vendredi 23 mars 2012

THE JIMI HENDRIX EXPERIENCE - "Winterland - " (1968/2011) par Luc B. et Bruno


Avant propos : J'ai à mes côtés, pour me seconder dans cette lourde tâche d'évoquer le gaucher de Seattle, le professeur honoris-guitare Kurt Applestrudel de l'université de Frankfurt, et plus connu des lecteurs du Déblocnot sous le sobriquet de Bruno. Professeur, vous intervenez dès que nécessaire...

Et on écoute "Red house", peinard, en lisant ce qui suit...




 




 
Gamin, son héros était Flash Gordon. Il rêvait d’inventer des fusées (dont il dessinait les plans) pour partir explorer l’espace… ce qu’il a réussi à faire 15 ans plus tard, mais avec une simple guitare entre les mains. A moins que Jimi Hendrix ne soit pas terrien, mais réellement un extraterrestre élevé sur Terre, comme il le disait à un journaliste du New-York Times en 1967 : « Salut moi c’est Hendrix, je viens de la planète Mars » !

Johnny Allen Hendrix est né le 27 novembre 1942. Les parents sont saltimbanques, ne s’occupent pas de lui, il sera élevé par des tantes, un oncle, parfois des amis de la famille et sa grand-mère Cherokee, Nora qu'il adorait. Une mère absente, et il n’en fallait pas plus pour que Hendrix fantasme sur la femme parfaite, des incarnations de déesses dont il parsème toutes ses chansons : « Well she's walking through the clouds (…) when I'm sad, she comes to me with a thousand smiles » ("Little Wing"). Il est intéressant de constater que le parcours familiale d’un Eric Clapton est assez semblable...

avec Percy Ledge et King Curtis
...Si vous rajoutez à cela une attraction pour les confins de l’espace, et les pilules qui permettent de partir en voyage dans les étoiles pour pas cher, vous commencerez à cerner un type pas comme les autres, pas comme les autres gamins, pas comme les autres musiciens. Il commence à gratter un ukulélé, puis une guitare sèche offerte par son père, et enfin passe un modèle électrique, et passera ses journées à explorer l’instrument. Jimi Hendrix est gaucher. La guitare était pour droitier. Il fallait donc la retourner pour en jouer, mais les cordes se retrouvaient donc à l’envers. Qu’à cela ne tienne, il suffisait de les inverser : les graves en bas, les aigües en haut… Mine de rien, ça aussi, cela en faisait un musicien à part. Cela détermine en façon de jouer, une autre technique, facilitée par ses doigts démesurés. Après l’armée, passage obligé pour éviter la taule (emprunt non autorisé de voiture, les fins de mois sont difficiles…) Jimi Hendrix intègre des formations de rhythm’n’blues pour gagner sa croûte. Mais comme il ne fait rien comme les autres (rester sagement derrière le chanteur, et assurer sobrement le boulot) il est viré des groupes. 

Avec les Isley Brothers
Ce sont les Isley Brothers qui lui donnent sa chance, acceptant les excentricités musicales et vestimentaires de Hendrix, conscients que cela rameutait des clients. Hendrix enregistre pour la première fois avec eux, en mai 1964. Il changera encore de groupe, cherchant la bonne formule, il passera chez Little Richard, pas longtemps, trop turbulent. Il atterrit chez le saxophoniste vedette King Curtis, mais là encore, il ne se fait pas à la discipline en vigueur. La solution est donc de se produire en leader, où personne ne pourra contrarier son inspiration, avec un groupe baptisé JIMMY JAMES AND THE BLUE FLAMES. Le sorcier à la Strato blanche est lancé… C’est vrai qu’Hendrix est constamment assimilé à la guitare Stratocaster… 

Prof... euh, Bruno, t’es là pour causer technique ? 

