samedi 31 décembre 2011

NOTRE BILAN 2011 : J'AIME / J'AIME PAS

J'aime pas les "j'aime pas" Nah !!

J'AI ADORE L’ÉPISODE N°35569 DE "PLUS BELLE LA VIE" MAIS PAS LE N°37238... à part ça, sur les écrans :

Au rayon cinoche sur grand écran, de ce que j'ai vu et dont je vous ai parlé cette année (parce que je ne vous raconte pas tout, j'ai aussi une intimité moi madame !) je retiendrai THE TREE OF LIFE, Suivez le lien m'sieurs dames non exempt de petits défauts, mais bon... Un Terrence Malick ça ne court pas les rues...  Et puis il y avait aussi ce magnifique film iranien LA SEPARATION de Asghar Farhadi Suivez le lien (bis) ... Bon, c'est bien, c'est beau, c'est profond et réfléchi, c'est tout ce qu'on veut, mais c'est pas franchement la rigolade de l'année... Alors, même en mode mineur, on retiendra aussi la livraison 2011 de notre clarinettiste préféré MINUIT A PARIS de Woody Allen Suivez le lien, vous connaissez le chemin.

Par contre, j'ai pas aimé, mais alors pas du tout, le dimanche 10 avril 2011, où il a fallu écrire une bafouille rapide à propos du réalisateur Sidney Lumet, décédé ce jour-là. En ce souvenant de son dernier et magnifique film : 7H58 CE SAMEDI-LA, dont nous avions causé aussi...

Au rayon musique, j'ai devant moi le quadruple coffret de Jimi Hendrix "Winterland" sorti cette année, et contenant les quatre sets enregistrés en octobre 1968 à San Francisco. Ne serait-ce que pour sa version de "Like a rolling stone" qui nous fait toucher du doigt le nirvana absolu en matière de musique pop, ça vaut le détour. Parce que, bon, ce type en plus d'être un bon compositeur (je suis de ceux qui chialent sur "Little wing") était particulièrement doué pour s'approprier les compositions des autres. Mais là... sur un truc aussi rabâché que ce tube de Dylan, le sorcier de Seatle s'est surpassé. J'ai les mirettes embuées, je ne vois plus mon cl]:ag:!!°uv;l\çç^foqcj/qs~x~57=m... pardon, mon clavier. Ouais mais Hendrix, ça n'évoque pas trop 2011, non ? Sachant que 95% de sa production discographique est posthume, fêter Hendrix en 2011, pourquoi pas ! Et puis il y a eu un drôle d'appel le 18 juin (2011), celui de Clarence Clemons rappelé au paradis des saxophonistes. Le pilier du E Street Band, le Big Man, le grand noir au milieu d'un groupe de petits blancs (pas si fréquent à cette époque) va me manquer en juillet prochain quand son Boss reviendra nous voir à Paris et Montpellier (parce que tu y seras ? Quelle question...).

LUC B.
 
Claude Toon et ses humeurs "classiques"
Chaque année, un ou deux enregistrements du concerto pour violon de Tchaïkovski viennent s'ajouter sur la pile, souvent pour rien, parfois en renouvelant le genre. La dernière mouture de Laurent Korcia, encensée par la presse officielle, ne m'a guère séduit. On ne peut pas reprocher à ce grand violoniste une approche moderne, débridée, de feu et de glace dans ce disque qui devrait faire date. Je me dois d'être objectif mais bof... Je n'aime guère que cette musique slave aux accents tziganes soit victime de travers frénétiques "paganiniens", tendance à la mode car flattant l'ego des interprètes. Dans les nouveautés 2011, j'avais évoqué le classicisme raffiné d'Hilary Hahn, moins échevelé certes, mais non dénué de romantisme et de caresse féminine… (Lire la chronique...)
- Rockin, je sens que tu vas dire une ânerie, alors  tais-toi !!
Le Toon avait partagé avec vous son méga coup de foudre pour le DVD du ballet Blanche-Neige d'Angelin Preljocaj sur des musiques de Gustav Mahler disparu il y a cent ans. Ahhh le beau ballet pour stimuler tous les sens : auditifs et visuels par la magie des mélodies et la beauté de la chorégraphie, des décors et costumes de J.P.Gaultier. Et, en s'imaginant prince, qui ne souhaiterait pas enlacer la sensuelle danseuse étoile Nagisa Shiraï, humer son parfum et goûter la pomme juteuse mais défendue (heuuu sans poison pour moi SVP). (Lire Blanche Neige et Mahler...)
Assez causé… la vidéo des nains descendant de leur mine, sur le thème Frère Jacques de la symphonie N°1 "Titan" de Mahler (3ème mvt).





L'ANNEE 2011 de ROCKIN-JL

Ben moi en 2011, j'ai aimé plein de trucs, et je termine 2011 quasi ruiné... pâtes et patates à l'eau pour le réveillon, car étant un dinosaure, vestige d'une époque révolue (enfin moins que le Toon qui en est lui encore aux 78 tours..), je ne télécharge rien! Mes jeunes lecteurs de moins de 45 ans (j'en ai 46..)  vont rire mais moi j'achète mes CD... J'ai aimé l’émergence ou la confirmation de nouveaux talents, notamment chez les jeunes filles avec Izia, Rachelle Plas et Nina Attal, toutes les trois d'une énergie folle et qui nous montrent qu'on peut être une jolie jeune fille et ne pas sombrer dans les daubes formatées star-académiciennes ou èreneubistes mais au contraire taper dans le rock, le blues, le funk ou la soul.
J'ai aimé aussi, toujours sur la scène hexagonale pleine de vitalité, plein de groupes dont beaucoup étaient nominés pour notre "Deblocd'or" : Les Witch Doctors, Les Chics Types, Fishbone Rocket, PYG mais aussi les disques de "The Kat", Mike Lecuyer, le petit suisse Richard Koechli et d'autres dont j'aurais aimé vous parler, mais que j'ai oublié faute de temps (Jumpin To the Westside, Alexx & The Moonshiners, Shaggy Dogs, Bad To The Bone, Mojo Machine, Mountain Men, Lonj Trio, Loretta & The Bad Kings , Tia & the Patient Wolves..), ce sera pour 2012...
J'ai aimé aussi rencontrer et sympathiser avec plusieurs de ces artistes, et je remercie ceux qui nous ont accordé des interviews ou envoyé leurs disques, que de belles rencontres !
On m'avait recommandé de faire court mais j'ai aimé tellement de choses... Tiens le "rock'n'roll revival" qui m'a fait swinguer cette année avec les anglais de Kitty Daisy & Lewis, mais aussi les rennais des Lazy Buddies ou les suisses de Hillbilly Moon Explosion. Encore 5 et j’arrête, 5 grands disques, les derniers Candy Kane, Neal Black, Hazmat Modine, Keith B Brown et Nico Wayne Toussaint, mais ce dernier je vous en parlerai bientôt, dés que j'aurai éliminé les vapeurs de foie gras et de Sauternes...
Bref, une année riche en découvertes et émotions sonores!

