lundi 23 avril 2012

BOB MARLEY & THE WAILERS - "Exodus" - (1977) par Rasta Philou



Punky Reggae Party in London...


Plus de 30 ans après sa mort, Robert Nesta Marley (6 février 1945-11 mai 1981) reste à ce jour le musicien le plus connu et le plus respecté de la musique Reggae.
Devenu un véritable mythe, une légende immortelle, Bob Marley continue, génération après génération, de faire vibrer la planète avec des albums incontournables et indémodables comme "Catch A Fire", "Burnin", "Natty Dread", "Rastaman Vibration", "Exodus", "Survival", "Uprising" et le fabuleux live "Babylon By Bus".
Bob Marley symbolise à lui tout seul, la contestation, l'émancipation, la liberté. Élu prophète Rasta, Bob devient le porte parole des peuples opprimés, des laissés pour compte. 
Disparu prématurément d'un cancer généralisé en 1981, il a réussi à transformer un style confidentiel issu de la musique populaire de la Jamaïque en un mouvement majeur qui arrivera à conquérir le public international.
Grâce à Bob Marley, le reggae, jusque là cantonné aux rues de Trenchtown, va traverser les océans pour se répandre dans le monde entier.
Phénomène à souligner, Bob Marley est aussi bien apprécié du grand public, qui découvrit  le reggae avec lui, que des spécialistes les plus pointus.

Robert Nesta Marley (1945-1981)
En 1976, après 4 albums publiés chez Island Records, Bob Marley devient une superstar en Jamaïque où  le mouvement rasta se développe dans son sillage. 
 Le premier ministre Michael Manley, qui veut venir en aide aux populations les plus défavorisées de la Jamaïque, est soutenu par le mouvement rasta et Bob Marley devient rapidement l'homme à éliminer. Le 3 décembre 1976, en pleine campagne électorale, des hommes armés pénètrent par effraction à son domicile de Hope Road à Kingston et tentent de l'assassiner. Sa femme Rita et l'imprésario Don Taylor sont présents et seront également blessés. Bob, reçoit une balle dans le bras, une dans la poitrine et cinq dans la cuisse, il échappe miraculeusement à la mort. Résolus à ne pas céder à l'intimidation, Bob Marley et ses Wailers participent courageusement le 5 décembre, au concert géant "Smile Jamaica" au Heroes National Park de Kingston devant plus de 80.000 personnes. 
Aux journalistes qui lui ont demandé pourquoi il voulait à tout prix à assurer ce concert, il répondit : "Les gens qui participent à rendre ce monde plus mauvais ne prennent jamais de jours de congés. C'est pourquoi je ne peux me le permettre".


fffffffffffff..........
Malgré tout, Bob Marley ne se sent plus en sécurité sur son île natale, il décide alors se s'exiler hors de la Jamaïque et s'envole pour l'Angleterre.


En pleine explosion punk, de janvier à avril 1977, avec les Wailers, Bob Marley enregistre son nouvel album à Londres. "Exodus" sort le 3 juin de la même année et va répandre sa musique et le message Rastafari à travers toute la planète. Le titre de l'album fait allusion à un double exode : le retour en Afrique des personnes d’origine africaine vivant hors de leur pays et le départ de Bob Marley et de ses musiciens pour l' Angleterre.
C'est à cette époque qu'il rencontre la  superbe jamaïcaine Cindy Breakespeare, la Miss Monde 1976, avec qui il aura un fils : Damian Marley.
Enregistré dans les studios de Basing Street, l'inspiration est au rendez-vous et les sessions d'enregistrement donnent naissance à une vingtaine de chansons. Bob Marley a du mal à faire son choix parmi les vingt titres composés. Il en choisit dix et décide de garder les autres morceaux pour la parution de son prochain disque (Kaya).
L'album est différent des 2 précédents, Bob Marley y affine considérablement ses mélodies, toujours basées sur des rythmes syncopés et chaloupés, la marque de fabrique du Reggae.
Julian "Junior" Marvin, un guitariste anglo-américain d'origine jamaïcaine a rejoint le groupe et va attacher une importance aux arrangements de l'album, ce qui va profondément marquer la suite de la carrière de Bob Marley et de ses Wailers.

Cindy Breakespeare, la miss World 1976

L'album parvient à mélanger des chansons engagées, mystiques que l'on retrouve sur la face A, tandis que la face B, regroupe des morceaux plus légers, plus romantiques, des chansons d'amour quoi !!!.... ben oui, Bob est amoureux ( et on le comprend !!!).