Plus que jamais ! Tu sais que des musiciens tels que Blackmore, Vaughan, Lance Lopez, Tony Spinner, Vince Converse, Joe PerryMalmsteem, ont tous joué à un moment ou un autre avec une Strato de gaucher (donc à l'envers pour eux) pour tenter de retrouver la magie du maître. La Stratocaster reste la guitare qui le représente le mieux. Surtout parce que c'est avec elle qu’'il a débuté sa carrière en Angleterre, offerte quelques mois avant son départ par son amie, Carol Shiroky, (il jouait auparavant avec une Duo Sonic moins onéreuse, puis une Jazzmaster), et que c'est celle qu'il utilisait le plus en concert. Sa polyvalence (les trois micros et les cinq positions) le confort de son manche (je me souviens encore qu'à la fin des 70's, on disait qu'il n'y avait pas de manche plus confortable que celui d'une Strat des 60's), sa robustesse et surtout son vibrato. Encore une fois avec Hendrix, ce dernier ustensile prit une nouvelle dimension. Malmené, maltraité jusqu'à la limite de la rupture, jamais auparavant on n'avait osé bousculer cet outil inventé non pas par Fender, mais par Paul Bigsby et à l’origine pour la musique Country (le Vibrola). Toutefois, dès qu'il eut un peu de succès et d'argent, Jimi s'acheta d'autres guitares. Des Strato, mais aussi des Gibson. On a pu le voir avec une splendide SG blanche, une Fender Jaguar, une LesPaul et surtout, il y eu la fameuse Flying V (Flying Angel), avec vibrato Bigsby, conçue à son intention par la firme, en modèle gaucher. A la fin de sa carrière, il utilisait de plus en plus fréquemment la Flying V (il en possédait trois).

à Greenwitch Village, premiers concerts...
Merci Bruno, quel talent, quelle interaction ! personne ne croira que c'est improvisé... 

Donc direction New York. D'abord Harlem, puis Greenwich Village, où Bob Dylan a débuté. Ce même Dylan qui vient de faire exploser le format folk à coup de guitares électriques, et qui révolutionne la donne en éclatant aussi le format des chansons traditionnelles, et en s’imposant comme chanteur alors que sa voix ne s’y prête guère. Les deux hommes se fréquentent, et l’influence de Dylan sur Hendrix est déterminante. Mais pour le moment, avec son propre groupe, il fait des étincelles sur des reprises comme « Wild Thing », « Like a rolling stone » justement, ou « Hey Joe ». En juillet 1966, Hendrix se produit devant Chas Chandler, le bassiste du groupe The Animals. Ce dernier pense à changer de métier, devenir manager, et propose à Hendrix de s’occuper de lui, de l’embarquer à Londres, en plein Swinging London. Hendrix accepte, d’autant que c’est à Londres que réside Eric Clapton, un autre phénomène auquel il aimerait bien se frotter… 

Et justement, arrivé en Angleterre, Hendrix assiste à un concert de CREAM. Londres est en plein Blues Boom, et Clapton y est vénéré comme le guitariste qui renouvelle le Blues, qu’il repeint aux couleurs du psychédélisme et du free-jazz. Hendrix n’a rien à apprendre de Clapton, mais il comprend que c’est en Angleterre qu’il arrivera à s’imposer, à ne plus passer pour un extraterrestre. Il est dans son élément. A l’issue du set de CREAM, Hendrix est invité à jammer sur scène, sur « Killing Floor ». Clapton n’en croit pas ses oreilles, et dépité, cède sa place, et suit le bœuf depuis les coulisses ! Les deux hommes jameront souvent ensemble ensuite, à Londres ou New York. Puisqu'on parle de Clapton et de guitare, dans ses souvenirs, Clapton raconte qu'il avait trouvé une Sratocaster blanche pour gaucher dans un magasin de West End, l'avait achetée pour l'offrir à Hendrix le soir même. Ils devaient se rejoindre à un concert de Sly and the family Stone. Hendrix n'est pas venu. Et pour cause. Le lendemain, on apprenait son décès...