Mais y'a aussi des trucs que j'ai pas aimé en 2011! D'abord l'absence quasi totale de musique écoutable à la télé, mais ça n'a rien d'un phénomène nouveau même si ça ne va pas en s'arrangeant (arrêt de "One Shot Not"), quant à Taratata, alibi du service public, c'est vraiment du toc - même si Nina Attal y est passé récemment - on m'a demandé ce que j'aimais pas, ben j'aime pas Taratata, na! Se fader 2 heures de Maé en prime pour 3mn d'un artiste intéressant relégué à minuit passé, c'est bon, ça suffit!
Ben quoi ? C'est le quart d'heure ronchon alors je me lâche !
En 2011 j'ai pas aimé non plus Superheavy, le "Bidon d'or" de l'année. J'ai encore moins aimé  que Christophe Maé soit fait par le ministre de la culture "Chevalier Des Arts Et Des Lettres", quelle mascarade(lire le chevalier et l'imposture). Franchement une civilisation qui en est là est une civilisation qui va mal... Pas un hasard si la fin du monde est prévue le 21.12.2012...
Enfin j'ai pas aimé du tout l’hécatombe survenue en 2011, Gary Moore, Calvin Russel, Amy Winehouse, et tous les vieux bluesmen rappelés là haut, les Pinetop Perkins, Honeyboy Edwards, Hubert Sumlin, Eddie Kirkland, Willie "Big Eyes" Smith, espérons que 2012 soit plus calme de ce coté là et que notre rubrique "RIP" ne s'agrandisse pas trop...


Un de nos collaborateurs, sous couvert d'anonymat,  nous a fait parvenir ceci...vous comprendrez que nous respecterons son anonymat...
 
"moi j'ai aimé :
Les vrais et grands artistes de ce siècle. Pas les nazes du vingtième siècle. Les vrais, ceux qui vendent des disques à la pelle":




L'avis du Philou sur l'année écoulée...

Bon, tout d'abord, je n'ai pas du tout aimé la canicule... Pas une goutte de flotte n'est tombée sur le pays de tout l'été. Heureusement que j'avais fait ma provision de canettes, bien au frais dans mon Frigidaire.... et heureusement que cette année m'a comblé avec tous les super 33 tours que je me suis acheté chez mon disquaire préféré !!! j'ai vidé mon livret d'épargne, peu importe, la chaine stéréo a fait trembler les murs de ma piaule !!!!
 Un petit extrait de la liste des vinyles que j'ai particulièrement aimé :  "Desire" par Bob Dylan, " Rocks" d' Aerosmith,"Dirty Deeds Done Dirt Cheap" d'AC/DC, "Run With The Pack" de Bad Company, "Agents of Fortune" du Blue Öyster Cult, "Privates Eyes" de Tommy Bolin, Boston, un nouveau groupe de hard américain, le double live de Peter Frampton, "A Trick Of The Tail" le 1er disque de Genesis sans Peter Gabriel, "New England" de Wishbone Ash, "No Heavy Petting" de UFO, "Johnny The Fox" de Thin Lizzy (une véritable tuerie !), "How dare You ?" de Ten CC, "Blue For You" de Status Quo, "Live Bullet" de Bob Seger, "Amigos" de Santana, "Black And Blue" des Stones, "Rose Of Cimarron" de Poco
"Blue Moves" d'Elton John, "Presence" de Led Zep, "Look Into the Future" du groupe de Neal Schon, Journey, "Come Taste The Band" de Deep Purple, "Station To Station" de David Bowie, "Wired" de Jeff Beck...et évidemment "Hotel California" des Eagles.

Bon, j'ai appris des fuckin' bad news : il y a quelques jours, le 4 décembre, Tommy Bolin est décédé d'une overdose d’héroïne dans une chambre d’hôtel, à Miami....j'avais déjà eu beaucoup de mal à encaisser la mort de Paul Kossof, survenue le 19 mars dernier, putain là, ça fait beaucoup quand même !!!

- Hé Luc, viens voir!
- Attends Rockin', je fais l'inventaire des boutanches pour le réveillon demain, 38, on est 11, tu crois que ça ira?... Bon, Keskipasse?
-  Regarde ce qu'a écrit Philou ....
-  Oh merde! Sans dec', il se croit vraiment en 1976 ?
-  Ben tu sais il se fait pas jeune, tu sais qu'il a été grand père cette année ? ça l'a un peu secoué, et puis musicalement il est quand même resté un peu scotché aux 70's...
- Ouais, en plus il y va fort sur les binouses en ce moment le Philou... !!!, confisque lui son pack de 36 discrètement,  sous prétexte qu'il fait la collection de capsules, il écluse un peu trop en ce moment ! Bon, on lui dit?
- Ok, ne le brusquons pas quand même...
- Philou... Philou !!!! OH... réveille toi !!! C'est Luc et Rockin', tu nous reconnais ??? On n'est plus en 1976, on est en 2011 mon vieux...
- NOON ? Déconnez pas les mecs !!! Vous me faites marcher ? Vous buvez un coup ? voila justement mes bières qui arrivent...

J'arrive, j'arrive, Philou !!! Luc ! Rockin' !!! dites lui de réduire un peu la cadence !!!
BRUNO ? T'es Là ? et toi t'en as pensé quoi de 2011 ?

