vendredi 24 juin 2011

JOE BONAMASSA - "Dust Bowl " - (2011) par Luc B.



Joe Bonamassa est le dernier petit prodige de la guitare blues (en attendant le suivant), connu pour avoir joué en première partie de BB King alors qu’il n’avait que 11 ans (le bambin sur la photo à gauche). Il sort son premier album à 23 ans (ne comptons pas les groupes qu’il avait montés avant cela) et en dix de carrière solo, ce n’est pas moins de 9 albums studio qui voient le jour. La rumeur commence à enfler, des albums comme YOU AND ME,  SLOW GIN (2006-07) se taillent un beau succès. Si ses influences sont assez marquées (il y avait dans les albums pré-cités des titres qui frisaient le plagiat de Led Zep, ou Steve Ray Vaughan) Joe trouve un son bien à lui, avec le très réussi THE BALLAD OF JOHN HENRY en 2009, un album ample, riche, doté d’une belle production. Avant cela, Bonamassa avait sorti un double live, LIVE FROM NOWHERE, en 2008, un peu boursouflé parfois, où le jeu consistait à retrouver tous les riffs piqués à ses idoles…

Cette année, Joe Bonamassa nous livre DUST BOWL, nom donné à une série de tempêtes de sable qui s’est abattue sur le Middle West américain dans les années trente, en pleine dépression, causant des dégâts considérables. Ça devrait sentir bon la poussière et la rocaille. Et ça commence joliment avec ce « Slow train »  (une composition de Bonamassa) par une caisse-claire qui imite le son d’un train à vapeur qui démarre, ponctué par la basse, alors que la guitare de Bonamassa résonne, prend de l’ampleur, avant que la loco ne se lance sur un tempo 12/8. Une belle entrée en matière, le batteur nous faisant comme mesurer l’urgence face à la tempête qui approche, par des breaks redoublés. Le son de Bonamassa est là, désormais reconnaissable entre mille, toujours énorme et sans fioriture. Mais hélas, la suite ne reste pas au niveau. Le titre « Dust Bowl » est assez quelconque, malgré cette guitare très 50’s, et c’est le troisième morceau « Tennessee Plates » qui emballe davantage, un rock’n’roll avec piano bastringue, qui n’est pas sans nous rappeler Steve Ray Vaughan et son « Love struck baby ». John Hiatt (country-blues singer de renom) est invité à partager le micro, et les deux compères nous offrent un joli duel de guitares. Après un slow blues un peu lourdingue, et un folk Led Zeppelien hélas plombé par une batterie énorme, Joe donne dans le classique, avec un shuffle impeccable « You better watch yourself » une reprise de Lightnin’ Hopkins, et un petit chorus de piano bien venu. L’ombre de Stevie Ray plane encore une fois au dessus du studio…  Sur « The last matador » c’est une trompette qui s’invite, chouette, mais rapidement les bonnes vieilles habitudes reprennent le dessus, et le gros son revient plomber l’ambiance, qui perd de l’altitude. Dommage. A noter la présence de Glen Hugues (ex Trapeze, Deep Purple) sur le très 70’s « Heartbreaker » (une reprise de Free), mais hélas, Joe ne possède pas l’organe de Paul Rodgers... Et on se souvient que les deux compères avaient déjà croisé le fer, sur « Black Country Communion 1 et 2 » avec un certain Jason Bonham à la batterie.  « No love on the street » nous rappelait un Deep Purple des années 80 (pas franchement la meilleure période, mais on se souvient que Joe Bonamassa dans son LIVE FROM NOWHERE citait dès le premier titre le riff de « Perfect Stranger »). Ca se remue un peu plus (enfin !) sur « The whale that swallowed Jonah » (compo de Bonamassa), et un très bon « Sweet Rowena » avec Vince Gill en duo à la voix, plus léger, swinguant et un  peu country sur les bords. Bonamassa n’y force pas sa voix, le piano virevolte, c’est du classique, oui, mais certainement le morceau le plus agréable de l’album, qui se termine sur « Prisoner » un slow hard FM sans intérêt, et qui nous renvoie au pire des années 90. 

Joe Bonamassa nous offre un album sans surprise. Je m’étonne des lauriers que l’on tresse sur sa tête à l’occasion de ce DUST BOWL. C’est du pur Joe ! L’album de la maturité ! Mouais, mais disons que j’attendais un peu plus de ce musicien, toujours aussi virtuose, mais qui plombe ses arrangements avec ce gros son, qui à mon sens ne sied pas au genre. Ou alors, allez voir du côté de Buddy Guy et de son SWEET TEA en 2001, dans le genre "mastodonte sound" c'est d'un autre calibre ! C’est la production qui cloche chez Bonamassa. Un nouveau style, le rock-blues FM, bien calibré, mais sans prise de risque, et à mon sens, de moins en moins personnel, qui cherche à ratisser un large public. Pourquoi pas, la démarche en elle-même ne manque pas d'argument. Sauf qu'il n’y a pas franchement de morceau qui surnage dans cet opus, de titre échevelé, la pépite lumineuse qui nous ferait dire : ce type a vraiment tout compris. Bref, c’est propre, mais on ne vibre pas franchement à l’écoute de ces douze titres, dont quatre ou cinq tourneront en priorité sur nos platines. Un disque plus graisseux que gracieux... (c'est un peu vache, mais c'est histoire de placer un bon mot!). Bref, la météo s’est plantée : DUST BOWL n’est pas l’ouragan de l’année…






Désolé, pas de sous-titre...  Joe Bonamassa parle de son album.



Le titre "Dust Bowl" en live... Et non, ce n'est pas "Shine on your crazy diamond" des Pink Flyod, comme on pourrait le croire au début.


Chronique écrite initialement pour la revue BCR, n° de juin 2011

NB : Joe Bonamassa sera en concert à Paris, le 19 juillet, au bataclan, avec Glen Hughes et Jason Bonham...
DUST BOWL (2011) de Joe Bonamassa, 12 titres, 63 minutes

1 commentaire:

  1. "Boursouflé", c'est le mot. Je ne connais pas son dernier, mais c'est déjà l'impression que m'avait laissé le précédent. Il me semble que "The Ballad of John Henry" aurait été tellement mieux avec une production plus sobre. Il avait trouvé le juste milieux avec "Sloe Gin" .
    Bonamassa a de nombreuses compétences, toutefois il n'est point nécessaire d'en faire des tonnes pour être bon. "Less is more", comme disait l'autre.

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