The Jimi Hendrix Experience
Jimi Hendrix devient la coqueluche de Londres, on se précipite voir le phénomène, le gotha du rock est en ébullition, et c’est lors d’une soirée mondaine qu’il croise Johnny Hallyday, qui lui propose de le suivre en tournée pour faire sa première partie. Les premiers concerts officiels du JIMI HENDRIX EXPERIENCE en octobre 1966 se donneront à Evry, puis à l’Olympia. Le groupe est constitué de Noel Redding à la basse et de Mitch Mitchell à la batterie, deux jeunes musiciens encore frais, qu’Hendrix pourra modeler à sa guise. De retour à Londres, les choses sérieuses peuvent désormais commencer !

THE EXPERIENCE entre en studio, grave « Hey Joe » qui devient un tube, puis « Purple haze », et plus tard son premier album ARE YOU EXPERIENCED, qui bat tous les records de vente, mais reste second en Angleterre derrière un certain SERGENT PEPPER’S… C’est sur ce premier album qu’on trouve le blues « Red House », la huitième merveille du monde. Et déjà Hendrix agrémente son jeu d’effets sonores, à l’aide de pédales…

... Oui Bruno ? Je vois que tu trépignes !

Parmi la multitude des sons utilisés par Jimi Hendrix, il y a bien entendu la wah-wah. Une pédale d'effet qui aurait été conçue initialement pour l'orgue. On raconte que c'est après avoir essayé le matos de Zappa en 67 qu'il l'adopta. On dit aussi que c'est après avoir écouté « Tales of the Brave Ulysse » de Cream. Cependant, Noel Redding réfute catégoriquement ses deux versions en témoignant que c'est lui-même qui l'aurait présentée à Jimi qui, la curiosité mise en éveil par les sons émis, l'essaya et l'adopta. D'ailleurs l'enregistrement « I Don't live today » le 20/02/67 corrobore les dires de Noel. Depuis lors, l'attrait de cet effet ne s'est jamais atténué. Hendrix c'était aussi les pédales d'effets développés par Roger Mayer qui commença par travailler, en 64, pour Jimmy Page, Jeff Beck et Big Jim Sullivan, et travaillera plus tard pour Bob Marley.

La Fuzz permettait de saturer d'entrée le signal de la guitare. Cet effet fut remis au goût du jour avec le Grunge. Il y a aussi, toujours de Roger Mayer, l'Univibe, construite dans l'optique d'approcher le son tournoyant d'une cabine Leslie. Là encore, ce fut une marque de fabrique de Hendrix. Robin Trower en fit également, certainement sous influence Hendrixienne, un outil indissociable de sa musique. L'octavia (qui double la note jouée en superposant une seconde à l'octave) C'était un insatiable, toujours à la recherche d'un nouveau son pour booster son inspiration. N'oublions pas l'importance des amplis Marshall 100w Superlead (volume à donf) et des baffles 4x12 (1 tête d'ampli pour 2 baffles). A l'époque le seul ampli à résister aux assauts de Jimi. 

Si on cause technique, rajoutons qu’Hendrix s’est fait bâtir son propre studio d’enregistrement, Electric Lady Studios, plus tard, début 1970, engloutissant une somme colossale pour être à la pointe. Mais il n’eut pas le temps de l’utiliser longtemps.

