vendredi 22 avril 2011

RANGO (2011) de Gore Verbinski, par Luc B.


DOUBLE SÉANCE SPECIALE KIDS !
Ce vendredi, et demain...

Un dessin animé qui ne sort pas des usines Pixar, ça se fête ! C’est la Paramout qui s’y colle cette fois, et ils n’ont pas à rougir de la comparaison.


Alors de quoi s’agit-il ? D’un lézard (ou caméléon ?) domestique, qui à la suite d’un accident de voiture, se retrouve sur une route d’Arizona. Il croise un tatou philosophe, qui lui indique le chemin à suivre… Le lézard, assoiffé, sous un soleil de plomb, trace sa route, évite d’être bouffé par une buse, et rencontre une jolie lézarde, qui l’amène jusqu’à Dust City, la ville de la poussière. Les habitants y attendent leur sauveur, celui qui ramènera l’eau jusqu’à la ville, car mystérieusement, les vannes sont coupées. Notre joyeux lézard, histoire de se donner de la contenance, raconte qu’il est une des plus fines gâchettes de l’Ouest, qu’il se nomme Rango. Et le voilà nommé shérif, par le maire, avec comme responsabilité de sauver Dust City de la sécheresse…

Bon, à vrai dire, RANGO commence plutôt mal. Ou plutôt commence trop classiquement, comme on le voit dans deux dessins animés sur trois. Le coup de l’animal des villes, que de la frime, de la tchatche, des œillades, mais qui en réalité n’a rien dans le froc, et doit tout au hasard. (Le rat des villes et le rat des champs... il avait un copyright La Fontaine ?) Et puis y'a ce tatou, qui nous balance des sentences du genre : « pour voir la lumière, il faut d’abord voir la nuit » et autre "on n'échappe pas à son destin"… Mouais. Je rappelle au passage que la guerre c'est pas beau. La réflexion sur la quête d'identité fera long-feu. Mais il y a ce groupe de hibou-mariachi, qui intervient régulièrement à l’image, et ça, ça me fait marrer par contre ! Il est clair que ce qui intéresse Gore Verbinski (à qui on doit le très sympa « Wheather man » et « Pirates des caraïbes ») c’est de se replonger dans le monde de far west. C’est pourquoi le film devient beaucoup plus intéressant une fois Rango arrivé à Dust City. Et là, mes amis, le boulot des graphistes est tout bonnement phénoménal. Des Pixar et Cie, on en a vu des tonnes, des bestiaires improbables, des créatures de toutes sortes. Mais là, ils se sont surpassés. Tortues, chats, fouines, taupes, belettes, écureuils, iguanes, loutres, rats… les personnages sont fabuleux, tous avec des trognes de travers, balafrés, bossus, éclopés, borgnes, boiteux… La palme revient à une bestiole qui a une flèche plantée dans l’œil droit, qui ressort par la nuque. Quand on lui dit "t’as un truc à l’œil" il montre l’œil gauche et répond "le rouge ? c’est de la conjonctivite !". On pense immédiatement à la bédé BLUEBERRY, et bien sûr à la référence majeure de ce film : IL ETAIT UNE FOIS DANS L’OUEST, dont la trame est proche. Comme d’habitude, les références se bousculent aux portillons, pas sûr que les petits spectateurs y soient sensibles, mais les amateurs de westerns se régaleront (déjà le titre, Rango, Django...). La scène du troquet, où Rango raconte ses exploits imaginaires, et où un colosse arrive au bar, fait taire tout le monde, est absolument somptueuse, d’une beauté confondante, dans la lumière, le cadre, et les rendus de textures.



Alors... 1, 2, 3... 7 ! Comme les mercenaires !
Au bout d’un petit moment, le spectateur aguerri aura compris de quoi il retourne. D’autant que j’ai retrouvé aussi l'histoire de CHINATOWN de Polanski, même que le maire véreux de Dust City a des faux airs de John Huston, qui jouait les salopards aux côtés de Nicholson. Mais au moins, on échappe aux sempiternelles leçons d’écologie. Je n’ai rien contre, mais à force c’est un peu lourd… Dommage tout de même que les scénaristes ne se soient pas fendus pas un peu plus, en rebondissements, surprises, inattendus, thèmes ou personnages secondaires. Je pense à la virée sous terre, pour suivre les canalisations, qui aurait pu être prétexte à beaucoup d’aventures. Mais nous avons droit à une belle poursuite, mélange d’AVATAR (les chauves-souris remplacent les dragons) et de GUERRE DES ETOILES, avec le canyon qui rappelle furieusement la surface de l’Etoile Noire (avec les chauves-souris qui explosent en vol !). On aura aussi croisé deux types défoncés dans une voiture (« LAS VEGAS PARANO » de Terry Gilliam), et les amateurs de Spaghettis auront reconnu le chapeau de Lee Van Cleef, sur la tête du méchant (un vrai bon méchant, sadique et cruel), un serpent à sonnette, dont la queue se termine par un colt ! Il finit par se retourner contre son patron en fauteuil roulant... tiens tiens, comme Henry Fonda dans... Le plus beau étant, lorsque que le petit héros, en pleine phase de doute, se cherche un guide spirituel, il tombera sur… Clint Eastwood, superbement dessiné, avec cette moue des lèvres caractéristique. Le générique de fin (restez, il est superbe) reprend une musique à la PULP FICTION, et des dessins monochromes, comme le générique de LE BON LA BRUTE… A Hollywood, rien ne se crée, tout se transforme ! Mais le recyclage est de qualité. 


C'est-y pas un plan à la Leone, ça ?!
Le film se termine en toute beauté, face à face finale, mise en scène impeccable, cadrages ingénieux. Du très bel ouvrage. Si le rythme n’est pas toujours soutenu, si cela manque parfois de surprise, les gags sont là, classiques mais efficaces, mais surtout Gore Verbinski s’est régalé à récréer le western d’antan, bourre son film de références, et le soin apporté aux images laisse pantois. Et la version française nous évite les Elie Semmoun et autres Alain Chabat, ce qui n’est pas plus mal…


Avis enfant 1 (strictement retranscrit) : « Je vous conseille d’aller à ce film, et je vous promets que vous rigolerez bien. L’histoire est très intéressante, il y a beaucoup de suspens. Les dessins sont très réalistes, mais il y a une scène un peu brusque (le serpent et quand le faucon attaque) ».


Avis enfant 2 : « Les dessins étaient rigolos ». 

Gardez vos tickets, demain, on remet ça !







RANGO
Réalisé par Gore Verbinski
Couleur - format scope 2:35 - 1h40

4 commentaires:

  1. C'est forcément pour moi !

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  2. et pour moi l'amateur de westerns ! deja le nom de Rango est peut etre un clin d'oeil aux "Ringo" avec G. Gemma dont je parlais ici meme il y a quelques temps.

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  3. Quant à moi qui ai vu les Sergio Leone à leur sortie fin des sixties, ça me tente bien....

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  4. J'ai vu ça hier dans un avion ( pas l'idéal niveau images ), super film en effet ! L'histoire est un peu fourre tout, mais des personnages chiadés limite "gore" et plein de scènes superbes. Un bon moment et un sacré boulot !

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