Les « J'aime » de l'année 2011 ? 
A brûle-pourpoint, car d'ici l'année prochaine les choix pourraient être différents, le premier qui me vient à l'esprit c'est la grosse et belle surprise du «  Don't Explain » de Beth Hart et Joe Bonamassa. Un Joe Bonamassa qui m'avait enchanté avec « Sloe Gin » et qui, malgré son indéniable talent, me paraissait prendre la tangente d'une production trop ampoulé. Et une Beth Hart qui ne cesse de me surprendre et de me séduire au fil de ses albums; Un album de reprises certes, mais de très bonne facture.
Le plaisir d'avoir enfin un  Bertignac  dans un registre qui lui va si bien, et qu'il n'avait pourtant jusqu'alors jamais complètement embrassé ; celui du riff gras, binaire et direct.
Miller Anderson, l'ancien guitariste-chanteur-compositeur du Keef Hartley Band, est toujours « Still Alive & Well », et il le prouve avec un « Live at Rockpalast » qui nous renvoie à l'époque bénie des « Recorded Live » et autres « Live in Boston ».

Le plaisir de découvrir, par hasard, un artiste complet, qui n'a apparemment que faire des diktats de l'industrie musicale, des modes, des pseudos intellectuels ou des faux rebelles de la musique en vogue :  Leroy POWELL & The Messengers .

Le plaisir de découvrir que la scène française est bien vivante avec non seulement des groupes talentueux, mais également originaux, et, cerise sur le gâteau, sympathiques : de Philippe Luttun à Fishbone, en passant par The Kat, PYG, Red Beans, BB Brunes, Electric Duo, The Hub, L.D. Fusion, etc... Loin des tronches de cake que l'on nous sert habituellement sur les ondes.
La biographie d'un des plus grands chanteurs du Rock : Steven Tyler. Complètement déjantée, sans pudeur, ni fausse humilité, parfois déséquilibré par des flashbacks et flashfowards, à l'image de l'intéressé. Pas de la grande littérature mais un bon moment de Rock'n'Roll couché sur papier dans un style d'écriture spontanée, même si certaines périodes sont survolées.
Enfin, la presse française semble s'éveiller au monde de la musique populaire.



Les « J'aime pas » ?
« les tronches de cake que l'on nous sert habituellement sur les ondes ». Les pétasses siliconées, objets d'un consumérisme virulent, qui s'auto-proclament chanteuse, ou pire, artistes.
Que l'on balance à tort et à travers des titres de « Chevaliers des Arts et des Lettres », en veux-tu en voilà, à des personnes qui, même si on ne peut leur nier un certain (quelconque ?) talent, n'ont ni l'étoffe ni même la bouteille pour accéder à ce qui en principe devrait être une haute distinction de la culture. Avec tout ce que cela sous-entend.
Je n'ai pas aimé les nombreux décès d'artistes et musiciens qui ont plombés cette année. Avec le regret que Gary Moore n'ait pu réaliser un dernier disque, car l'écoute des inédits « Oh Wild One », « Where are you now ? » et « Days of Heroes » (présents sur le Live at Montreux 2010), laissaient présager de belles choses.. 
Erratum : quelqu'un a glissé BB Brunes dans ma French liste. Je ne trouve pas ça drôle...

Euh... quelqu'un d'autre veut le micro... Elodie ?

Pas très difficile pour une fois de choisir mon coup de cœur de l’année 2011, mais pas très orignal non plus puisqu’il s’agit de La Couleur des  sentiments, de Kathryn Stockett, un des gros succès de l’année. L’Amérique des années soixante, une histoire de femmes, une vue critique de la ségrégation, une héroïne émancipée, des personnages forts en gueule et attachants, et une amitié improbable au-delà des clivages sociaux et raciaux, la recette était facile. Trop facile peuvent critiquer certains, mais peu importe, ça fonctionne à fond et on en redemande.  Et puis quelques lignes d’espoir et de tolérance par les temps qui courent, ça ne peut pas faire de mal. Ma chronique complète, c'est ici : La chronique

Côté déception, un autre livre se détache du lot parmi ceux chroniqués cette année : La femme sur la plage avec un chien, de William Boyd (2005). Une déception d’autant plus grande que son auteur a fait mieux, beaucoup mieux, que ce recueil de nouvelles hétéroclites et bâclées. L’écriture reste agréable, mais affadie. Ce n’est pas  de la sous littérature, mais du sous William Boyd, très certainement...


Bon ben, si tout le monde a fini... Après ces dernières paroles d'Elodie, paroles historiques donc, nous allons déclarer l'année 2011 révolue... une fois... personne ne reprend la parole... deux fois... à gauche personne ?... trois fois : adjugez ! 2011 kaputt, vive 2012 ! Bonne soirée, et à demain tout le monde ! 

- Coupez !
- Pffff... eh ben... encore une de passée...
- Tiens vous avez acheté du gui ? 
- C'est pour rouler des galoches aux filles tout à l'heure... 
- Pas bête...

vendredi 30 décembre 2011

PINOCCHIO , WALT DISNEY (1940) par Foxy Lady


En cette période ou le rêve et la magie hantent quelque peu l’esprit de chacun, je vais évoquer avec vous un de mes contes favoris, j’ai nommé l’illustre  Pinocchio .
Ce que j’aime dans ce film, c’est qu’il y a son quota de féerie, mais surtout, et contrairement à d’autres, il ne verse pas dans la mièvrerie.  Pinocchio est plus sombre que les autres dessins animés Disney et laisse à réfléchir. Il y a une belle leçon d’humanité à retenir, et surtout Pinocchio nous montre, avec finesse et poésie, que certaines limites ne doivent pas être dépassées, et que l’on ne gagne rien à être un vilain garnement !