Feu de joie à Monterey
Une fois la révolution faite au royaume d'Elizabeth II, Hendrix embarque pour l’Amérique, où peu de gens le connaissent. Paul McCartney l’impose à l’affiche du festival de Monterey en juin 1967. C’est un triomphe. Mais son nouveau manager, Mike Jeffrey, veut absolument le faire connaître des jeunes, et le programme ensuite en première partie de THE MOOKEYS, un groupe de boutonneux pour jeune fille en fleur (imaginez les Red Beans ou les Witch Doctors en première partie de Justin Bieber...). Echec total, Hendrix est vexé comme un pou, et repart pour Londres. C’est à ce moment que son premier manager, à l’époque des BLUE FLAMES, refait comme par hasard surface, attaque tout le monde et réclame des droits sur tout ce qu’Hendrix à enregistrer depuis. L’affaire se conclura par un deal en monnaie sonnante et trébuchante, et Jimi Hendrix peut s’atteler à son second album qui sortira en décembre 1967 : AXIS BOLD AS LOVE qui contient « Spanish castle Magic » et encore « Little Wing » son chef d’œuvre absolu selon mézigue. Et les concerts s’enchainent, le groupe compense la fatigue par des valises de dopes, Hendrix étant principalement adepte du LSD et de la cocaïne. Le tension monte avec son bassiste Noel Redding, Hendrix étant de plus en plus exigeant, notamment en studio, où son perfectionnisme et ses recherches sonores sont sans limite. Redding est sans doute pas au niveau. Il invite d’autres musiciens à jouer avec lui, Al Kooper et Steve Winwood (claviers), Buddy Miles (batterie), Freddie Smith (saxophone), élargissant encore son spectre musical, sous l’influence aussi de la scène jazz. Deux ans plus tard Miles Davis enregistre « In a silent way » le jazz-rock est né, et l’on sait que Hendrix et Davis se lorgnaient mutuellement. Hendrix écoutait aussi beaucoup de musique classique (dont Bach), en fait, toutes les musiques différentes de la sienne, dans le but de s’en enrichir.

De toutes ces séances naitront le double album ELECTRIC LADYLAND en septembre 1968, qui tient son nom des nombreuses groupies croupissant au studio. Notons que la photo de la pochette de l'édition anglaise, montrant dix-neuf filles nues, due à un photographe trop zélé, n’était pas du goût du chanteur (certains croient à un sale coup du label Traks, parce que Jimi Hendrix semblait délaisser le pays qui lui avait permis de lancer sa carrière). L’album touche au psychédélique, au rock pur et dur, au blues incandescent (les 15 minutes de « Voodoo Child », dont on connait davantage la reprise « Voodoo Child slight return » quelques titres plus loin). C’est avec tout ce nouveau matériel qu’Hendrix se présente au Winterland Ballroom de San Francisco, pour trois soirées incendiaires, à raison de deux sets par soir, du 10 au 12 octobre 1968.

photo pour "Ladyland". Au 3è rang, gauche, Liza Blackwell (j'fais comme Claude maintenant, j'fous du cul !)
Nous y voilà ! Maintenant il va falloir parler musique, et face à celle d’Hendrix, on se sent un peu démuni… D'autant que la musique d’Hendrix n’est finalement pas si accessible que ça, je pense même que pas mal de gens ne supporterait pas cinq minutes. Si on prend les albums studio, je dois avouer que certains titres ont un peu vieilli, les effets sonores en vogue, voire précurseurs à l’époque, ne passent pas toujours bien 40 ans plus tard. Les titres pur rock, ou blues, passent le temps sans prendre une ride par contre… Perso, si j’ai découvert BAND OF GYPSY (ultime album, un live, sorti de son vivant avec Billy Cox et Buddy Miles) assez jeune, je ne dirai pas que cela avait été une révélation foudroyante, j’ai mis un peu de temps à y revenir, et me procurer les trois précédents disques. Mais enregistré en concert, Hendrix, c’est tout autre chose. Trois musiciens, et hop, on envoie le bois. Et sur un coffret comme ce WINTERLAND, davantage que sûr un seul disque, on se rend compte du travail d’Hendrix, de la manière dont il s’accapare une matière brute, la modèle, la malaxe, la fusionne, pour en créer de l’inédit. Il y a vraiment une connexion avec la musique de Jazz, avec le travail d’un Miles Davis, d’un Coltrane, qui partent d’un thème pour broder, développer, déconstruire. John McLaughlin, qui créa BITCHES BREW avec Miles Davis, lorgnait aussi du côté de Hendrix, les deux guitaristes ont dû s’écouter mutuellement. 

Tu dis quoi Bruno ?

