Comment
un song-writer en vient-il à monter un groupe récréatif
et, pour le coup, à réaliser un superbe et inoxydable
album sans faute de goût ?
Neal
Casal (né le 2 novembre 1968 à Denville, New-Jersey)
est un authentique artiste et musicien, de ceux qui, très tôt
savent qu'ils vivront pour et par la musique. De ceux qui n'ont pas
d'autres aspirations que d'être sur scène et de composer
(et donc à des années-lumière de la majorité
des assoiffés de gloire et de notoriété qui sont
les jouets des vampires de la télé-réalité).
Ses premiers amours musicaux sont les Rolling Stones (sa révélation), Led Zeppelin, Kinks, AC/DC, Allman Brothers Band, Cream, mais lorsqu'il débute une carrière professionnelle vers la fin des années 80, mais lorsqu'il débute une carrière professionnelle vers la fin des années 80, ses compositions reflètent plutôt un country-rock laid-back.
Aucunement
sectaire, il rejoint Blackfoot en 1988 pour une nouvelle mouture du
groupe de Rickey Medlocke où ce dernier est le seul membre
d'origine. Neal y reste pendant quatre ans, pendant lesquels il
participe à l'album « Medecine Man » en
1990.
En
1992, il reprend à plein temps sa carrière solo. A
partir de 1995, ses disques se succèdent annuellement sans
jamais parvenir à atteindre un large public, sa musique étant
apparemment réservée à une poignée de
mélomanes avertis. Pourtant, il faudrait être sourd pour
ne pas reconnaître son talent, et comment ne pas succomber au
magnifique « Anytime Tomorrow » de 2000 (alors
son oeuvre la plus accessible, flirtant avec la pop des plus grands), ou au superbe, et plus introspectif, "Fade Away Diamond Time".
Il faut dire aussi que Neal n'a aucun plan de carrière.
Indifféremment, il joue en solo, parfois en acoustique, ou
accompagne des musiciens, sa seule priorité étant de
jouer de la musique sans jamais se compromettre, ou faire des
concessions qui seraient à l'encontre de ses affinités,
de sa sensibilité. Lorsqu'il offre ses services, son critère
de sélection est de respecter tant le musicien que l'être
humain auquel il doit se joindre. Neal travaille dans cet esprit -
très en vogue dans les 60's et qui s'est délité
progressivement dans les 70's jusqu'à n'être plus qu'une
denrée rare, parfois considéré comme désuet
les décennies suivantes – et fait partie de ceux qui
souhaitent que la musique soit avant tout une communion. Pour lui,
jouer avec d'autres musiciens est synonyme d'enrichissement et
d'ouverture d'esprit. Ainsi, il mènera sa carrière au gré
des rencontres.
Les
débuts de Hazy Malaze ne dérogent pas à cette
règle. C'est un produit du hasard.
Lorsqu'en 2002 Neal part accompagner en tournée la chanteuse Shannon McNally,
ils font plus ample connaissance avec les deux autres musiciens.
Le
batteur, Dan Fadel, qui connait Neal depuis qu'il lui donna un coup
de main pour ses premières démos en 1990, et que l'on
retrouve sur son disque « Basement Dreams » de
99.
Le
bassiste, Jeff Hill, qui a déjà côtoyé
Neal lors de diverses sessions d'enregistrement pour d'autres
artistes. (il s'est d'abord distingué avec des artistes de
Jazz, puis Rufus Wainwright, et joua aussi avec, entre autres, Joan
Baez, Rich Robinson, Robert Randolph).
Entre les concerts, ils tapent le bœuf et découvrent que question musique, ils ont pas mal de points communs. Au fil de discussions précédentes, ils découvrent qu'ils connaissent, et aiment, les mêmes disques des 70's. D'où un terrain d'entente adéquat.
Devenus
potes, ils se retrouvent désormais juste pour le simple et
sain plaisir de jouer ensemble, sans pression, sans souci de savoir
si c'est bon ou pas, juste pour l'éclate. Presque dans un
esprit juvénile, bon enfant, le tout dans un style fondé
sur leurs premiers amours musicaux.
Et
puis un jour, tous trois partent en tournée pour rendre
service à un ami commun dont ils font sa première
partie. Enthousiasmé par la réponse favorable du
public, le trio enchaîne sur l'enregistrement d'un disque ;
alors bien rodé, il n'a besoin que de onze jours pour le
réaliser, mixage compris.
Hazy
Malaze présente un Rock'n'Roll organique, épuré,
jubilatoire, fleurant bon la Soul, le Rhythm'n'Blues et le Funk et
allant à l'essentiel. Le groove y est marqué et affirmé
; d'où l'importance de la basse et de la batterie, mises en
avant, sans être pour autant envahissantes. ça pulse !
Un bassiste entre la rigueur du groove de Donald « Duck »
Dunn, et des envolées contrôlées de John Paul
Jones, adepte également du son velouté mais affirmé
de la Jazz bass Fender. Et un batteur entre le flegme feint - cachant
une technicité sûre - d'un Charlie Watts, la frappe d'un
Bun E. Carlos, et la maîtrise d'un Frank Beard.