 Pinocchio  est le 2ème long métrage des Studio Disney, sorti en 1940, soit 2 ans après le grand succès de  Blanche Neige et les 7 nains . Rappelons en quelques mots l’histoire, même si nous la connaissons tous…

Le narrateur, Jiminy Cricket cherche un abri pour se réchauffer… Ainsi s’ouvre l’histoire : « Un soir, il y a de cela pas mal de temps, mes affaires me conduisirent à un singulier petit village. La nuit était transparente, les étoiles brillaient comme des pierres précieuses au dessus des toits des maisons endormies, c’était joli comme une carte postale… ».
Ainsi donc, Jiminy échoue dans la demeure de Geppetto, un sculpteur sur bois, qui confectionne des horloges et est sur le point de finir un petit pantin de bois, qu’il va prénommer  Pinocchio . Geppetto vit avec son petit chat Figaro et un adorable petit poisson rouge Cléo. Le soir, avant d’aller se coucher, Geppetto formule le souhait, tout en regardant l’étoile des souhaits, de voir son petit pantin de bois devenir un vrai petit garçon. Alors que tout le monde a sombré dans le sommeil, la Fée Bleue réalise le vœux du vieil homme, et nomme Jiminy Cricket conscience officielle de Pinocchio.
Dès le lendemain, Geppetto envoie Pinocchio à l’école, mais, tout en s’y rendant, Pinocchio croise la route de personnages peu fréquentables : Gédéon, Grand Coquin, le terrible Stromboli ou encore l’effrayant Cocher, qui n’est pas sans rappeler certains personnages de Dickens.
Comme le lui avait dit la Fée Bleue, il lui faudra surmonter tous les obstacles et tentations qui se dresseront devant lui si il veut pouvoir devenir un vrai petit garçon, et pour cela, seul sa conscience (représentée par Jiminy) pourra le guider dans le droit chemin.

J’ai découvert que ce long métrage, bien que très sombre, est divinement beau mais surtout recèle de thèmes universels : l’adoption (thème récurrent chez Disney), l’amour pour ses parents, la vanité (Pinocchio préférant devenir acteur qu’aller à l’école) ou la facilité qu’éprouve n’importe quel enfant à  tomber dans de mauvais travers plutôt que de se comporter correctement, comme c’est le cas lorsque Pinocchio se rend sur l’Ile aux Plaisirs avec son ami Crapule, et se laisse aller à faire pis que pendre : fumer le cigare, boire de l’alcool ou casser juste pour le plaisir de détruire…

A l’origine, le Pinocchio de Disney est inspiré du conte éponyme de l’écrivain italien Carlo Collodi (1826-1890), sorti en 1881. A mon grand étonnement, et dans les nouvelles de Collodi, Pinocchio est stupide, méchant, ce n’est qu’un bon à rien, qui se moque délibérément de son père Geppetto et le fait souffrir inutilement. Pour Collodi, Pinocchio est un « voyou », un « vaurien » ou « une honte ».
Dans l’histoire originale, Pinocchio est exécuté par le renard et le chat. Ils le ligotent, lui passent un nœud coulant autour de la gorge et le pendent à la branche d’un chène !
De même, dans le conte de Collodi, le personnage de Jiminy Cricket n’apparaît presque pas, mais est représenté par  "le grillon qui parle" , qui, la seule fois ou il réprimande Pinocchio de sa mauvaise conduite se retrouve la tête défoncée à coup de marteau ! Vous avez dis personnage sympathique ? Collodi détestait les enfants, et tout particulièrement les garçons...

Autant dire que cette version, très incompatible avec l’esprit de Disney, devra être retravaillée, avant d’aboutir au charmant petit pantin de bois que nous connaissons tous. D’ailleurs, Disney a faillit interrompre la création de  Pinocchio  tant il était frustré par l’histoire de Collodi, ou Pinocchio n’est en fait qu’un vil petit fanfaron antipathique.

Enfin, parmi les ajouts faits par l’équipe des  "Nine Old Men" (Neuf Sages de Disney), la baleine Monstro est une liberté supplémentaire prise avec l’œuvre de Collodi, en effet elle n’existe pas dans l’histoire originale. A savoir que ces Nine Old Men  constituaient le noyau dur des animateurs Disney.

Deux ans après le succès fulgurant de  Blanche Neige et les 7 nains , le budget alloué était colossal et les moyens infinis en matière de film d’animation. En quelques chiffres : 750 artistes, 80 musiciens, 1500 nuances de couleurs (toutes réalisées à la main, on est loin de l’image de synthèse) et près d’un million d’esquisse.
De même le graphisme de Pinocchio prendra des années de travail acharné. En 1937, Joe Grant (1908-2005) dessina un premier pantin longiligne et maladroit. En 38, une nouvelle version du personnage sera redessinée sans trouver grâce aux yeux de Walt Disney. A la fin de cette même année les directeurs d’animation Fred Moore et Frank Thomas tentèrent de redessiner Pinocchio. Mais la version définitive de celui-ci verra le jour en 1939, lorsque Milton Erwin dit Milt Kahl (1909-1987) fera de Pinocchio un charmant pantin de bois potelé, aux grands yeux, un épi dans les cheveux, une large bouche, des fossettes rappelant Mickey Mouse et un chapeau de tyrolien.

Bien que le film ait été acclamé par la critique et jugé comme un chef d’œuvre, le film remporta un succès moins important que  Blanche Neige et les 7 nains , à cause de la guerre. Le film ne sortit ni en Allemagne, ni au Japon.

Dans le DVD, on peut découvrir une fin alternative du film, ou Geppetto est mort sur la plage et ou l’on voit Pinocchio pleurer. La fée bleue ranime le vieil homme, qui voit que Pinocchio s’est transformé en un vrai petit garçon. Jiminy Cricket reçoit sa médaille d’or de conscience officielle et le groupe, constitué de Geppetto, Pinocchio, Jiminy, Figaro et Cléo s’éloigne sur la plage.
Cette scène rejoint celle que nous connaissons tous, à ceci près que dans la version officielle c’est Pinocchio qui est mort, et Geppetto qui le pleure sur son lit… Le reste demeure ensuite sensiblement pareil.

