Des quelques albums de Grant
Green que je possède, c'est je crois bien mon préféré. Pour une raison simple :
le guitariste est ici en trio tout acoustique, propulsé par un Ben Tucker à la
contrebasse (l'un des musiciens les plus accomplis et talentueux en termes de
walking bass. Allez donc demander à Warne Marsh ou à Art Pepper...) et un Dave
Bailey à la batterie (impérial de bout en bout, parfaitement mis en valeur dans
ce genre de configuration, l'un des partenaires réguliers de Gerry Mulligan à
l'époque).
Enregistré en avril 1961, alors qu'émergeaient pas mal de nouveaux
talents (Kenny Burrell, Barney Kessel, Wes Montgomery), ce GREEN STREET paru
chez Blue Note se révèle dès la première écoute d'une évidence absolue. Une
gâterie des plus savoureuses. Mieux, les écoutes successives confirment qu'il
s'agit là d'un enregistrement important. Tout est parfait dans ce disque
inoubliable (timing, sens des harmonies, improvisations, swing, mélodies).
Sur un répertoire constitué de deux standards « Round About Midnight » et « Alone Together » et de quatre compositions originales aussi précieuses les unes que les autres, démontrant le sens inné de ce diable de compositeur, le trio du guitariste joue et fait preuve d'une cohésion étonnante. Grant Green (1935-1978) n'a pas trente ans et son jeu d'une maturité inouïe ne saurait être comparé à aucun de ses contemporains, ni même à Charlie Christian, le père de la guitare jazz. Natif de Saint Louis, Grant Green jouait déjà avec des groupes locaux et ce, dès 1944, comme nous le rappellent les notes de pochette de Leonard Feather.
Doté d'un swing ravageur dès le premier thème « N°1 Green Street », la rythmique déboule sur des rythmes impairs, à flux tendus, la facilité et le plaisir du jeu avec lesquels nos trois compères empalent un à un les thèmes sont tout bonnement prodigieux. « Green with Envy » fourmille d'idées à n'en plus finir, Green jouant parfois sur des effets hypnotiques (répétitions de lignes mélodiques improvisées). A la fois sobre et enthousiasmant, GREEN STREET doit sa réussite à l'emploi de cette paire rythmique qui nous apparaît hyper rodée. L'on découvrira au fil de ce disque au timing parfait (54 minutes) un contrebassiste et un batteur inspirés, faisant preuve d'une virilité et d'un jeu sans faille. Sur « Alone Together » par exemple (sur la prise alternative plus que sur la prise master d'ailleurs), cette façon de déployer un swing tranquille mais d'une rondeur et d'une sensualité à couper le souffle s'approche de la perfection. Le reste est du même tonneau. Une musique essentielle, sans aucun doute.
No. 1 Green Street – 7’20
Round About
Midnight – 7’03
Grant's
Dimensions – 7’56
Green With Envy –
9’45
Alone Together – 7’12
Green With Envy - 7’55 (alternate take)
Grant Green je l'ai découvert par hasard dans une médiathèque, heureux hasard que de connaître ce guitariste si clair dans son expression, quelques notes pour swinguer et un si bon son.... En plus il me parle, je comprends ce qu'il fait et puis j'ai la même ES 33O dont je ne savais pas qu'elle pouvait donner de si beaux sons jazz mais cela c'est une autre histoire c'est le talent...
RépondreSupprimerMerci de votre passage (je réponds pour Freddy), et oui, cela s'appelle le talent... Grant Green en avait à revendre. On recommande aussi de 33t "Matador". Son passage au jazz funky des années 60/70 est aussi très intéressant.
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