"Natural Mystic" ouvre l'album et le groove infernal de la chanson balaye tout sur son passage avec un crescendo inoubliable. Les notes montent petit à petit à nos oreilles, grâce à une simple augmentation du volume sonore. Ce procédé (fade) rarement utilisé en début de morceau, donne ici  un effet carrément hallucinant, la puissance du son est impressionnante, propulsé par le vrombissement sourd de la basse d'Aston Barrett.
Le son  de ce nouvel opus est beaucoup plus léché que sur les albums précédents, soigneusement mixé par Chris Blackwell au Basic Street Studio de Londres.
Les Wailers Aston Barrett (basse, guitare, percussions), Carlton Barrett (batterie, percussions), Tyrone Downie (claviers, percussions, choeurs), Alvin Patterson (percussions), Julian "Junior" Marvin (guitare) et The I-Threes (choeurs) fument des pétards gros comme des mortiers mais envoient des vibes énormes qui nous font décoller immédiatement.
L'album contient d'énormes hits comme "So Much Things to Say", "One Love/People Get Ready","Turn Your Lights Down Low" et les incontournables "Jamming" et "Waiting In Vain".
Le sommet du disque reste (à mon humble avis) la chanson "Exodus", une longue trame de 7mns et 40 s, pendant laquelle Bob Marley prône inlassablement le retour du peuple noir en exil, vers la terre de leurs ancêtres africains... Move ! Move ! Move ! Move ! Move ! Move !
"The Heathen" est la chanson la plus rock de l'album, le jeune guitariste Julian"Junior" Marvin nous sort des solos déchirants, ce qui donne à la chanson un coté grave et inquiétant.
Dans "Guiltiness", Bob dénonce le système juridique de la Jamaïque, bien que fondé sur les lois britanniques, applique le "coupable jusqu'à être déclaré innocent", une loi extrêmement défavorable aux pauvres qui n'ont pas vraiment les moyens de se défendre.

Pour qui a était écrit "Waiting In Vain" ???  un titre considéré par beaucoup de fans comme la meilleure chanson d'amour de Bob Marley.... personne ne le sait vraiment. 
"Three Little Birds" est encore imprégné de l'essence profonde du reggae et de sa vie dans sa maison de Hope Road à Kingston où Bob passait des heures à gratter sa guitare pour trouver de nouvelles chansons en fumant la "sainte herbe". La légende dit que "Tree Little Birds" a été  composée par Bob qui regardait trois colombes qui avaient pris l'habitude de venir picorer les graines jetées durant le rituel du tri de l'herbe.
L'album s'achève sur une note positive avec "One love / Get Ready", une chanson datant de 1968, à l'époque du producteur Coxsone Dodd (le fondateur du label Studio One). C'est en réalité un mix du morceau "One Love" des Wailers et du "People Get Ready" de Curtis Mayfield, qui résume bien le message de Bob Marley : "un amour, un cœur, rassemblons-nous et nous irons bien"....

La suite tout le monde la connait et tout n'ira pas si bien que ça....



Exodus nous présente un Bob Marley plus mature, les mauvaises langues vont dire plus commercial... Malgré quelques titres bien engagés politiquement, Bob adopte une approche moins ardente, plus réfléchie que sur ses disques précédents.... et pourtant, il est assez difficile de trouver un album de reggae aussi bon que celui là.
Par ailleurs, si ce petit chef d’œuvre se vendra moins bien que le disque précédent "Rastaman vibration", à patir de 1978, le nombre de fans de Bob Marley augmentera sensiblement chaque année et Exodus deviendra le must de sa discographie.
En 1998, il sera même nommé par le Time Magazine comme le meilleur album du 2Oe siècle.

* A lire également "THE WAILERS : "Catch A Fire"Ici



1er extrait : Bob Marley & the Wailers "Exodus" Live en 1979 à Santa Barbara.




2ème extrait : " Jammin' "


4 commentaires:

  1. Rien à dire sur le descriptif, mais pour moi c'est un disque de reggae pour ceux qui n'aiment pas vraiment le reggae. Du Marley dans sa période la plus commerciale, la plus anglo-américaine ...
    "Exodus" est pour moi très loin derrière Natty Dread, Catch a fire, le Live au Lyceum, voire même Rastaman vibration ou le disque "politique" Survival, pour s'en tenir à sa période Chris Blackwell / Island ...
    Les vrais bons disques sont à mon avis à chercher dans sa période jamaïcaine, Burnin', le dernier avec les Wailers originaux, et les fabuleuses compilations Talkin' blues, African herbsman, les 2 Upsetter record shop avec les dubs de Lee Perry, où l'on trouve les versions originales de tous les titres qu'il reprendra quelques années plus tard chez Island ...

    Three Little Birds, il me semble bien que c'est un hommage à ses choristes les I Three, et notamment sa femme Rita, dont il avait quelques petites "escapades" à se faire pardonner ...

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  2. You're right (rasta) man !!! ...mais Exodus est un putain de bon album quand même !!!

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  3. un must cet album du roi du Reggae...à ne pas manquer !!..comme beaucoup d'autres de ses albums!!

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