Pinocchio est une merveille à tout point de vue, certaines séquences sont devenues cultes, et sont, aujourd’hui, totalement ancrées dans l’esprit populaire. Par exemple la scène ou Pinocchio ment et ou son nez s’allonge, ou encore celle ou les vilains petits garçons se transforment en âne, ou celle, inoubliable, ou Geppetto et Pinocchio sont dans le ventre de la baleine. Personnellement, j’adore le personnage de Jiminy Cricket et ses petites phrases qu’il prononce, d’une si grande vérité : « La conscience, c’est cette petite voix que personne n’écoute, c’est à cause de ça que tout va mal »… ou encore « qu’est-ce qu’un acteur pourrait bien faire d’une conscience… »

Pour beaucoup,  Pinocchio  est le chef-d’œuvre absolu de Disney. Frank Thomas et Ollie Johnston déclarent dans leur bible de l'animation, The Illusion of Life, que  "en tant que film, Pinocchio est sans conteste le plus magnifique et le plus complexe jamais réalisé et jamais surpassé" .  De même, le critique de cinéma, Léonard Maltin (1950), auteur, entre autre, de l’Encyclopédie du cinéma a déclaré que :  "avec Pinocchio, Disney a atteint non seulement la taille critique de son pouvoir mais le summum de ce que beaucoup de critiques considèrent comme étant le royaume du dessin animé" .

Bien que le Pinocchio de Disney soit d’une grande richesse visuelle, et atteigne la quasi perfection, il a été controversé car certains y ont vu une trop forte  "américanisation"  du personnage. C’est ainsi que le neveu de Collodi demanda au ministère italien de la Culture d'engager un procès contre Disney pour avoir modifié l'œuvre de son oncle.

 Pinocchio , contrairement à  Blanche Neige et les 7 nains  (qui ne reçu 2 ans auparavant qu’un Oscar honorifique),  a obtenu 2 Oscars en 1941 celui de la meilleure partition originale et celui de la meilleure chanson originale pour la légendaire "When you wish upon a star" .
En 2004, cette dernière a d'ailleurs été classée par l'American Film Institute au 7ème  rang des plus grandes chansons de films de tous les temps. C'est le plus haut rang jamais atteint dans la liste des films réalisés par Disney depuis sa création et récompensés pour leurs chansons. En juin 2008, l'AFI a classé le film au 2ème  rang des dix plus grands films d'animation.

De nombreuses adaptation de Pinocchio on étaient réalisées sur grand écran, parmi les plus connues, celle de Roberto Benigni en 2002.

A mes yeux, Pinocchio demeure en tout point un des plus beaux dessins animés jamais réalisés par les Studio Disney, et parmi mes préférences. Les enfants d’aujourd’hui, comme ceux d’hier, n’ont pas tant changés, et voir leurs grands yeux innocents s’écarquiller devant ce dessin animé reste un enchantement, et nous fait nous même retrouver notre âme d’enfant…

A re-découvrir, de 3 a 99 ans…





jeudi 29 décembre 2011

THE KENNY WAYNE SHEPHERD BAND - "How I Go"- (2011) par Philou



BBRC (Bon Blues Rock Contemporain) 


Aprés un voyage au plus profond du blues en 2007 avec l'album "10 Days Out : Blues From The Backroads" suivi d'une démonstration live à Chicago en 2010, le  jeune surdoué du blues nous revient  avec un nouvel album "How I Go", sorti en aout 2011, son sixième effort studio à ce jour.
Sept ans après "The Place You're In", un disque qui n'avait pas renouvelé le succès obtenu par les albums précédents, les fans déçus par le son trop "rock indépendant" veulent aujourd'hui du bon vieux blues/rock, un point c'est tout !!!!
"How I Go" va certainement les rassurer puisque Kenny Wayne Shepherd a embauché pour l'occasion le producteur Jerry Harrison (Talking Heads), le chanteur Noah Hunt, le claviers Hosbourn Riley, eh oui, m'sieurs dames, c'est pas fini ... la légendaire section rythmique de feu Stevie Ray Vaughan, j'ai nommé Mr Chris Layton (batterie) et Mr Tommy Shannon (basse) !



KWS et Noah Hunt

Le message est clair : c'est pas du Justin Bieber ou du Christophe Maé que vous allez vous mettre entre les oreilles, foi de Philou !!!
D'entrée de jeu, le riff stonien de "Never Lookin' Back" vous met au tapis. Ce titre, choisi comme single donne le ton de l'album, c'est du blues/rock costaud qui nous rappelle le ZZ TOP des années 80. La voix chaude et puissante de Noah Hunt contraste de fort belle manière avec le jeu de guitare complexe de KWS
Le 2ème morceau "Come On Over" est tout à fait dans la même veine et on ne s'en plaint pas....L'ensemble du CD est très varié et donc musicalement très intéressant.En effet, Kenny Wayne Shepherd aborde un paquet de styles bien différents : du blues/ rock pêchu électrique  rempli de groove, des ballades acoustiques imparables ("Show Me The Way Back Home" et "Anywhere The Wind Blows") sans oublier des reprises qui valent le détour.
Des reprises, justement, parlons-en :  la cover du "Yer Blues" des Beatles est fabuleuse, le son est monstrueux et le final apocalyptique où KWS se déchaine sur sa Stratocaster est à vous couper le souffle. Les deux autres reprises sont  également trés réussies avec notamment une version détonnante du "Backwater Blues" de Bessie Smith et une version bien funky du "Oh, Pretty Woman" d’Albert King.
Et du blues, du BLUES ???? il y en a ???? Parce que tout de même, c'est quand même avec la musique du diable que le blondinet s'est fait connaître il y a maintenant plus d'une quinzaine d'années..... Affirmatif !!!. "Dark Side of Love" commence à nous mettre en appétit, puis on se gave goulument et on prend son pied en écoutant "Heat of the Sun".

A noter également une petite récréation bien sympathique folk/rolk avec la rafraichissante balade "Who's Gonna Catch You Now".
 En écoutant l'album, on se rend bien compte que Stevie Ray Vaughan est la plus grande influence de Kenny Wayne Shepherd et c'est avec grand plaisir que l'on retrouve dans son jeu majestueux de nombreuses réferences au maitre texan. Ecoutez notamment "Dark Side Of Love" et vous comprendrez....