Hendrix de par son exploration des sons et l'explosion des carcans du Blues (que l'on a parfois assimilé à du Jazz - une récupération d'une intelligentsia du genre qui rejetait en bloc tout ce qui touchait au Rock ?) a contribué notablement à l’extension du psychédélisme.

Hendrix récupéré par les jazzeux par snobisme ? La théorie mérite qu’on y songe, mais dans les années 66-68, le jazz d’un côté, le rock de l’autre ont sacrément flirté ensemble, et y’a pas eu que des petits bisous, mais quelques coïts furieux ! Disons que les uns ont pris chez les autres de quoi faire avancer les choses… Mais à l’écoute de ces quatre galettes au Winterland, une chose est sûre : c’est pas de la musette pour le bal des débutantes ! Ça cogne dur, on a bien affaire à du rock, mais du rock à la Hendrix !


Oui, tout à fait, mais disons que finalement, Jimi était au-delà de tout ça. Au-delà du Rock, du Blues, du Jazz.

(c’est drôle, vous avez remarqué que les guitaristes parlent de lui en l’appelant par son prénom, Jimi, quand moi... je ne me permettrais pas)

LE COFFRET :

Les deux premiers CD de ce coffret commencent par une jam autour du titre « Tax free », 15 minutes le premier soir, seulement 10 le lendemain… Histoire de se mettre en jambes. Tempo de plomb, lourdeur des riffs grassouillets, on songe à un groupe grunge des 90’s ! Puis l’impro commence, en digressions et explorations. Et d’entrée de jeu, un chorus de batterie de Mitch Mitchell, prodigieux et jeune batteur. Et Noel Redding nous épate dès « Sunshine of your love » (CD1) version instrumentale totalement déglinguée qui retombe par magie sur ses pattes pour la reprise finale du thème. Jouer un morceau de manière classique n’intéresse visiblement pas Hendrix, même s’il joue ses tubes sans trop les maltraiter (« Foxy lady » oh vin dieu, le chorus de guitare qu’il nous envoie sur ce titre, aie ! et « Hey Joe »). C’est sans doute sur les blues qu’il m’épate le plus, comme sur « Hear my train A comin’ » (CD 1, 11’30) parce que sur un genre extrêmement codifié, on se rend compte du boulot abattu ! Et de s’apercevoir que ce n’est pas en faisant un maximum de boucan qu’Hendrix me convainc le plus, mais surtout dans les courtes interventions rythmiques, cette manière de doubler son chant, et l’interaction avec la batterie. Mitch Mitchell est sans cesse sur la brèche, il assure un boulot phénoménal. Il prend un chorus ‘mélodique’ sur le « Red house » du CD 3 qui me laisse béat. Et sur le « Killing Floor » du CD 1… du pur Stevie Ray ! (si je puis dire… sauf que le tandem rythmique n’est qu’une explosion interstellaire permanente quand les Double Trouble ronronnaient parfois…). 

Et puis il y a un truc fameux chez Hendrix, c’est la manière dont il s’approprie les compositions des autres. A tel point que tout le monde pense que « Sunshine of your love » est de lui, alors que c’est un riff de Clapton pour CREAM ! Même chose pour « All along the watchtower » une reprise de Dylan. Dylan justement, dont Hendrix reprend ici « Like a rolling stone » (CD 2 et 3) et là on touche au sublime. Le tempo est très lent, lorsque le morceau commence, on ne le reconnait pas tout de suite, Hendrix pose d’abord quelques accords, juste soutenu par Noel Redding, y’a bien un air qui nous rappelle un truc, mais vague… La batterie entre, Hendrix se ballade tranquille, et annonce au bout de deux minutes le titre, pas pressé d’y aller, et le chant commence. Et là on tombe le cul par terre ! C’est absolument renversant, les larmes aux yeux tellement c’est beau ! Après y’a un p’tit rock’n’roll pas dégueu « Lover man » et plus l’explosif « Fire »… Qu’est-ce qu’il dépote celui-là aussi ! Il y a aussi une version rallongée et pyrotechnique de « Are you experienced » de 12 minutes (contre 4’ pour la version studio) derrière laquelle on entend une flute traversière (ou un orgue ?) c’est dantesque ! Et bien sûr, trois versions de « Red house » de 9, 12 et 15 minutes, mais là, les mots me manquent…
Mitch Mitchell, au phrasé si chantant

C’est vraiment épatant, ce type avait non seulement une technique irréprochable, une envie de créer, de se dépasser, et en plus il avait le talent et l’inspiration. Ca fait beaucoup ! 

