jeudi 11 septembre 2025

L'ART DE DEVENIR MUSICOLOGUE AMATEUR… POUR LES NULS 😅 – par Claude Toon



À paraître dans toutes les librairies et les sites de vente mi-décembre 2025. Un beau cadeau de Noël !!!


- Waouh Claude, on l'a si longtemps attendu le bréviaire du critique ou plutôt chroniqueur musical des disques classique… Enfin le voilà qui arrive en librairie !!!

- Et oui Sonia, une suggestion de Nema et de Maggy Toon réunies s'interrogeant sur le thème "mais où va-t-il écouter et dénicher tous ces compositeurs aux noms et œuvres zarbis ?"

- Il faut bien admettre Claude, que Mozart et la petite Musique de Nuit nous a été proposée au collège mais Hendrik Andriessen ou Norbert Burgmüller, très franchement… leurs patronymes me donnent des migraines alphabétiques… le pompon étant Ignacy Feliks Dobrzynski.

- Oui mais tu vois, depuis quatorze ans que tu travailles au blog, tu te rappelles de leurs noms barbares… et parfois tu me donnes des idées de billets après l'écoute au fil du temps des vidéos YouTube qui te plaisent sans savoir pourquoi… Musique sympa, un point c'est tout... et découverte d'un compositeur qui erre dans les limbes de l'histoire...

- Tu veux dire que comme on affirme "c'est l'occasion qui fait le larron", ici, "c'est le coup de foudre pour une mélodie qui motive le mélomane…".

- Oui, pas bête, et ajoutons "c'est le plaisir de l'écriture qui fait le chroniqueur…" Et pour les potes rédacteurs dans les autres styles, je pense qu'il en est de même…


Naissance d'une passion musicale


1er LP haut de gamme pour Noël 1967

Sonia et les copines s'interrogent souvent sur ma méthode pour dénicher des compositeurs inconnus. Eh bien, spontanément, ils viennent à ma rencontre 😊. J'ai été contaminé dans les années 60 par la passion pour la musique classique, me détournant peu à peu des yéyés comme Adamo ou Françoise Hardy, mais pas des chanteurs dits "à texte" (Brassens, Ferrat, Ferré…). J'ai renforcé au fil du temps ma capacité à mémoriser et à ressentir la quintessence expressive d'œuvres longues et parfois complexes par : la lecture des explications sur les pochettes et de livres consacrés aux "grands" compositeurs (Beethoven, Schubert, Mozart de B. et J. Massin par exemple), ou bien l'écoute d'émissions comme la tribune des critiques de disque.

Tous les musiciens de génie fréquentaient d'autres compositeurs, appelés gentiment "petits maîtres", tous amis, élèves ou professeurs dont les noms ne faisaient pas la une des radios. N'oublions pas la presse spécialisée comme Harmonie devenu de nos jours Diapason. Je subodore que mes petits camarades du blog pratiquent de même dans leurs disciplines, rock, cinéma, littérature, etc. 

Et puis advint le net et le web, les sites étant pour la plupart des blogs similaires au Deblocnot (musicologie.org par exemple aux articles d'initiation très synthétiques), ils m'ont permis de faire connaissance de listes sans fin de compositeurs sauvés du néant discographique. Des listes avec parfois des centaines de noms* (Clic). Et puis pour mes billets, pas de baratin sans musique !! YouTube justifiant la rédaction et proposant des vidéos nouvelles par le principe "vous avez aimez ceci, vous pourriez aimer cela


Dédicacé par Jean Massin en 1978
Lors d'un repas avec
cet homme cultivé et modeste.

(*) Et encore dans ce cas il s'agit du lien vers la liste des compositeurs de l'âge classique (soit une période limitée au second demi-siècle des Lumières). Seuls figurent ceux qui ont l'honneur d'une biographie plus ou moins détaillée dans l'encyclopédie en ligne Wikipédia. Aller, tirage au sort : Tommaso Traetta, il y a un Stabat Mater sur YouTube… Bof ! À écouter en bouquinant, pour une chronique, on verra courant 2078 😊.

Mais tout n'est pas si simple. Une écoute peut s'avérer subjectivement décevante ou, inversement, surprenante voire passionnante. J'ignore comment juger et donc promouvoir des musiques qui me laissent indifférent ou ressemblent, en moins élaborées à des ouvrages déjà commentés de grands ou petits maîtres. Les "éliminés" me pardonneront j'espère. Ils repartent avec la boîte de jeux "Le Deblocnot en 106 questions". Cette dernière facétie en date suggère que je n'utilise jamais la méthode dite du copier-coller, sauf exception, et dans ce cas en citant mes sources et en changeant de police de caractères.