Kenny Wayne Shepherd est très conscient du rôle émotionnel que procure sa musique sur ses auditeurs au quotidien. Il assume parfaitement cette responsabilité et travaille dur pour leur apporter du bonheur à travers ses chansons.
 KWS a affirmé dans une interview qu'il jouait tous les soirs avec son cœur et essayait d'apporter de la lumière à son public pendant ses concerts. Il déclare :

"Si je peux rendre les gens heureux pendant une heure et demie à deux heures et leur faire oublier tout ce qui peut les stresser, alors oui, je fais mon travail. "

C'est sûr, Kenny Wayne Shepherd fait bien son boulot, mais on peut lui reprocher certainement de ne pas prendre suffisamment de risques sur cet album, le résultat restant accrocheur mais sans réelles surprises. On s'en rend compte en écoutant l'album, KNW ne recherche ni la nouveauté, ni l'innovation à tout prix et donne à ses fans ce qu'ils veulent entendre, c'est à dire du blues/rock dans la plus pure tradition US. 
Les puristes seront déçus, les autres se délecteront du fantastique jeu de guitare du virtuose américain.



 
Article initialement paru dans la revue BCR du mois de décembre 2011.

Le making of du single "Never Lookin Back"

mercredi 28 décembre 2011

STAR GUITARE "101 guitares qui ont fait le Rock" - 2011 - (By Little Guitar Bibi)



Je m'y étais pourtant pris à l'avance, haranguant femme et enfants (et le chat) dès novembre.
« Vous n'avez pas d'idées pour Noël ? », « Ce que je voudrais pour Noël ? », « Si vraiment, mais vraiment vous voulez me faire plaisir, mais alors à un point où je serai toujours gentil jusqu'à au moins... »,
Ou encore « Au fait, pour Noël, j'ai une idée de cadeau pour... » - Naaaannn !!! - (réponse attristante et récurrente).
Hubert Sumlin et sa LesPaul Gold Top

Mon souhait ? Rien de bien compliqué pourtant. Une simple et modeste Gibson Firebird, voire une ES-335, ou une Explorer 75, ou une James Trussart, ou bien une Lâg Imperator, sinon... faute de mieux et en désespoir de cause, une pédale wah-wah flambant neuve (mais pas d'l'daube de chez Prisu !). Ça s'use vite ces machins là. Aucune de vraiment solide.
J'ai même envoyé des lettres au Père Noël. On ne sait jamais. Elles sont toutes revenues avec la mention « adresse inconnue », sauf une. Une qui est apparemment arrivée à destination, car j'ai eu une réponse. Cependant, j'ai senti l'arnaque. L'instinct peut-être. On me demandait un chèque de 3 000 €uros, ou, à défaut, mon numéro de carte-bleue.
Toute l'année je me suis comporté comme un gentleman, souriant aux dames, ne buvant jamais plus de trois -ou quatre- verres, évitant toutes grossièretés (même les toutes petites insignifiantes), histoire de mettre toutes les chances de mon côté.
L'est fâché le monsieur. L'a pas été gentil : Père Noël pas passé.

En tout cas, le matin du 25 décembre 2011, dès que j'entendis les cloches (celle de « Hells Bells » - désolé mais je n'ai pas le Christmas Oratorio de Schütz, ni l'Angelus dans ma CDthèque) je me précipitai plein d'espérance au pied du sapin richement décoré (tellement que les branches ployaient sous le poids), après bien sûr que les enfants avides m'eurent concédé, bon gré mal gré, un petit accès. Mais non. Que dalle ! Nada ! Enfin si, j'ai été gâté. Peu pas dire le contraire. C'est mérité, j'ai été sage. Mais PAS DE SUBLIME GUITARE QU'ELLE EST TROP BELLE QUE J'OSE A PEINE LA TOUCHER QUE JE CRAINS DE LAISSER DES TRACES DE DOIGTS DESSUS.
Billy Gibbons et Pearly Gates

En guise de compensation, histoire de réfréner mon chagrin, je découvre parmis mes cadeaux un bouquin qui attire immédiatement l'oeil. La guitare décorée, « The Fool », d'Eric Clapton à l'époque de Cream, et la préface de Maître Révérend Billy F. Gibbons, deux paramètres qui éveillent instantanément mon attention.

Entre les mains l'objet est relativement lourd (couverture cartonnée et papier glacé, 1524 grammes), d'un format presque idéal (28,5x24,1x2,8).

Il y a déjà le livre de Dom Krisis, « Guitares et guitaristes de légende », présentant de nombreux modèles de guitares célèbres avec le guitariste ayant le plus contribué à sa notoriété (ce qui est forcément toujours plus ou moins subjectif). Cependant « Star Guitars » ne suit pas totalement la même ligne directive, en ciblant presque exclusivement des instruments emblématiques. C'est-à-dire que l'on y retrouve principalement des guitaristes qui sont également connus pour leur instrument fétiche, au point de former presque un couple. Les instruments désignés sont généralement soit modifiés pour répondre au jeu et à la vision de la musique de leur propriétaire, soit fidèles compagnons maintes fois réparés, élimés par des années de tendre fusion, ou de rapports masochistes, sauvés de la casse par quelques sorciers de la bricole.
Ainsi les Blackie, Pearly Gates, Lucy, Lucille, Old Boy, Tiger, The Beast, Number One, The Duck, Trigger, Micawber, Frankenstrat Old Black (pour celles qui ont eu l'honneur d'être baptisé d'un patronyme affectueux) sont mises à l'honneur avec leur preux chevaliers.
Rick Nielsen et sa Hamer Custom cinq manches

On retrouve aussi Roy Buchanan, Rick Nielsen, Buddy Guy, Steve Cropper, Charlie Christian, Clarence « Gatemouth » Brown, Blackmore, Kurt Cobain, T-Bone Walker, Nugent, Sister Rosetta Tharpe, Danny Gatton, Waylon Jennings, Wes Montgomery, Setzer, Peter Green, Lonnie Mack, DimebagPrince, Cochran, Atkins, Bloomfield, Gallup, The EdgeReinhardtJoe Strummer (??), Jack White, Mick Ronson, Frampton, Tufnel (??), Young, etc...
Cela ratisse large.


