samedi 25 juin 2011

WILLIAM BOYD - "La Femme Sur La Plage Avec Un Chien" - (2005) par Elodie


Entre William Boyd et moi, c’est une vieille histoire. Je l’ai découvert pendant mes années d’étudiante (le premier qui fait remarquer qu'effectivement ça ne date pas d’hier s’expose à des représailles sanglantes) et j’ai tout de suite été conquise par son humour, son ton décalé et sa capacité à nous embarquer avec lui dans ses histoires. Je n’étais pas la seule d’ailleurs puisque Bernard Pivot à la grande époque d’Apostrophes, avait même proposé de rembourser les lecteurs déçus par son roman "Comme neige au soleil" ! Depuis, si je ne me précipite pas sur chaque nouvelle parution signée Boyd, j’aime bien retrouver son univers. C’est donc en confiance et sans avoir pris la peine de lire la moindre critique que j’ai ouvert ce recueil de nouvelles paru il y a quelques années.

Pas grand-chose de commun entre ces différentes histoires, la quête de l’amour souvent, des vies sur le point de basculer aussi, une petite plongée dans la nostalgie souvent, mais pour le reste on voyage entre les Etats-Unis, l’Europe et la Russie de Tchekhov, on s’attache aux destins d’hommes ou de femmes d’âges, d’époque et de milieux variés. Comme bien souvent de ce genre de recueil, les textes sont de qualité très inégale, même si l’écriture de Boyd reste toujours aussi précise, et sa capacité à brosser des caractères en quelques lignes inchangée.

Malheureusement, il faut plus qu’une ou deux nouvelles intéressantes pour accrocher le lecteur. Et j’ai plutôt eu l’impression que Boyd s’était égaré lui-même dans ces brèves histoires qui m’ont dans l’ensemble plutôt ennuyée. Je dois dire que je me suis demandée parfois si j’avais bien saisi l’idée de l’auteur, tellement certains textes m’ont semblé vides d’intérêt, voire de sens. Comme Fascination qui entremêle passé et présent, avec deux rencontres que fait un homme à deux périodes de sa vie. Ou Carnet de notes n° 9, dans laquelle un producteur de cinéma évoque sa liaison avec une actrice (original, non ?). On en ressort avec un tel sentiment d’ennui qu’on se dit qu’on a forcément du louper quelque chose. Ou pas. Je ne sais pas ce qui est le plus gênant.

Il faut plus également que les qualités littéraires de Boyd pour sortir certaines histoires de la banalité. La première nouvelle, qui donne son nom dans la traduction française à l’ensemble du recueil, manque visiblement de piquant. Un homme rencontre une femme sur une plage, chabadabada, et compagnie. Pour retenir le lecteur avec une rencontre aussi simple, il faut parvenir à toucher au cœur. Il existe 1000 manières d’y parvenir, et c’est ce qui permet à la littérature ou au cinéma de continuer à nous faire vibrer avec un nombre de trames finalement limité. Sauf que dans ce cas précis on a tout bêtement l’impression que William Boyd ne s’est même pas donné la peine de nous accrocher un minimum. Et je doute que dans quelques semaines cette histoire banale m’aura laissé le moindre souvenir.

Seules deux nouvelles sortent du lot. Incandescence, histoire machiavélique de retrouvailles peut-être pas si fortuites, racontée à plusieurs voix, et Le fantôme d’un oiseau, qui évoque les derniers jours d’un soldat pendant la seconde guerre mondiale, et sa mémoire brisée entre amnésie et souvenirs fabriqués. Mais deux nouvelles sur neuf, cela fait bien peu et donne un recueil finalement passablement creux. Pire, William Boyd n’y a même pas imprimé sa signature habituelle, ce mélange de cocasserie et de tragique, qui donne à ses romans un ton particulier.

A moins d’être un inconditionnel de Boyd, ces nouvelles peuvent donc clairement être laissées de côté. Mais si vous ne connaissez pas William Boyd, surtout, n’essayez même pas d’ouvrir ce livre-ci et tentez plutôt de le découvrir à travers ses romans.



LA FEMME SUR LA PLAGE AVEC UN CHIEN (2005), Seuil, 196 p.










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