne la BO du film «Erotissimo» de Gérard Pirès avec Michel Polnareff. Dans les années 70, il fera surtout des arrangements et de l’orchestration pour divers chanteurs comme Philippe Chatel ou Jean jacques Debout. En 1973, la qualité de son travail arrive aux oreilles de Barbara. La chanteuse le veut comme arrangeur sur son album «La louve» où l’on trouve le morceau «Marienbad». Une forte amitié ce nouera entre William et la dame brune qu’il surnomme affectueusement «Duchesse».



Rock’n’Dollars



1975 : premier album, un essai qui sera transformé, une réussite avec le single «Rock’n’dollars» qui va lui ouvrir les portes des médias. L’année suivante il fera succès avec l’album «Dans un vieux Rock’n’roll», incluant «Le carnet à spiral» et la chanson titre de l’album. Cependant, le titre «Saint-Exupéry Airway»   sera retiré de la vente, suite à un  procès avec les héritiers de l’écrivain.

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En 1977, nouveau succès avec le titre «Symphoman» tiré de l’album du même nom. L’année suivante, il décide de ralentir le rythme à un album par an. Il prend du recul sur les médias. Il est moins présent dans les magazines et les émissions de variété genre Guy Lux. Il sort quand même deux singles dont un qui comporte le titre «Fier et fou de vous». Il compose «Le violon aire français», un concerto interprété par Catherine Lara. Il fait désormais partie avec Cabrel, Jonasz et Souchon de la nouvelle génération de la chanson française. En 1980,  Il compose la B.O du film de Jean Marie Poiré «Retour en force» et le générique du journal de 20h00 de TF1. L’année d’après, il fait sa première scène parisienne à Bobino avant d’entamer une tournée sur le territoire. 1982, premier Olympia et pendant les huit années suivante, ce ne sera que compositions, succès et tournées. 1990 sera une année charnière dans sa carrière, la chanson «Excalibur» fait l’objet d’un très beau clip réalisé par le dessinateur Philippe Druillet. Il se produira pendant deux semaines sur la scène du palais des congrès avec un orchestre de 70 musiciens. 1991 sera l’année de tous les succès avec l’album «Sheller en solitaire». Un album live réalisé en studio, uniquement piano-voix qui reste à ce jour sa meilleure vente.
La chanson «Un homme heureux»  remporte tous les suffrages auprès des critiques comme auprès du public. Il remporte deux victoires de la musique : meilleure chanson et meilleur album ainsi que l’oscar de la chanson française. Il devient maître de stage au conservatoire de Bourgoin-Jallieu au département «Musiques actuelles». Pendant les années suivantes, il continuera à sortir des albums, à composer pour les autres, à écrire des bandes originales et à écrire des musiques plus classiques comme un «Concerto pour trompette», une symphonie dite «Alternative» crée par l’Orchestre des Concerts Lamoureux sous la direction du chef japonais Yutaka Sado à la salle Pleyel, un aria «L’Aria Dax» sifflé par la comédienne Micheline Dax pendant un de ses concerts. En 2000, il reçoit le prix Charles Cros pour l’album «Les machines absurdes».




 Et maintenant ??



Même si il se fait plus rare au niveau de ses publications par rapport aux années précédente, il continue à composer et à faire des tournées avec sa formule piano-voix, depuis 2001, il a publié 2 albums studio, 3 albums live, 3 compilations et trois albums d’œuvres instrumentales. William Sheller, un homme orchestre incontournable.

XXX

3 commentaires:

  1. J'aime le chanteur Sheller mais j'adore le compositeur. Vous êtes un grand Monsieur William Hand :-)

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  2. Et pourtant c'est pas ma tasse de bière... Mais c'est un talentueux personnage de la musique française.

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  3. William Sheller a bien fait de s'émanciper des critiques un peu froides et gênantes suite à son premier tube "Rock'n'roll Dollars" et d'écouter le grand conseil de Barbara.

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