mardi 9 septembre 2025

UB40 : ”Signing Off“ (1980) - par Pat Slade


J’ai déjà parlé des gars d’UB40 au travers d'un billet sur l’album ”Labour of Love II“ mais le premier qu’ils sortiront est incontournable.



Une histoire de  Chômeurs




                                                                     
Le document a remplir pour pouvoir toucher les prestations chômage se nomme le Unemployement Benefits Formulaire 40. Les frères Campbell Ali et Robin vont rechercher six musiciens. Le groupe sera composé du batteur James Brown, du bassiste Earl Falconer, Mickey Virtue au clavier et la section cuivre et percussion sera composée de Norman Hassan au trombone, Brian Travers au saxo et Térence ”Astro“ Wilson à la trompette. A l’époque le ska avait boutique sur cour, il fallait qu’ils trouvent un nouveau son. Entre le rocksteady et le ska arrivera le reggae, ils y ajouteront une touche écossaise, irlandaise et galloise et ainsi le premier groupe de reggae blanc était créé.

Ali Campbell

Après les avoir entendus dans un club, Chrissie Hynde, chanteuse et leader du groupe The Pretenders, les invitera à faire la première partie de sa tournée en 1980. Le groupe n'ayant pas les moyens de s'offrir un studio d'enregistrement, l'album fut mis en boite grâce à un magnétophone huit pistes dans un appartement au rez-de-chaussée d'une maison à Birmingham. Mais tout ne fut pas simple parce qu'il y avait un peu de résonance sur les murs, un chouias de réverbération. Le saxophone fut enregistré dans la cuisine et les percussions dans le jardin. C'est pour ça qu'on entend des oiseaux chanter sur certains morceaux ! ”Signing Off“ : un mélange de reggae et de dub, aux paroles politiquement et socialement engagées. ”Tyler“ : un reggae lent écrit à l'occasion de la mort du jeune Américain noir Gary Tyler condamné à 17 ans par un juge et un jury exclusivement blancs pour le meurtre d'un garçon blanc de 13 ans, il sera condamné à mort. A près des années de procédures judiciaires avec un dossier d'accusation vide et l'absence de l'arme du crime il sera libéré en 2016. ”King“ : un titre qui parle de Martin Luther King. Il devait être le titre principal, mais les Dj ont choisi ”Food for Thought“ car il était plus rapide, plus entraînant, plus dansant, plus radiophonique. ”12 bar“ : Très rocksteady presque raggamuffin. 

Burden of Shame“ raconte les méfaits commis au nom de l’impérialisme britannique. Les morceaux étant du reggae blanc pur et dur, certains sortent du lot par leurs sens et leurs paroles ”Food for Thought“ : personnellement je vois cette chanson comme un hymne a ma première véritable histoire d’amour, histoire de jeunesse et d’adolescence. Mais trêve de nostalgie ; Revenons à sa signification ”Food for Thought“ était une tentative de médiatiser et de condamner la famine en Afrique du Nord, la comparant à la célébration occidentale de Noël, d’ailleurs son titre provisoire devait être ”The Christmas Song“ Il sera la vitrine de l’album et un hit mondial. ”Little By Little“ : un titre qui parle de l’inégalité croissante entre les riches et les pauvres. ”Madam Medusa“ était une description vivante de l'ascension au pouvoir de Margaret Thatcher, dépeinte dans un style grotesque    

Signing Off“ : même la pochette était une provocation, une réplique de la carte jaune britannique UB40 d’allocation chômage d'où le groupe a tiré son nom, avec l'inscription ”SIGNING OFF“ (Déconnexion) en lettres capitales. C'était une déclaration du groupe annonçant sa sortie du chômage et son arrivée sur la scène musicale. L'album sera extrêmement bien accueilli et salué par les magazines musicaux britanniques lors de sa sortie. Un album (presque) parfait ? Vu le matériel qu’ils avaient pour l’enregistrer et le peu de moyens, pour un premier album je dirais que oui.

UB40, un groupe joyeux et toujours souriant sur les affiches, (Peut-on dire que quand ont fait du reggae on a un poster rieur ?) et toujours indépendant, qui a su concrétiser les promesses initiales et leur persuasion et ont livré un premier album bien ficelé.    



1 commentaire:

  1. Je suis pas trop "reggae" mais j'ai toujours adoré ce premier UB40 sorti en plus en pleine période de disette musicale ! Ah ces funestes années 80 pour tout amoureux de guitares . Heureusement il y avait quand même quelques ilôts sur lesquels se réfugier Dire Straits , Police et les redoutables Pogues! Il m'arrive de ressortir ce UB40 , je le réécoute avec plaisir , j"avoue par la suite avoir décroché. Les textes collent vraiment avec le climat social de l'ère Thatcher !

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