L'alchimie donne donc un Rock issu des Rolling Stones, des Faces, des Small Faces, avec un petit quelque chose de Free, pas dans le style, mais plutôt au niveau de la mise en place des instruments. Il y a de l'espace, de la respiration entre les notes et les instruments. Les notes sont détachées, les instruments bien dissociés les uns des autres, sans qu'aucun ne se fasse de l'ombre. La guitare, dans sa façon de plaquer les accords, de laisser résonner les notes, avec des soli concis, rappelle la technique de Paul Kossof. Tout comme lui, la guitare offre une saturation chaude, crunchy, et s'octroie l'utilisation parcimonieuse d'une wah-wah.
Un Rock millésimé (et revendiqué) années 70, puisant donc dans le genre des groupes sus-nommés, et portant la marque indélébile, considérable et magistrale du Rhythm' n' Blues des 60's, de la Soul de Stax, du Funk des Meters, et un soupçon de Lenny Kravitz.
Très peu d'accompagnement complémentaire, outre un peu d'orgue Hammond B3, ou du Wurlizter, des cuivres sur le bien nommé « I got a Feeling », de la pedal-steel de Robert Randolph sur « Bakwards Barrell », et de temps à autre, des traits gras d'harmonica de Neal.
Aux
dires de Neal, il voulait revenir à une musique où l'on
pouvait faire du boucan sur scène (comme à l'époque
où il assurait la rythmique au sein de Blackfoot). Plutôt
réducteur de sa part (une certaine modestie ?), pour ces
titres de Rock-Funk / Soul-rock qui, même si la recherche de la
spontanéité est évidente, n'en restent pas moins
gorgés d'un feeling rafraîchissant et revigorant.
Une
musique intemporelle. D'ailleurs, il n'y a pas de date sur le CD
(dont la présentation imite celle d'une pochette passablement érodée
de vinyl – une revendication ou une nostalgie affichée -).
Est-ce volontaire afin d'éviter de l'associer à telle
ou telle mouvance de l'année d'édition ?
P.S. : la production est assurée, en partenariat avec le groupe, par Eric Sarafin, qui s'est illustré avec Ben Harper (notamment sur "Burn to Shine", "Fight for your mind", "The will to live")
P.S. : la production est assurée, en partenariat avec le groupe, par Eric Sarafin, qui s'est illustré avec Ben Harper (notamment sur "Burn to Shine", "Fight for your mind", "The will to live")
- Satisfy The Jones
- Chicago Blondes
- Hookin' Up and Checkin' In
- Getaway from You
- It's a Good Thing
- I Got a Feeling
- Nightime Minutes
- What if Today was Tomorrow
- Breakup IOI
- Backwards Barrell
Neal Casal : guitars, lead vocal, harmonica
Dan Fadel : drums, vocals, percussion
Jeff Hill : bass, vocals
Et voilà Alvin Lee qui claque ! Comme je le disais ici même il y a quelques jours : ça tombe comme des mouches ! Là en plus j'ai vraiment les boules because Ten Years After était l'un des premiers groupes que j'ai aimés ado. Arf ! : Stonedhenge, Ssssh, Cricklewood green, A space in time, Rock and roll music to the world... J'ai la haine !
RépondreSupprimerCrénom ! P... de B.... de M.... ! Rockin' vient de me transmettre la mauvaise nouvelle....
SupprimerJ'ai les boules...
Comme je le disais à l'instant à Rockin' :
Alvin ! Un de mes héros de ma jeunesse... le 45 tours "Love Like a Man", le "Recorded Live", la prestation Woodstock, la k7 pourrie de "Shhhh"... tous ces vieux et bons souvenirs me remontent à la gorge... j'y crois pas.
Oui Christian, malheureusement, on dirait bien que tu as raison...
Sale journée
hé oui les gars tous les héros de notre jeunesse se tirent les uns après les autres...
Supprimerla haine aussi; Alvin c'est le premier très grand que j'ai vu en concert (il devait aimer la Bretagne, je l'ai vu 3 fois en 10 ans!), ce dont je me rappelle c'est du murmure qui passait dans le public aux premières mesures quand il balançait un titre de Ten Years...émotions...
On est tous bien triste aujourd'hui! Va falloir s'y faire hein! parce que tous nos héros, tous ces types qui ont bercés notre adolescence et même plus because beaucoup d'affinités, hé ben ils dépassent presque tous les 70 berges, alors.....et je parle pas des mecs usés par les excès et voilà t'y pas que les complications post-opératoires s'en mêlent!
RépondreSupprimerDès ce matin au réveil, "Pure Blues", ma compil préférée d'Alvin (c'est le blues-man qui me faisait vibrer) et puis j'ai embrayé sur la disco de TYA! Que pouvais-je faire d'autres?
A part ca, Bruno, ta chronique sur Hazy Malaze m'a fait ressortir le disque, c'est vrai que c'est bougrement agréable même si je préfère Neal Casal en solo ou mieux en ce moment avec le Chris Robinson Brotherhood. Amicalement JP