Le nom de Brigitte Engerer n'évoque pas la célébrité. Même si les
chaînes de radio classique en parlaient fréquemment comme une grande dame
du piano, nous sommes loin d'imaginer une diva comme
Hélène Grimaud entourée de ses loups (grande artiste au demeurant).
59 ans n'est pas un âge pour mourir pensera-t-on. Oui, la maladie n'a pas
épargné la pianiste qui à cinq ans quitta Tunis, sa ville natale, pour
entrer au Conservatoire de Paris où elle obtiendra un premier prix à
l'unanimité à 15 ans. Une récompense prestigieuse l'attend : lauréate du
Concours Marguerite Long-Jacques Thibaud à 16 ans. Elle est invitée
alors à suivre les années de perfectionnement à Moscou dans la
classe de Stanislas Neuhaus. Son style repose à la fois sur une
grande aisance technique, le goût d'un certain romantisme et surtout le
désir de partager la musique avec son auditoire. Elle n'était pas de ces
pianistes virtuoses qui communient seuls avec la partition.
Elle joue sur toutes les scènes du monde, en soliste ou accompagnée par
des maîtres comme Karajan, Barenboïm ou encore Mehta… Mais Brigitte Engerer incarnait aussi la complicité avec des amis à
travers l'univers chambriste : les pianistes Boris Berezovsky et
Michel Béroff, l'altiste Gérard Caussé présenté dans une
chronique dédiée à Brahms ; la liste serait longue.
Brigitte Engerer était l'épouse de Yann Queffelec.
Dans sa riche discographie, je citerai un magnifique et original
enregistrement du
Requiem Allemand de
Brahms
interprété par le chœur Accentus de Laurence Equilbey dans
la version "de Londres", sans orchestre mais avec
Boris Berezovsky et Brigitte Engerer au piano.
Brigitte Engerer dans quelques nocturnes de Chopin. Puis une
seconde vidéo où Brigitte Engerer et
Vanessa Wagner interprètent les "Danses hongroises n°1, 3 & 5
pour piano à 4 mains" de Brahms. La jeune pianiste a reçu une Victoire de
la musique classique en 1999.
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C'est en préparant un complément à l'article publié lundi et consacré aux
festivals de musique, que j'ai appris sa disparition. Brigitte Engerer était
très présente dans les
festivals les plus populaires
comme les Folles journées de Nantes, événement où elle pouvait
satisfaire son goût du dialogue avec son public. Elle devait participer cet
été au festival de la Roque d'Anthéron. Elle
aurait voulu que la musique vivante continue. Voici quelques idées…
En Savoie, du 1 au
13 aout : Festival de musique Baroque, de grands moments dans des
églises qui se prêtent bien à se répertoire.
On n'oublie pas le festival d'Annecy du 7 au
22 juillet avec un programme plus classique qui accueille le
Royal Philarmonic Orchestra et Charles Dutoit.
Bien entendu le festival de la
Roque d'Anthéron du 21 juillet au 22 août dédié au
piano avec des artistes de la trempe de Roger Muraro,
Jean-Claude Pennetier, le quatuor Modigliani, un festival
fleuve.
Plus tardif, le festival de Royaumont au nord de Paris du 1
septembre au 19 octobre avec une belle place donnée à la
musique ancienne, notamment du Moyen-Âge.
Ces quelques idées sont tellement subjectives que je conseille à tous ceux
qu'une soirée classique attirerait cet été, d'acheter le N° de
Diapason de juillet qui contient un guide d'une bonne centaine de
festivals classés par région…
Son intégrale des nocturnes de Chopin (chez Harmonia Mundi) est remarquable selon moi....mais quel
RépondreSupprimerdommage que ce ne soit pas édité en vinyle...surtout que l'intégrale dans son principe est quasi introuvable.
Hasard du calendrier :
SupprimerLes Nocturnes de Chopin sont au programme de la chronique de demain sous les doigts de... Top secret, mais pas de Brigitte Engerer. Une version très élégante d'ailleurs mais à laquelle il manque, à mon goût perso et à celui de ma chère et tendre, un peu de panache, C'est toujours difficile d'exprimer le pourquoi du comment d'un manque d'attrait marqué pour une version x ou y.
Claude