Blues-Rock extra-terrestre, (ou Hendrix n'est pas mort. Il est blanc et joue dans le New-Jersey en 1998).
Ou comment un trio sorti de nulle-part, met les auditeurs imprudents K.O en moins de cinq minutes, rien qu'avec le titre d'ouverture, « Dancin' on my grave » ; sorte de shuffle-blues-rock-speedé, épique, entre le surfin'-blues instrumental du Freddie King des débuts et d'un shuffle frénétique (style "Scuttle Buttin'" de Vaughan), où s'interfèrent des chorus à la Satriani (sans l'habillage particulier d'effets divers) !! Où la célérité se dispute au feeling. - Ah ! Tu croyais savoir jouer de la gratte ? Et bien, prends-toi ça dans la face, et tu redescendras sur terre.
Et plutôt que de ressortir la même recette, et aussi histoire de faire refroidir les soupapes, pour le titre suivant, Les Stingers enchaîne avec un rythme chaloupé, parsemé de phrasés portant tantôt l'empreinte d'Hendrix, tantôt celle de Stevie Ray Vaughan, pas moins inspirés.
"Venus or Bust"Photo reprise pour le verso du CD distribué par Dixiefrog, avec, de gauche à droite, Bob Butterfield, Bill Cherensky et Bernie.
Pas mal de titres portent la marque indélébile de Jimi Hendrix (d'ailleurs cité dans la chanson, et certainement l'influence majeure de Bernard "Bernie" Brausewetter). Dont les plus évidents sont, « Find me that Woman » qui emprunte la wah-wah de « Up from the skies », mais en accentuant le côté jazzy ; ainsi que « Hepless » qui utilise à bon escient les « voicing » chers au Gaucher (un soupçon de « Wait until tomorrow »), mais ici dans une optique presque Pop ; le titre le plus carré et accessible du CD. Sans oublier « Both side of the Fence ».
Tandis que la "chanson-titre" nous renvoie illico à la deuxième partie du faramineux « Too Rolling Stoned » de Robin Trower ; ici étayé de breaks Heavy, d'autres débridés, schizophrènes (un peu à la Zappa).
Le reste est à l'avenant, entre Blues-rock iconoclaste incendiaire et celui des maîtres mentionnés, le tout servit par une technicité irréprochable.
Le disque se termine sur l'instrumental "Surfin' With Les" (hommage à Les Paul ?), du Stray Cats sous amphétamines.
Une seule reprise : une excellente relecture de "Live the Life I Love" (popularisé par Muddy Waters).
En fait, Bernie Brausewetter mélange allègrement, avec une facilité déconcertante, le Blues-Rock Texan (principalement celui de Freddie King et de Stevie Ray Vaughan), la Surf-music (de Freddie King, encore, et Dick Dale), le Blues-psychédélique d'Hendrix (beaucoup), le Blues-Rock cosmique de Robin Trower, le Blues élégant de Robben Ford, le Heavy-Rock, notamment celui de Joe Satriani, avec une touche de Jazz-rock allumé, et une touche de Zappa (Franck et/ou Dweezil) également. Petit point faible de Bernie, sa voix, comme nombre de ses pairs guitaristes, est ici plus un accessoire obligatoire. Agréable, mais sans plus.
On retrouve une forme d'humour aussi bien dans ses paroles et chansons aux titres évocateurs (« Dancin on my Grave », « Ass hole behind the desk », « 1st blues band on Venus »), que dans certains phrasés de guitare, ainsi que parfois dans la structure (les breaks de dingue). Ce qui nous ramène là aussi à l'univers d'un Zappa. Une voie que l'on ne peut emprunter sans une très grande maîtrise de l'instrument.
Bernie joue exclusivement sur Fender Stratocaster, qu'il malmène souvent de son vibrato (toujours de façon musicale et non anarchique). Peu d'effet si ce n'est l'indispensable Wah-Wah et certainement un booster ou une overdrive genre Tube Screamer.
Considéré dans le Tri-State (en gros New-York , New-Jersey et Connecticut), comme l'un des meilleurs guitaristes au monde, doublé d'une réputation d'un gars humble et généreux, serviable, très apprécié de ses pairs, ce grand bonhomme rondouillard, finira ses jours prématurément le 15 avril 2007, dans un semi-anonymat ; du moins, en ce qui concerne au-delà de "ses" frontières. En France, excepté naturellement la publicité de Dixiefrog (qui diffusa le précieux objet), seul le magazine "Guitar & Bass" écrivit un court article sur ce groupe, et présenta "1st Blues Band on Venus" en tant qu'album du mois.
Ce musicien avait pourtant commencé sa carrière à 17 ans, au début des 70's. Après le passage obligé dans les clubs, il fut rapidement remarqué par le producteur Tony Camillo (Gladys Knight, Eric Carmen, Grand Funk) qui le prit comme musicien de studio. Parallèlement, il continua de jouer dans les clubs. Dans les 80's il forma les Attaboys (entre Rock fusion et AOR, où Bernie en met déjà plein la vue), puis dans les 90's les Stingers. C'est avec cette formation qu'un relatif succès commença à lui sourire. Notamment en accompagnant des artistes tels que Rick Derringer, Johnny Winter, Robin Trower et Danny Gatton. Ils gagnèrent même un concours musicale en 99, avec Steve Vaï au jury, qui les rejoignit sur scène. Dans les années 2000, leur réputation ne cessa de croître. Hélas, la santé de Bernie se détériorera.
Rendons également hommage à la section rythmique, les vétérans Bob Butterfield (déjà présent dans las Attaboys) à la batterie, et Bill Cherensky à la basse (Sonny Rhodes, Frankie Lee). De vrais maîtres d'oeuvre qui participent à la cohésion et l'efficacité de l'ensemble, en n'étant jamais pris en défaut par les prouesses de B.B.
62 mn 50 pour 13 titres
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