lundi 10 octobre 2011

LOU REED - "Rock N Roll Animal" - (1974) par Philou "The Beast"


Comme un animal enragé ....

Enfin libéré du Velvet Underground qu'il a quitté juste avant la sortie du 4ème album "Loaded", LOU REED est au bout du rouleau en ce mois d'aout 1970. A 28 ans, exténué par la dernière tournée, il quitte New-York pour se mettre au vert chez ses parents et s'éloigne, par la même occasion du monde de la musique.
Après deux années de silence, le producteur Richard Robinson tente de le persuader de faire son come-back et de signer chez RCA. Convaincu, LOU REED part enregistrer à Londres.
En 1972, coup sur coup, il sort son 1er album solo "Lou Reed" (juin 1972), suivi du second, "Transformer" (décembre 1972), dont sera extrait "Walk On The Wild Side", son seul grand succès. Ses paroles, qui parlent d'un univers nocturne parsemé de travestis, de junkies, de violence, de sexe et son statut d'homosexuel shooté jusqu'aux yeux, en font le porte-parole des marginaux et des laissés pour compte de la société New-Yorkaise.
En 1973, dans l'album suivant, le très joyeux "Berlin", il nous conte l’histoire d'un couple enlisé dans la drogue, la violence conjugale, la maltraitance d'enfants, la prostitution etc ... bref un album ensoleillé, idéal pour bien commencer la journée.
C'est pendant les séances d'enregistrement de ce disque produit par Bob Ezrin, qu'il recrute pour sa prochaine tournée, les deux "killers" d'Alice Cooper, les guitaristes Steve Hunter et Dick Wagner.
Si "Berlin" essuie un échec retentissant dès sa sortie en cette année 1973, l’album de la tournée qui va suivre, "Rock N Roll Animal" va connaitre un succès colossal. Une des raisons majeures d’un tel carton est, évidemment, la présence exceptionnelle des guitaristes Steve Hunter et Dick Wagner, qui revisitent le répertoire du Velvet Underground en lui conférant un son beaucoup plus "Hard Rock", plus en phase avec les goûts des mid-seventies.
Les fans du Velvet hurlent à la trahison sous ce déluge de métal, les autres se régalent, en écoutant le grand brûlot rock de l'année 1974.

Sweeeet Jaaaane !!!!

Le concert a été enregistré le 21 décembre 1973 à l' Academy of Music à New-York et LOU REED va nous offrir (sans le vouloir)  un des plus célèbres albums en public de l'histoire du rock.
Un LOU REED "new look" marche sur ​​scène ce soir ... un espèce de mort-vivant décadent, d'apparence squelettique, vêtu de cuir noir, le crane rasé, son maquillage blafard et ses yeux entourés de noir tranchent avec son rouge à lèvres criard, il porte des bracelets à clous et un collier de chien à pointes. Il a avalé tous les Smarties qu'il a trouvé dans sa loge et il a un petit filet de bave blanchâtre qui lui coule au coin de la bouche ...


Après une introduction majestueuse de Steve Hunter, devenue un véritable moment d'anthologie, les 2 gratteux chauffent la salle avant l'arrivée du "Rock N Roll Animal", salué par par les cris et les applaudissements des spectateurs en furie. Dès le 1er riff de "Sweet Jane", le ton est donné : le son est énorme et le public est averti, ça va jouer fort et "hard" !!! Les accords sont simples mais terriblement efficaces, les deux guitaristes donnent un ton complètement différent à la version originale, la synergie entre Steve Hunter et Dick Wagner est énorme et va durer pendant tout le concert.
La version de "Heroin" s'étale sur plus de 13 mns et dans cette chanson revisitée avec urgence et férocité par le duo Hunter/Wagner, on ressent le poids tragique de nombreuses années passées sous l'emprise de cette drogue.  La folie pesante de la version studio laisse place à une profonde interpénétration entre le chant monotone, parfois hésitant de LOU REED et les interventions des 2 guitaristes fous furieux qui, de changements de rythme en accélérations, vous achèvent définitivement dans une orgie gigantesque de solos et de riffs à la fin du morceau.

Un punk rasé, entouré de 4 hardos chevelus....

Cette réédition excellemment remastérisée sortie en 2000,  nous propose deux morceaux supplémentaires, à savoir, "How Do You Think It Feels" et "Caroline Says" qui ne se trouvaient pas à l'origine sur le disque vinyle.
LOU REED entraine le concert dans l'urgence et la fièvre en faisant jouer son groupe encore plus fort et plus vite sur "White Light/White Heat" qui devient un morceau fleurtant avec le funk et le hard, boosté par la basse du phénoménal Prakash John.
L'hommage à Billie Holliday sur "Lady Day" vous prend carrément aux tripes, très triste et intense, magnifiée par l’orgue de Ray Colcord et les twin-guitares de Hunter/Wagner.
L'album se termine par une version fleuve de "Rock' N 'Roll" qui résume bien l'ambiance du concert : tendu et électrique, survolté par l'énergie dévastatrice d'un groupe extrêmement soudé, ce qui est par ailleurs très surprenant pour des musiciens qui n'avaient pas vraiment l'habitude de travailler ensemble. N'oublions pas de souligner également, l’impressionnante prestation à la batterie de Pentti Glan, sobre et solide à la fois.
Déconne pas Philou, il est pourri ce disque !

LOU REED, artiste sans concession, s'il en est, rejettera catégoriquement cet album, le jugeant trop dans l'air du temps, trop commercial. Quoi qu'il en soit, ce "Rock'N' Roll Animal" reste un disque superbe, un des ses meilleurs et certainement le plus célèbre album de LOU REED.

NB : "Rock N Roll Animal" et "Lou Reed Live" ne sont en réalité qu'un seul disque et devaient à l'origine sortir sous la forme d'un double album. La maison de disques, pour d'obscures raisons commerciales, en a décidé autrement en les faisant paraître à un an d'intervalle.
Si vous achetez les deux disques, cela vous permettra d'avoir le concert en intégralité...

Pour info,  la véritable set-list du concert :
Intro - Sweet Jane - How Do You Think It Feels - Caroline Says I - I'm Waiting For The Man - Lady Day - Heroin - Vicious - Satellite Of Love - Walk On The Wild Side - Oh Jim - Sad Song - White Light/White Heat - Rock And Roll.






7 commentaires:

  1. le seul Lou Reed que je parviens à écouter en entier avec "Transformer"

    Christian Selmogue

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  2. De Lou Reed, j'en profite pour recommander l'album "Coney Island Baby" (1976) que je trouve absolument sublime. Presque aussi joyeux et champêtre que le désopilant "Berlin" !

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  3. Et sinon, même pas un petit mot sur "Metal Machine Music"?...

    euh... comment ça "la sortie, c'est par là"? J'ai dit un truc qu'il fallait pas?

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  4. Non, non pas de MMM please .... un vrai supplice pour les oreilles !!!!

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  5. Bonjour.
    Je vous propose un petit tour par la
    http://bootblogger-lyoko.blogspot.com/
    pour en savoir plus sur Lou Reed
    Salut a+

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  6. Déjà été faire un p'tit tour sur ce blog...Excellent ! thanks...

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  7. Album tellement formateur du punk à venir, ne serait-ce que le look... on en reste baba.

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