dimanche 22 août 2010

ELECTRIC DUO "Low Class Blues" (2010) par Bruno


Tribal Blues-rock, épicé techno.

     L'Electric Duo c'est avant tout Jack Bon, guitariste-chanteur-compositeur, qui gagna ses lettres de noblesses, dès les 70's avec Ganafoul (groupe de Givors, qui avec son Heavy-boogie-rock torride et direct, eu son heure de gloire dans le milieu rock national). Jack Bon qui, à l'instar d'un Patrick Verbeke, a trimballé sa carcasse pour prôner les valeurs du Blues (acoustique comme électrique), contre vents et marées, via notamment des conférences agrémentées de concerts. Son jeu est versatile et éclatant, d'une maîtrise avérée, toujours ancré dans le Blues, du traditionnel au plus Heavy (sa première grosse influence, le facteur déclencheur, est Freddie King).

     Ensuite, il y a Eric Delbouys, batteur et percussionniste, dont l'influence clamée haut et fort de John Bonham, se ressent dans une frappe lourde et franche. Faut que ça cogne. Cependant, ce serait un Bonham emprunt d'une culture techno, la batterie s'inspirant parfois des patterns des boîtes à rythmes (mais ici, l'effet n'est plus le même, c'est vivant). A cela il cumule les rôles d'harmoniciste, choriste, de joueur de guembri (instrument à cordes d'origine Guinéenne, que l'on retrouve beaucoup en Afrique du Nord, surtout au Maroc), et surtout d'arrangeur. Il est l'instigateur des divers effets électroniques. Apport résolument moderne, en interconnexion avec un Blues-rock vigoureux, séminal. Un apport jamais envahissant et qui sait s'effacer lorsque le besoin s'en ressent ; certains titres en sont donc exemptés.

     D'entrée, cela démarre par un riff heavy-country-blues joué sur une guitare saturée passée dans un ampli genre Fender Tremolux en fin de vie, poussé dans ses retranchements - rappelant dans une certaine mesure le « Rhythmeen » de ZZ Top - ; une batterie métronomique, appuyée (avec un petit air de rythme Pow-Wow), une voix carnassière, éraillée, usée, désabusée, s'impose (le chant de Jack a beaucoup progressé depuis Ganafoul). Des samples, des bidouillages électroniques viennent habiller, consolider, une atmosphère lourde : le bien nommé « World of Pain ». Suit un « Good News », qui marche sans complexe sur le territoire des barbus texans ; même quelques couplets évoquent Billy Gibbons. Puis, une version rouleur-compresseur haut-de-gamme du "I ain't Superstition" de Willie Dixon. Accalmie avec « Louisa », entre Country-blues, Americana, Folk-Rock, une sensibilité magnifique d' écorché. Merci Jack. « My head on your Breast » (11ème titre), à la slide, est du même tonneau, un petit degré en deçà.


La qualité diminue quelque peu avec les « I'll be Happy », « Nervous Boogie » (entre Canned Heat, Gwyn Ashton et la face live de « Fandango »), « Drunk Again » (un « Higelin-blues »), et « Days are gone so fast » (du Tom Waits défaitiste effleurant l'acid-folk-rock de San-Francisco des 60's, avec Eric à la guitare). On repart sur du costaud, du très bon, avec « Hey You », bien qu'intronisé par un gazouillis électronique crispant, s'impose avec une guitare improvisant autour d'un riff puissant, ponctué de passages rappelant le « Scars » de Gary Moore. Puis, </ style="FONT-STYLE: normal" align="justify">« Meet me in the Bottom », encore un titre de Willie Dixon transcendé, bousculé, malmené, entre techno vaudou et blues-rock rugueux. Et enfin, « Low Class Guy » (autobiographique), slide hypnotique, rythme techno appuyé par la batterie infaillible d'Éric.

L'album se clôture sur le traditionnel « Pick a bale of cotton », dans une version Punk.

Le tout sur une production énorme qui donne l'impression d'avoir été enregistrée live, sans overbuds (est-ce le cas ?). Le son est ample, charnu, organique.

     Une sorte de Blues-rock tribal, (tantôt plus Rock que blues), parfois aux senteurs technoïdes (jamais prégnantes), qui rappelle de tant à autres, parfois subtile mélange, Jesus Volt, Little Bob, Rory Gallagher, Black Keys, ZZ-Top, Chris Whitley, Howlin' Wolf, Gwyn Ashton, The Mighty Orq, Thorogood.

     Alors qu'il s'affiche sur le clip et les photos du CD avec une Ampeg « See Through » de Dan Amstrong (le fameux modèle en plexiglas), Jack est, depuis ses débuts, un fervent adepte de la Fender Stratocaster ; et, c'est évident cette dernière est bien présente.

      Bien que daté de 2009, le CD n'est disponible que depuis le 5 mars 2010. Auparavant, il n'était disponible que par téléchargements. Ces derniers auraient été même effectué depuis l'Australie et les USA.

10 compositions et 3 reprises, 42 mn 10.




(composition de Willie Dixon)
     Il est tout de même navrant d'avoir en France un musicien de la trempe, du niveau, de Jack Bon, qui reste inconnu des médias et du public de masse. Il serait temps de réhabiliter ce musicien de talent.

4 commentaires:

  1. Du costaud !
    Etonnant ces duos guitares-batterie, j'en entends de plus en plus. Je ne pourrais pas citer les noms, mais c'est une formule que l'on dcouvre davantage ces dernières années...

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  2. Tout à fait Luc, et celle-ci me semble une des meilleures ! Voilà, c'est dit ! 5 jours que cela tourne en boucle (voiture, boulot, zonzon), et même "I'll be happy" que je trouvais "moyen +" commence à s'incruster dans mon cerveau.

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  3. un duo guitar batterie : Burnisde/Malcom (album : 2 man working crew ) mais en plus "mississipien ". Sinon c'est également un peu le son de Boo Boo Davis qui chante avec derriere lui guitare et batterie : http://www.youtube.com/watch?v=SHYh-lNd4Rg

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  4. Mouais, effectivement, il y a un peu de Boo-Boo Davis (mais je ne connais pas trop - juste par internet), notamment du côté batterie, mais Electric Duo est largement plus Rock.

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