dimanche 3 juin 2012

HAUTE COUTURE par Pat Slade


De qui vais-je parler ? Yves Saint Laurent ? Christian Lacroix ? Thierry Mugler ? Non je ne causerai pas de ces hommes qui habillent les femmes et vident le portefeuille des maris. Un jour, un chroniqueur du Déblocnot’ m'a dit : "La chanson française est le parent pauvre dans nos colonnes…". J’entends déjà des voix vociférantes hurler après avoir lu le titre, et avoir fait une comparaison avec la liste des rubriques habituelles du Déblocnot qui ne parlent pas des "défilés des mois d’été" (expression qui au demeurant est le titre d’une des chansons de l'homme du jour) : "ça y est, il va nous parler de Bertrand Charles Elie Couture", le mec qui a fait "Comme un avion sans aile" !!!!" Eh bien non !!! Puisque en Mai fait ce qu’il te plait, je parlerai de Novembre !!

Alors après avoir fait deux fois le tour de mon appartement à la recherche du rayon "Chanson Française" de ma discothèque, je tombais sur une pochette d’un disque de 1982. Un bonhomme les mains dans les poches, habillé entre Tom Wait et les Blues Brothers, la moustache à la Clark Gable en plus fournie, photographie en noir et blanc devant un mur gris béton avec un titre à la Dymo" version pour doublage" et un bandeau avec un nom TOM NOVEMBRE
Ce personnage au visage atypique a une place dans la chanson française qui n’est pas assez reconnue à mon idée. Alors je parlerai de ce "Man in Black" de la chanson française.

 LA GÉNESE ou le Couture tiré à quatre épingles


C’est comme frère cadet que le petit Thomas arrive au monde à Nancy en 1959. Son frérot  Bertrand était déjà là depuis 1956. Ils suivront tous les deux la même branche des beaux-arts dans la ville qui les a vus naître.
L’ainé deviendra vite la figure emblématique de la famille Couture en partant travailler pour une multinationale comme Island auprès d’un coiffeur nommé Chris Blackwell qui s’occupait des dreadlocks de Bob Marley, mais ne mettons pas la charrue avant les bœufs !!!
Avant de devenir le chanteur à la voix grave de crooner, Jean Thomas Couture prend le pseudo de Tom Novembre" pour qu’on ne le considère pas comme le petit frère"(sic).  Il va  faire ses premières armes sur scène dans un groupe nommé : "Les Fonctionnaires". Lui y joue de la basse et l’on y découvrira  aussi  le gaucher silencieux Alice Botté à la guitare que l’on retrouvera plus tard au cours des aléas de sa carrière.
En 1977, il réalise, met en scène et interprète une pièce "Deux hamburgers pour le quatre". En 1980, il fabrique avec son frère, son premier one-man show : "Pendant que j’ai le micro", suivi la même année par "Les Taupes" au Théâtre Déjazet mis en scène par Ged Marlon.

Jean Thomas Couture, du rock dégriffé ?


Mais c’est dans la chanson qu’il se fera connaitre, et cela commencera par le printemps de Bourges en Mai 1982 où il est nommé révélation du festival.
Son premier album" version pour doublage" sort en novembre de la même année.
Que dire de Tom ? Une voix grave et suave. Que dire de cet album ? Des chansons qui virevoltent à droite et à gauche, entre le burlesque : tacot maudit  ("Alors s’il cale, même de l’allume-cigare, j’en fais une compression pour César") le réalisme de la vie quotidienne : ça cavale, le naïf : Je cherche mon scoubidou et la poésie avec le très beau : Silence. Le tout accompagné par le groupe de Charlélie de la tournée de1982 qui passait par l’Olympia, Jerry Lipkins au Clavier et Alice Botté que l’on retrouve à la guitare entre autres.
Un an après sort "Toile Cirée".
Le look a changé, plus de chapeau mou, fini le costard noir sur une chemise blanche accompagnée d’une cravate. La chemise Hawaïenne, la casquette et les lunettes noires sont de sortie ! Un air de vacance ce dessine-t-il au coin de l’album ?
Résultat des courses, on retrouve des textes plus construits, plus finis, toujours avec ce petit charme de choses que l’on a vécues soi-même comme : Cocktails Party, Parcours santé ou encore Garage paradis (bricoleur) et des choses plus  sentimentales et tristounettes comme : Mais elle restait chez elle (elle disait).

