mardi 15 novembre 2011

SLOW JOE and the GINGER ACCIDENT "Sunny side up" (2011) par Rockin-jl


Une bien belle histoire que celle de ce disque, une histoire improbable, un truc qui ne devrait même pas arriver dans l'industrie (quel vilain terme, comme si l'art était une industrie!) ultra formatée du disque, le genre de script que même à Bollywood ils oseraient pas produire (ben si, ils osent, voir "Slumdog millionnaire"...). Tiens ça me fait penser à Charles Bradley dont je vous parlais il y a peu ( no time for dreaming), un autre baroudeur soixantenaire  qui suite à un concours de circonstances a pu sortir un album.
Dans le cas présent  c'est par une rencontre en 2007 que va débuter cette histoire; d'un coté Slow Joe, "Joe le lent", 64 ans, qui a traîné ses guêtres de Bombay à New Delhi pour atterrir à Goa, a tâté de toutes sortes de petits métiers, de  l'enfer de la drogue, chanteur de rues ou de bars aussi.
De l'autre Cédric de la Chapelle, jeune guitariste lyonnais en voyage en Inde, qui passe par Goa, et sympathise avec le "rabatteur" d’hôtel qui les a alpagué. Vous l'avez deviné, un certain Slow Joe. L'amour de la musique va les réunir et dans la tête de Cédric une idée un peu folle : faire venir le Joe en France. Ça se fera en 2009 avec à la clé un passage remarqué qui en font l'attraction des Transmusicales de Rennes.


L'album qui vient de sortir est la suite logique ce cette collaboration, enregistré à Lyon, par Cédric et son groupe, the Ginger accident. Joe chante les titres qu'il a écrit, Cedric de la Chapelle est à la guitare, production, compos et arrangements, Alexis Morel Journel à la basse, Josselin Warengo aux drums et Denis Troufleau aux claviers plus tout plein d'invités au fil des titres, congas, tuba, saxo, violon, mandoline, farfisa, trompette, orgue hammond, banjo, piano et j'en passe, manquent que grelots, tambourins et fleurs dans les cheveux..
Et si je parle de fleurs dans les cheveux ce n'est pas par hasard tant le son vintage produit ramène à un rock psyché qui fleure les seventies. Pas du baba flower power, attention, mais le son des Doors, du West Coast Pop Art, et de tout un tas de groupes bien moins connus, de ceux qu'on trouve dans les compils "Nuggets" ou celles du label allemand Shadocks "Love peace & poetry" (Walflower complextion, Damon, Darius, Hunger,  etc).

D'entrée "Money mama" nous plonge dans cette atmosphère à la Doors, du rock enlevé avec une grosse partie d'orgue mais aussi des chœurs et des bruits… de cuisine et ce chant caractéristique de Joe, un peu détaché, mi-parlé parfois, et là encore le fantôme de Jim Morisson rode. Un chant peu académique, Joe est un parfait autodidacte, mais qui fait tout son intérêt comme le notait Luc B qui l'a vu en concert à Massy (les primeurs de massy). Suit "Love bug", plus pop psyché avec un passage de chœurs qui évoque certains titres des Beatles. Dans cette même veine "Doors" on aura "Brunette blonde" , orgue et  harmonies vocales à la Beach Boys, "When you're comin home", avec son orgue farfisa ou "Climbin on a mountain" . Et puis des petites curiosités: un titre en hindi "Ab Kahan Jayen Hum", reprise de la BO du film "Ujala" avec son banjo indien; "Juste one touch" avec Joe qui s'accompagne uniquement de ses mains et de bruits de bouche avec un final en scat; 2 titres "crooner" à la Elvis , un des modèles de Slow Joe ("give me your love" et  "So many dreams"); des ballades comme "cover me over" "back home soon" ou le pop/soul "inside of me", les jazzy "long long walk" avec sa slide et ses percus et "Roses singin'" et son jeu de piano.

On le voit des climats variés, et au delà de l'effet de curiosité autour de l'histoire de Joe, un vrai bon disque, attachant, avec de bonnes compos et une sacrée qualité musicale, d'ailleurs je m’aperçois que j'ai cité comme références les Doors, les Beatles, Elvis et les Beach Boys, y'a pire, non?




le clip de "When you're coming home":

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