Il ne s'agit nullement d'un ouvrage cherchant à établir une liste des meilleurs guitaristes de la planète (qui se résume ici aux USA et au Royaume-Uni...), mais, pour reprendre les termes de l'auteur, « .... il a pour but d'examiner sous toutes les coutures ces instruments magiques, ceux-là même qui ont permis à ces musiciens majeurs de créer leur propre style et de continuer à le développer, en mettant l'accent sur les guitares elles-mêmes (et parfois le matériel assorti)... ».
L'auteur, Dave Hunter, spécifie également que sa sélection, et celle de l'éditeur, sont naturellement subjectives, tout en ayant le souci de présenter « ce monde dans sa diversité de marques, modèles, genre musicaux, périodes et styles de jeu ».
Eddie Van Halen et la Frankenstrat

Chaque chapitre présente donc un musicien avec son instrument de prédilection. Un exposé succint mais pertinent du style de l'intéressé, et les caractéristiques, parfois très détaillées, de sa guitare, y compris l'évolution des diverses modifications.
Les musiciens dont la carrière a débuté dans les années 60 et/ou 70 sont largement majoritaires. Tout comme les instruments américains. Pas l'ombre d'une Ibanez, d'une ESP, d'une Jackson, d'une Kramer, d'une Peavey, ce qui réduit indubitablement le champs d'investigation. Un parti pris discutable qui élimine irrémédiablement bon nombre de musiciens, et pas des moindres (Metheny, Satriani, Benson, entres autres).
Un plus que n'offre pas toujours les ouvrages du genre, les photos sont excellentes et pas nécessairement les plus connues.
Rory et la Strato la plus cabossée au monde

Indubitablement, l'auteur a essayé de faire un ouvrage agréable à consulter, à lire, à regarder. Aucunement une oeuvre littéraire certes, mais un bel ouvrage présenté comme un livre d'Art où la photographie est aussi importante que le texte. A bouquiner, ou à dévorer, en écoutant de la bonne musique où les grattes sont à l'honneur (sans être nécessairement envahissantes).

Dave Hunter est un journaliste spécialisé dans tout ce qui touche, de près ou de loin, aux six et quatre cordes. Il a déjà écrit une dizaine de livres, dont certains très techniques (sur les micros, lampes d'amplis, techniques d'enregistrements). Il a parfois collaboré avec Tony Bacon. Egalement musicien, Il a aussi écrit pour des magazines spécialisés américains et anglais. Bref, il sait de quoi il parle.

Pour les fondus de belles grattes et de l'histoire de la musique populaire anglo-saxonne.

Pour rêver, toujours rêver.

"La guitare, de sa forme première ô combien archaïque jusqu'à son design le plus contemporain, exerce encore et toujours la même fascination. Et surtout, continue de provoquer, quarante siècles après son invention, une irrépressible envie de jouer. Comment résister à ces objets sublimes, énigmatiques, magnétiques, inventés par on ne sait trop qui... Très probablement un génie" dixit Billy Gibbons.



mardi 27 décembre 2011

LES ETRENNES DE FREDDIE par FreddieJazz

Si vous avez raté le Noël de votre concierge, ne ratez pas ses étrennes ! Freddie a sélectionné pour vous la crème de la crème, que du six étoiles...





Miles Davis – Live in Europe
(Sony Columbia records, 2011)

Déjà chroniqué sur le déblocnot, nous vous invitons à suivre le guide... euh, le lien !
La chronique du "live" et l'hommage à Miles Davis


John Surman - Flashpoint : Ndr Jazz Workshop
(Cuneiform records, 2011)
Cuneiform records nous gratifie d’un inédit (cd + vidéo) du plus brillant saxophoniste anglais de la scène contemporaine : John Surman. Un enregistrement de 1969 dans les studios de l’Atelier NDR (période free du saxophoniste qui venait d’enregistrer un pianoless trio remarquable aux côtés de Barre Philips et Stu Martin). L'Atelier Jazz NDR était une émission hebdomadaire allemande mettant en vedette toutes sortes de jazzmen de l'époque. Pour cette occasion, Surman a conduit un ensemble de dix musiciens mettant en vedette la crème des musiciens modernes de la scène british : John Surman – au sax soprano et baryton, Kenny Wheeler – à la trompette et au bugle, Mike Osborne – au sax alto, Alan Skidmore au sax ténor et à la flûte, Ronnie Scott au sax ténor, Malcolm Griffiths au trombone, Harry Miller à la contrebasse et Alan Jackson à la batterie, ainsi que deux musiciens autrichiens, Fritz Pauer au piano (un jeu très inspiré par McCoy Tyner) et Erich Kleinschuster au trombone. Capté comme une session « live », le tentet nous offre une musique roborative, virile, avec des arrangements d’une beauté formelle exceptionnelle. Les musiciens sont tous impliqués dans ce projet, et jamais l’on ne sent un leadeur conduisant les autres musiciens. Discussions à bâtons rompus avant l’exécution de telle et telle pièce, débat sur l’improvisation. Bref, nous avons droit à la fois à une musique libertaire et au témoignage d’une époque (la fin des années 60) où un vent de liberté soufflait sur tous les participants. Images croustillantes en noir et blanc, son mono de qualité exceptionnelle, cette session est à couper le souffle.




Gary Burton – Common Ground 
(Mac Avenue records, 2011)

Entamant la sixième décennie de sa carrière (cf. son premier LP, New Vibe Man in Town, fut enregistré en juillet 1961), le vibraphoniste Gary Burton, qui a toujours su laisser mûrir en lui la musique comme un vieil Armagnac, nous convie à une superbe dégustation. Qu'on se le dise ici, cet album va vite faire figure d'événement et sera certainement à ranger parmi les grandes réussites jazz de l'année 2011. Et cet hiver, croyez-moi, il pourrait bien réchauffer les chaumières et mettre un peu de baume à nos cœurs. « Common Ground » annonce donc, pour notre plus grand plaisir, l'arrivée d'un nouveau quartette tout acoustique (le vibraphone associé à la guitare), et c'est carrément l'un des meilleurs que Gary Burton n'ait jamais eu, depuis son association avec le guitariste Mick Goodrick (cf. son album New Quartet chez ECM, 1973). Et la surprise est de taille avec Julian Lage qui possède un jeu d'une finesse et d'une profondeur à toute épreuve. Ce type a une imagination débordante, que c'en est exaltant. Le guitariste évoquera tantôt Jim Hall tantôt Joe Pass. Un sens de l'économie (Jim Hall) et une technicité pour ne pas dire une exubérance toute juvénile (Joe Pass). Soutenu par une rythmique à la fois souple et solide, les deux solistes peuvent s'en donner à coeur joie. Surtout que le répertoire est de premier choix.




