A priori, ce bonhomme-là ne paie pas de mine, un physique passe-partout, moustachu, plutôt bedonnant ces dernières années (il a 70 ans), avec comme seule coquetterie des lunettes de soleil aux verres fumés. Et pourtant, ce type, outre Atlantique, est quasiment une légende, une des très grandes voix de soul. Qualificatif assez réducteur pour ce natif du Texas, qui en réalité touche avec le même bonheur au rock’n’roll, au blues, à la country, bref, tout ce qui fait la musique pop américaine telle qu’on l’aime.
Delbert McClinton voit donc le jour en 1940, et au début des années 60, il monte The Straitjackets, son premier groupe, qui chante essentiellement des reprises de Howlin' Wolf, Lightnin' Hopkins ou Jimmy Reed. On peut trouver pire pour commencer… Delbert chante, et joue aussi de l’harmonica. La légende veut qu’en tournée en Angleterre, en 1962, il croise un certain John Lennon, et lui apprenne les rudiments de l’harmonica. A partir des années 70, il mâtine sa soul de country, monte un duo avec Glen Clark (texan lui aussi), puis s’en sépare pour choisir une carrière solo. Il écrit un tube pour Emmylou Harris, voit une de ses chansons reprises par les Blues Brothers « B Movie Boxcar blues », et sort un autre tube « Givin’ it up for your love » (si si , vous connaissez, c’est célèbre !).
Les années 80 sont plus difficiles, et à la fin de la décennie il renoue avec le succès en signant chez Alligator Record (jusque là il travaillait indifféremment pour toutes les maisons de disques) et sort en 1989 un disque en concert « LIVE FROM AUSTIN » dont les bandes avaient été enregistrées sur une tournée de 1982. Depuis le monsieur collectionne les récompenses, écrit pour Bonnie Raitt, enregistre albums sur albums, et en 2003, lors d’une tournée européenne, il grave ce double CD live, à Bergen.
Un live qui commence très fort avec « Old Weakness » un rock mid tempo, légèrement country, aussitôt enchainé avec « Leap of face », une petite tuerie swinguante avec chorus à gogo. La voix de McClinton fait des merveilles sur ce type de tempo, l’usure du temps bonifie encore plus son chant, avec des fins de phrases qui se prennent dans la gorge, les petits hurlements rugueux, à la James Brown. Pour cette tournée McClinton est entouré de Rob McKelly à la guitare (un vétéran de Nashville), Kevin McKendree aux claviers, et à la rythmique un duo bien en place, très pro (George Hawkins à la basse, et Lynn Williams à la batterie). La fête ne serait pas complète sans une petite section de cuivre, Terry Townson à la trompette et Don Wise au saxophone. Tout les intervenants ont leur place, prennent des solos, sans que les morceaux ne soient pour autant très longs (4 ou 5 minutes en moyenne, et très rapidement enchainés). Delbert McClinton écrit les textes de ses chansons, la plupart étant composées par Gary Nicholson. Nicholson qui collectionne aussi les Grammy Award, et a enregistré avec la crème bluezy (BB King, Junior Wells, Etta James, Neville Brothers…).
L’harmonica est de sortie sur « I wanna thank you baby », sur un tempo shuffle renversant, un walk de basse à se damner, type de chanson que McClinton affectionne, puisqu’il nous ressort aussi dans le même genre « Maybe someday baby » un morceau dantesque, un riff de cuivre à mourir, une intro coup de poing, quoique moins intense que la version du LIVE FROM AUSTIN, 20 ans plus tôt, mais où Delbert avait deux ou trois cuivres de plus sur scène pour pousser la locomotive swing. Et encore cette voix faussement usée (mais puissante), granuleuse, chevrotante juste ce qu’il faut, (notre homme connaît tout les trucs…). On a droit aussi à une reprise de Otis Redding (« I’ve got dreams to remember »), des morceaux plus contry-root comme « Squeeze me in », ou « When Rita leaves », des blues lents commme « Rebecca rebecca », mais le rythm’m’blues-soul très swing reste le genre le plus abordé, avec encore « Going back to Louisiana » ou « B Movie Boxcar blues » allongée ici à 8’45, avec un long chorus d'harmonica. Sans oublier son tube "Givin' it up for your love", ritournelle impeccable, que l'on garde en tête dès la première mesure.