Il jouait afin que ce qu'il avait à l'intérieur (un trop plein de sentiment, de sensations, de frustrations, d'amour, de soif de liberté) puisse se libérer et être partagé. C'était comme un besoin de survie. Sa guitare c'était comme une liaison entre lui et son âme qui lui permettait de libérer ce flux d'énergie créatif et sensoriel.  

Ouais, et puis il gobait trois ou quatre LSD au p’tit dej, ça aide un peu aussi… 
Jimi a peut-être été aidé parfois de quelques substances illicites, il partait souvent dans des états seconds. Dédoublement de la personnalité.  

Peut-être ??? Surement, oui !
Jimi était avant tout un autodidacte doublé d'une oreille musicale exceptionnelle, lui permettant de reproduire un truc entendu à la radio, ou encore, d'adapter, de modifier ses accords pour continuer à sonner au plus juste lorsque sa guitare se désaccordait pendant l'interprétation d'un titre (et certainement après des attaques furieuses de vibrato !). Il ne faut pas négliger le physique. Hendrix avait des grandes mains et un pouce presque démesuré qui lui permettait des accords acrobatiques. Il se servait du pouce pour fretter les cordes de Mi et de La. Une technique qui vient du Blues, et que l'on retrouve encore chez de nombreux rockers et bluesmen.

Quatre CD plus un cinquième enregistré au Fillmore en février 68. Sur le disque 4, il y a une interview de 30 minutes, Hendrix n’arrêtant pas de gratter pendant qu’il discute ! Voici la set-list :
CD 1 : Tax Free / Lover Man / Sunshine of Your Love / Hear My Train A Comin / Killing Floor / Foxey Lady / Hey Joe / Star Spangled Banner / Purple Haze. CD 2 : Tax Free / Like a Rolling Stone / Lover Man / Hey Joe / Fire / Foxey Lady / Are You Experienced / Red House / Purple Haze. CD 3 : Fire / Lover Man / Like a Rolling Stone / Manic Depression / Sunshine of Your Love / Little Wing / Spanish Castle Magic / Red House / Hey Joe / Purple Haze / Wild Thing. CD 4 : Foxy Lady / Are You Experienced / Voodoo Child (Slight Return) / Red House / Star Spangled Banner / Purple Haze / Jimi Hendrix : Boston Garden Backstage Interview. CD 5 : Killing Floor / Red House / Catfish Blues / Dear Mr. Fantasy, part 1 et 2. 




Pour être complet, j’ai cru comprendre que certains morceaux étaient tronqués, telle intro raccourcie, par rapport à des éditions plus anciennes, des bootlegs qui circulent. N’ayant pas de point de comparaison, je ne saurai dire. Mais ces quatre disques-là sont remplis d’une musique incroyablement créative, un concentré de talent, passionnant, le son est impeccable (quoique la basse soit parfois plus brouillonne), c’est propre tout en restituant les textures de l’époque. Un superbe coffret, que les fans ont sans doute déjà, et que les autres doivent se procurer rapidos ! 



La suite, ce sont des concerts et tournées à répétition, notamment pour payer le nouveau studio, de la fatigue, de la déprime, davantage de drogue, énormément, des prestations ratées et navrantes, mais à la mi-1970, une nouvelle inspiration, une nouvelle discipline de studio, une envie de créer, de revenir à la composition et moins aux jams interminables sous acide, jusqu'au matin du 18 septembre 1970. Il avait 27 ans. 

Vous êtes arrivé au bout ? Alors on finit par "Fire" qui dépote sec !