John Lindberg – Tripolar
(Jazzwerkstatt records, 2011)

Tout d'abord, les musiciens de jazz sont une « race » de gens bien différents. Ils parlent de métaphores obscures et utiliser la logique asymétrique, ce qui est bien souvent. Cela dit, Tripolar du contrebassiste John Lindberg (l’un des musiciens les plus passionnants avec Mario Pavone et Jean-Jacques Avenel) est un ensemble iconoclaste (contrebasse, sax soprano et baryton et percussions ou vibraphone). Un disque enivrant que l’on ne manquera pas, si l’on est ouvert à ce genre de « musique créative » (terme mis en avant aux Etats-Unis par le trompettiste Wadada Leo Smith). Puissant et roboratif, nous avons droit à un album de free jazz, entre swing et modal, linéarités abstraites au niveau de la thématique, schizophrénie interne hallucinante, improvisation au sommet. Trois musiciens donc : Don Davis aux saxes, John Linberg à la contrebasse (quelle puissance), et Piertro Bandini aux percussions et vibraphone. Harmonies et phrasé sont dans la droite lignée de Steve Lacy (Skip). Le sax de Davis est lyrique et joue des riff allant progressivement vers les basses. Synchronisation et interaction au sommet (One For Ayler), ruptures de tempo à n’en plus finir, nos trois comparses ne sont pas dépourvus d’élégance non plus en terme d’arrangements harmonique (Zone 6). En conclusion, ces trois garçons jouent dans l’instant, avec une rage et une passion qui laissent pantois. Ils se nourrissent de l'intensité de chacun, et n’ont jamais peur d'être fantaisiste et encore moins de faire un virage serré. Composer en improvisant, improviser en composant, voilà leur adage. Pour moi, le choix est clair et évident : c’est ce disque qu’il faut d’abord se procurer.


François Carrier – Entrance 3
(Ayler records)

François Carrier, saxophoniste alto canadien n’est plus un inconnu dans la stratosphère du jazz. Le label Ayler records nous livre ici un enregistrement de toute beauté: quatre pièces captées « live » par un quartette exceptionnel. François Carrier au sax alto donc, Bobo Stenson au piano, Pierre Côté à la contrebasse et le fidèle Michel Lambert à la batterie. Un enregistrement exceptionnel pour une configuration et une intensité qui nous rappellera parfois celle du quartette classique de John Coltrane. Interactions au sommet, une puissance et un imaginaire inouïs, des explorations harmoniques à n’en plus finir, variations savoureuses sur un même thème. Nos quatre comparses s’en donnent à cœur joie. Loin des clichés du genre, loin de tout pompiérisme et néo-revival, loin de tout esprit démago, le quartette donne à entendre une expérience. La présence de Bobo Stenson qui s’est joint à l’équipage apporte son lot de surprises. Un engagement hors pair, une puissance au clavier, jamais de la redite et encore moins de la facilité (chose rare chez les pianistes). Son jeu nous parle de joie mais aussi de douleur. Il en rejaillit un plaisir partagé, une interaction de tous les instants. Porté par une paire rythmique toujours en mouvement, Carrier promène son saxophone comme une figure de proue fendant l’horizon inconnu qui s’offre au quartette, Stenson venant commenter et enrichir de mille détails chacune de ses trouvailles avec un stupéfiant sens de l’à-propos. Les solos de chacun sont de petites merveilles de construction mélodiques et rythmiques. Musique à la fois circulaire et ouverte, constamment roborative, grâce à la maîtrise de la construction musicale de ce quartette. Une merveille comme Ayler Records nous en réserve tant.

François Couturier – Tarkovsky Quartet
(ECM, 2011)

L'un des plus beaux disques de 2011. A ne pas manquer. Le quartette fondé par le pianiste François nous livre ici un cédé intimiste de toute beauté. Paru chez ECM en mai 2011, Tarkovsky Quartet est plutôt passé inaperçu... Puisant son inspiration principale dans les films d'Andrey Tarkovsky tout en s'ouvrant à d'autres influences (musique contemporaine essentiellement), les références à J.S. Bach et Chostakovitch sont évidentes ("Tiapa" par exemple) mais l'on a droit aussi à de magnifiques séquences d'improvisation, des pièces composées avec talent et interprétées avec beaucoup d'inspiration (l'admirable "Mychkine"). Le résultat est peut-être d'une beauté austère, marquée par le sceau d'un autre monde, imaginaire mais pas si lointain, finalement, où la nuit côtoierait le froid boréal de Sibérie, ou bien encore un voyage vers la Volga. Les nuances sont subtiles et évocatrices d'une soif insatiable de se connecter avec les profondeurs de l'esprit, comme le disait un magazine anglais lors de la parution de leur précédent opus. Aux côtés de François Couturier, l'on retrouve l'accordéoniste Jean-Louis Matinier (que l'on a entendu aux côtés de Louis Sclavis et Anouar Brahem), le saxophoniste Jean-Marc Larché et la violoncelliste allemande Anja Lechner (entendue aux côtés de Misha Alperin), que le trio de musiciens français avait découverte à l'occasion de l'enregistrement de "Nostalghia" (ECM, 2009). Les musiciens y déploient une musique à la fois intime et fastueuse, ne tombant jamais dans la redite ou l'ennui. Au contraire, elle se hisse à des sommets et des hauteurs familières au cinéaste. Pour moi, une vraie révélation. Difficile de décrire cette musique qui parvient, comme le dit Laurent Poiget dans Citizen Jazz, à une telle force avec si peu de moyens. L'ensemble est tout acoustique et constitue un souffle unique dans le monde musical. A réserver aux amateurs de grande Musique, de celle qui est profonde, de celle qui parle à notre esprit, le nourrit et le soulage de mille maux... Espérons qu'une tournée européenne suivra cette opus, qui encore une fois, sort des sentiers battus.

Et on retrouve Gary Burton dans le classique "Afro blue", une composition de Mongo Santamaria, popularisée par John Coltrane. Ca se passait à Vienne, en 2010.