LIVE FROM AUSTIN, 1 vinyle 11 titres, sorti en 1989 chez Alligator, et disponible aussi en DVD. La version de "Maybe someday baby" qui ouvre le disque, est le genre de morceau que j'emporterai volontiers dans la tombe !
Bref, c’est simple, ça coule tout seul, on se régale, on danse, on claque des doigts, on se frappe la cuisse, on en redemande, et on réécoute cela sans se lasser. Delbert McClinton est un grand chanteur, un grand interprète, un showman rompu au genre, affable, élégant, et ce CD propose un large panorama de la musique américaine.
Alors… Je regarde les pré-requis techniques au dos du disque… mouais, c’est bien ce que je pensais, convient à toute personne ayant au moins deux oreilles accrochées de chaque côté du crane.
Très peu de vidéo concernant Delbert McClinton. La tournée de 1982 à Austin a été filmée, mais les extraits disponibles ne reflètent pas le style du CD de 2003. "Roll the dice" ne fait pas partie du cd chroniqué.
Delbert McClinton « Live » (2003) double CD 19 titres, 90mn
Delbert McClinton « Live from Austin Tx» (1989) 11 titres, 40mn
Ah, excusez-moi, on m’appelle…
- Oui Rockin’ ? Keskitarive, t'as l'air tout enervé ?
- M'en parle pas, encore un coup de fil de Google, ils veulent toujours nous racheter, je les ai envoyé paître !
- T'as bien fait, y' zaurons pas not' peau ! Prends un coup de cidre, réserve personnelle, j'ai du far aussi. Au fait tu connais Delbert McClinton ?
- Evidemment !
- Je viens d’en causer… tu veux rajouter un truc ?
- Pourquoi pas… Pouaaarg, dégueu ton far d'où tu sors ça ?
- Ben de chez Auchan, c'est la semaine du "goûtons nos belles régions"... pourquoi ?
"So far away from me" de Dire Straits aurait été inspiré à Marc Knopfler après un séjour culinaire chez Rockin'...
- Beurk, note, je te donne la vraie recette : 250g de farine, 4 oeufs,1 litre de lait, 1 pincée de sel, 1 cuillerée à café d'huile, des pruneaux, et évite les ingrédients premier prix le résultat sera meilleur.Tu mélanges tout ça, sans oublier d'enrober les pruneaux de farine qu'ils ne retombent pas au fond, puis mettre au four le mieux est dans un poëlon en terre cuite bien beurré. Le truc de Madame Rockin : 10mn à four trés chaud pour saisir et avoir une belle croute dorée, 20mn à feu doux, puis 10mn à nouveau à four chaud.
- Cool... Tiède, c'est encore meilleur, alors je schronch miask miask slurpp, tu reslurp sers un coup d'ciorpss kraouchhh... Allez, à Delbert ! A propos, une rubrique culinaire, ça te dirait ?
- pourquoi pas, pourquoi pas...
Le rapport entre Delbert McClinton et le far breton ? Aucun. C'est ça qui est beau.
J'ai tout noté ! Surtout la recette.
RépondreSupprimer"Givin'it up for your love", c'est pas Tina qui l'a (aussi) reprise ?
Exact ! Les deux versions sont disponibles sur youtube... dont celle de McClinton tirée de "Live from Austin Tx".
RépondreSupprimerC'est bien simple. Mc Clinton n'a jamais sorti un mauvais disque, voire un mauvais morceau. Je fais tester la recette par Mme ce week-end.
RépondreSupprimerpetite precision, quand au bout de 40mn vous sortez le far du four, il peut etre encore assez liquide, c'est normal, c'est en refroidissant qu'il va prendre. bon app'
RépondreSupprimerDebert McClinton a également chanté sur l'excellent "Dancin' on the edge" du non moins excellent Roy Buchanan.
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