samedi 24 juillet 2010

QUI A PEUR DE VIRGINIA WOOLF -Mike Nichols (1966- NB) par Foxy Lady


RICHARD BURTON / LIZ TAYLOR , A LA VILLE COMME A LA SCENE ..
" Who’s afraid of Virginia Woolf ? " (Qui a peur de Virginia Woolf?) est un film américain réalisé par Mike Nichols, sorti en 1966, et adapté de la pièce éponyme d’Edward Albee. Alors âgé de 35 ans, Nichols sort ce premier film éblouissant, sans doute le plus marquant de sa carrière, avec " Le Lauréat " .
Martha et Georges sortent d’une soirée bien arrosée à la faculté où Georges enseigne l’histoire et dont le père de Martha est le doyen. Ils ont invité un jeune couple à terminer la soirée chez eux. De verre en verre, un jeu cruel s’installe entre les 2 époux, qui se livrent sous les yeux des nouveaux venus à une joute verbale violente et assassine…
Le film s’ouvre sur une musique nostalgique signée Alex North, étrange instant de plénitude où le temps semble suspendu. Ce moment de calme est de courte durée dès lors que l’on aperçoit 2 silhouettes titubantes dans la nuit noire et que le rire de Martha (Elisabeth Taylor) brise définitivement la quiétude dans laquelle on est installée.

Mike Nichols filme les excès et les passions d’un couple en pleine déchirure, dont la seule raison d’exister semble être l’affrontement et les coups bas. Elisabeth Taylor est hallucinante dans ce rôle de femme névrosée totalement incontrôlable, agressive et sensuelle. Son interprétation lui valut d’ailleurs l’Oscar de la meilleure actrice en 1967. Le film remporta d'ailleurs 4 autres oscars (meilleure actrice dans un second role pour Sandy Dennis ; meilleures photos, direction artistique et création de costumes) . Face à Liz Taylor, Richard Burton (Georges) est prodigieux dans son rôle de mari humilié et cynique. Les répliques cinglantes et abruptes fusent de toute part, l’interprétation du couple Burton-Taylor est criante de vérité et ne nous laisse aucun répit.
Au milieu de ce jeu féroce et haineux, on ressent chez les époux un amour véritable teinté de complicité qui rend le film moins irrespirable. Unis à la ville comme à la scène, le choix de ce couple mythique ayant défrayé la chronique
par leur relation tumultueuse n’est sans doute pas anodin. Ils donnent à leurs rôles toute la frénésie dont ils sont capables, poussés dans leurs retranchements et à la limite da la transe .

Bien qu’excellents, les seconds rôles de Honey (Sandy Dennis) et Nick (George Segal) sont presque éclipsés par la performance de leurs aînés. Le personnage de Georges est empreint de lassitude, piétiné par cette femme enragée et néanmoins fragile. Leur relation est presque sado-masochiste, ils semblent ne pouvoir vivre ensemble mais encore moins l’un sans l’autre… Et puis, il y a l’image de ce fils qui doit passer le lendemain pour son anniversaire, Martha a eu le malheur d’en parler à Honey et il semble que Georges ne lui pardonne pas cette maladresse… Est-il à l’origine de cette fêlure ? A travers cette scène de ménage qui n’en finit pas, les invités de Georges et Martha vont eux même sombrer dans cette folie et faire ressortir la noirceur de leur propre relation.
Si vous n’avez pas encore vu ce bijou, n’hésitez plus : le jeu des acteurs (tout en démesure) est sans faille, le rythme suffocant et le noir et blanc étrangement glacial.
Quant à la scène finale, elle est tout simplement sublime : Georges et Martha, main dans la main, chacun face à sa solitude et à sa douleur, courte reddition pour ce couple meurtri et déchu.
Huis clos tragique et émouvant où personne n’est gagnant et où la perversité
des uns rejaillit sur les autres, ce film remarquable est un incontournable du 7ème art !

1 commentaire:

  1. J'ai toujours été persuadé que Burton et Taylor ne jouaient pas... Ils reproduisaient ce qui se passait chez eux...

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