 
 

6 commentaires:

  1. Big Bad Pete23/3/12 12:02

    Petite précision sur les Strats, mes lapins, les 5 positions sont arrivées APRES Jimi.
    A l'époque, y en avait seulement 3. Une pour chaque micro.
    Et c'est justement lui, le Voodoo Child, qui a trouvé intuitivement qu'en plaçant le sélecteur entre la position 1 et 2 ou entre la 2 et la 3, ça faisait un truc rigolo, ça branchait 2 micros en même temps.
    Fender CBS, pas con, a compris le truc et sorti des sélecteurs 5 positions dans les 70's.
    Hop !

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    1. Ho la ! Ho la camarade ! Tiens, barman, sers-nous, c'est la mienne.
      Mais oui bien évidemment, le sélecteur était à trois positions. Ce n'est qu'à partir des années 70 que le sélecteur à 5 positions sera commercialisé.
      Jimi jouait parfois avec les positions intermédiaires, c-à-d en coinçant, ou plutôt en "équilibrant" le sélecteur entre deux positions. Il aimait bien le son que procurait l'alliance du micro manche au central.
      On a parlé de positions, et non de sélecteur, nuance... hé, hé, hé... (mais c'est vrai que le texte peut porter à confusion).
      Mais que veux-tu, lorsque j'étais gamin, il était évident que lorsque l'on jouait sur une Strato, ou une imitation (bien plus souvent le cas), on devait utiliser les positions dîtes "intermédiaires" (humm... cette position "2/3", j'adore...). D'ailleurs ce n'était pas vraiment facile à faire tenir.
      Barman !! Une autre, siouplait !

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  2. Bientôt un sélecteur 6 9 ...
    Comme Frank Marino j'espère tous les matins lors de mon réveil ( on perd 1h ce Week end ) que je sache jouer comme Jimi... Arf'
    Un CD a avoir en priorité dans la multitude de CD : BLUES

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  3. C'est de la musique de PD
    Signé; Marine Le Pen

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  4. Farpaitement, peter !!

    Le problème de ce coffret et de tout ce qui est posthume d'Hendrix, c'est qu'il y a souvent ensemble des choses géniales et d'autres sans intérêt ...
    Globalement, il n'y a pratiquement plus rien d'inédit depuis des lustres, juste des compilations de compilations (en l'occurence pour ce coffret, il y avait déjà depuis longtemps un Cd simple officiel "Live at Winterland"), des extraits de concerts dispersés remis dans l'ordre dans lequel ils ont été joués, des remastérisations (certes par Eddie Kramer, son ingé-son et celui des studios Electric Lady) pour sonner de la mort de sa race, ...
    Les quatre albums officiels suffisent amplement ... le reste n'est que pour les fans purs et durs, nombreux, mais qui doivent être lestés d'un solide compte en banque pour faire face à l'avalanche des sorties posthumes ...

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  5. C'est cool de pas oublier Mitchell et Redding. De son côté Mitchell est juste incroyable, il surpasse ses contemporains de loin ! Et puis Redding est pas du tout mauvais, contrairement à ce qu'on dit ! Il avait un son assez énorme, était hyper solide, beaucoup plus technique que ses détraqueurs ne le laissent entendre (cf les albums/bootlegs Live de l'Experience justement). Et puis je reste persuadé qu'il a beaucoup apporté au côté "pop" du groupe, d'ailleurs on a bien vu, dès qu'Hendrix a changé de musiciens, ce n'était plus du tout le même style. Et puis pour les détraqueurs qui idolâtrent Hendrix leur idole et qui assument que Redding jouait faux en live, on dirait qu'ils n'ont jamais essayé une basse et une guitare ! Une basse se désaccorde beaucoup moins facilement qu'une guitare, surtout une guitare malmenée au vibrato comme Hendrix le faisait... Bref Monsieur Hendrix était complètement faux parfois( souvent), heureusement qu'il arrivait encore à sonner divinement bien ^^

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