Tom Novembre pourrait être le Bobby Lapointe des années 80 et au-delà…, entre poésie, humour et loufoquerie.
En 1984, au détriment de Karim Kacel il reçoit le prix Georges Brassens décerné à Sète, et tournera dans son premier film : "Signé Renard" de Michel Soutter.
Son troisième album sortira en 1985 : "L’insecte". Encore un look différent, bizarroïde !  Un album  au son résolument plus rock, mais toujours avec ces petites chansons drôles comme : "Djimbo", "joyeux anniversaire" ou encore "les nains de 1m80". Puis les chansons tendres et tristes à la fois comme : "Anna", "Jure moi que tu viendras", "Célibataires".
Pièces de Couture
En 1985, changement de direction, l’artiste qui a toujours déclaré que la chanson n’était qu’un prétexte pour percer dans le cinéma, se lance sur les planches du Théâtre du Splendid  avec son troisième one-man show, "le Cocktail de Sergio".
L’histoire d’un homme en smoking perdu dans un cocktail mondain ennuyeux entre gens chics et palmiers tocs. Le tout saupoudrét de chansons de ses deux derniers albums : "Toile Cirée" et "L’insecte". Seul sur scène ou presque, uniquement accompagné d’un guitariste et d’un pianiste habillés en serveur, un spectacle écrit avec son frangin (encore une fois ! ah la famille !!) et mis en scène par Pierre-Loup Rajot.
Je m’étonne d’ailleurs que l’on ne parle nul par de ce spectacle, ni sur Google ni sur Wikipédia, encore une chance que j’ai la VHS ! (non, non ! je ne la revendrai pas !!).
Fin de l’intermède théâtral pour l’instant, voilà que commence sa période cinéma…

 Couture sur toile

Avec un premier téléfilm en 1984 "Mirage dangereux", cette année 1985 sera très chargée. Pas moins de 4 films avec pour ouvrir les hostilités : "Elsa, Elsa" de Didier Haudepin avec Lio et François Cluzet.
Les réalisateurs qui penseront à lui ne sont pas de ceux qui disparaissent dans les méandres du  7ème art après avoir réalisé un seul et unique film. Nous pouvons y trouver : Jacques Rouffio et Claude Lelouch rien que pour cette mise en bouche cinématographique. Il n’arrêtera pas de tourner jusqu’en 1990 (12 films exactement), le dernier étant (et pas des moindres) "un thé au Sahara" mis en scène par Bertolucci lui-même.
1990, retour sur les planches dans un exercice plus proche de son début de carrière : la comédie musicale.
"La légende de Jimmy" de Michel Berger et Luc Plamondon mis en scène par Jérôme Savary où il y joue le rôle du Clergyman auprès de Diane Tell, Renaud Hantson et Nanette Workman.
1991 sera une année creuse, quelques apparition dans des téléfilms et un peu de voxographie (doublage du grand-duc dans le dessin animé "Rock -O-Rico").
Pour les personnes qui ont vu "le 5ème élément" de Luc Besson, c’est Tom qui doublait Chris Tucker (Ruby Rhod), l’animateur de radio complètement allumé ! Incroyable pour un homme à la voix grave ! Je ne vais pas m’étendre plus sur sa carrière cinématographique, sinon je crois que tout le monde se lasserai, moi le premier !

 Le dernier TOM !


Il n’arrête pas la musique pour autant, même si il a mis sa carrière de chanteur entre parenthèses. Il enregistre en 1990 "la légende de st Nicolas" uniquement sorti sur cassette audio. Il produit ensuite deux compilations :
"TOMe 1 – TOMe 2" (qui réunit ses trois premiers albums) en 1994  et "CD Story" en 2002.
En 2002 sortira "Bande de Pions" avec une multitude d’invités comme son frère (Bien sûr !!), Faudel, Princess Erika, M, Dieudonné et Kent (ex. Starshooter).
Son dernier album date déjà de 2006 et rend hommage à Bourvil "André".

Pour revenir sur le personnage télévisuel, il était dans "Caméra Café" Mr Priviliewsky de chez Digix, l’ennemi de Jean Claude Convenant alcoolique notoire et qui ne voulait pas partager sa place de parking avec lui.
C’est toujours avec un certain plaisir que l’on peut voir sa silhouette dégingandée et son visage à la Buster Keaton au détour d’un film. La comparaison avec Louis Jouvet revient souvent sous la plume des critiques ("Vous avez dit Bizarre…").
Cet homme touche à tout (comme son frère, encore lui !!) va jusqu’à présenter une émission sur l’art intitulé "Otto" sur Paris Première. Après avoir fait un rapide tour du  personnage, je vous laisse maintenant apprécier quelque unes de ses mélodies !
Après avoir parlé de Novembre, la prochaine fois, je parlerai du film "Marie Octobre" ou bien du Maréchal Juin !!^^


Vidéos en chansons…


3 commentaires:

  1. J'avoue qu'entre ces deux "touche à tout" de frères, ma préférence c'est toujours porté sur Charlélie. Du moins à ses débuts. Il faudra d'ailleurs que je me mette à écrire sur l'un de ses albums un de ces jours. C'est vrai quoi ! Défendons aussi notre exception culturelle...

    Bravo Pat.

    Vincent

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  2. pat slade3/6/12 23:59

    Merci Vincent ! J'ai aussi toujours eu un faible pour CharlElie ! J'ai laché un peut prise vers "casque nu" en 1997.

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  3. C'est tès bien de sillonner (vinyl!) hors des entiers battus de la promo. Ai eu la chance d'interviewer T. Novembre lors de sa carrière "Théâtrale". C'est un mec bien, dispo et humble, pétri de talent. Après la carrière familiale s'exprime différemment, avec une plume plutôt impressionniste pour Ch
    . Couture et nettement plus solaire pour le Père Novembre. Un soleil de novembre certe mais un soleil tout de même.

    Bon boulot !

    Vincent Caffiaux (le fan de rugby sur FB...)

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