Écrire un texte original est un plaisir irrésistible, fruit de recherches, d'écoutes analytiques et de réflexions personnelles. Et surtout quelques blagues ou anecdotes piquantes sont les clés pour s'affranchir de rédiger un manuel académique et scolaire de plus et, par ailleurs, répondre à la malice caractérisant le style de votre blog adoré… 😊. Malice et humour, qui en 2011 me conduisit à candidater pour la rubrique classique et plus si affinité. Premier article "Passe ton Bach d'abord" (modifié depuis en "Art de la Fugue", le titre initial trahissant à ce point le du sujet abordé par une boutade à deux balles n'a guère d'intérêt).

- Tu utilises souvent les partitions, c'est indispensable ?

- Non pas vraiment et encore faut-il que ladite partition soit disponible sur le site IMSLP qui en propose des centaines de milliers… Les partitions d'œuvres de compositeurs surgis de l'oubli sont rarement éditées, de même que celles d'ouvrages contemporains. Suivre les portées des œuvres au solfège classique permet d'assurer le minutage, surtout pour les variations, un dada de Schubert. Compulser les 500 pages d'un opéra de Wagner comme Parsifal reste du domaine des professionnels… Quand aux langages modernistes (Ligeti) Oh mon Dieu !

- Il se présente comment ton petit livre Claude ? J'ai feuilleté la maquette, tu appuies tes conseils rédactionnels à partir du travail dans le blog.

- Succinctement Sonia :


Partager une passion musicale

Ce petit ouvrage de la populaire collection "Pour les nuls" répertorie des conseils donnés aux chroniqueurs (mot préférable à critiques). Il suggère diverses orientations rédactionnelles, rien de didactique. Suivant les époques, le plan narratif évoluera. Mes lecteurs retrouveront l'enchaînement des parties spécifiées à la création du blog. Nota : L'échange avec Sonia permet de présenter les mots clés de l'article. Par définition, il est spécifique au Deblocnot. J'ai souhaité proposer non pas une norme ou des règles mais plutôt une foire aux idées…


Dans un billet, je préconise que la première partie situe le contexte historique lors de la composition. Le compositeur sera sous contrat avec un mécène ou un prince de la noblesse ou de l'épiscopat à l'époque baroque et classique. Situation qui impose le but sacré ou divertissant du travail commandé. Avec Mozart adulte et Beethoven l'indépendant, le compositeur doit enseigner et toucher des cachets pour survivre, parfois avec difficulté. La renommée sera au rendez-vous ou pas, d'où les chroniques sur des "petits maîtres" redécouverts lors de recherches dans les fonds de bibliothèques par les historiens… Chapitre plus ou moins court suivant les éléments disponibles dans la bibliographie mais utile pour apprécier le climat poétique, émotionnel ou spirituel lors de l'écoute.

Pour la musique contemporaine, les conflits, les régimes libéraux ou totalitaires influent sur l'objectif expressif des œuvres. Le compositeur devient philosophe (R. Strauss), militant et opposant (Chostakovitch), illustrateur musical de drames théatraux (Verdi) ou d'art pictural (Hindemith  – Respighi) – quelques exemples au hasard.

La seconde partie précise la nature de la composition, expose des règles compositionnelles qui structurent l'ouvrage. Il peut être technique, donc de lecture dispensable. Son rôle est d'habituer le mélomane débutant à étudier la logique de construction, repérer les thèmes, motifs, variations, etc.

L'analyse avec son minutage sert de guide. Je la conçois comme un "GPS" pour distinguer plus aisément les sections musicales, surtout dans les grandes partitions complexes, je pense aux symphonies de Mahler qui ont donné lieu aux articles les plus détaillés, en concurrence avec les opéras. Ce dernier chapitre peut lui aussi être négligé par le lecteur pour se lancer directement et spontanément dans l'écoute…

Certains ouvrages ou personnalités permettent de s'évader dans des digressions à propos de l'évolution de l'art musical, de l'apparition de nouveaux instruments (du clavecin au piano moderne, le cheminement technologique du phonographe à la HIFI stéréo raconté récemment ; les débuts de la musique électroacoustique avant-guerre en compagnie d'Edgar Varèse.)


- Tu illustres ce chapitre de couverture d'ouvrages consacrés à Chostakovitch et sa symphonie "Leningrad". Il me semble que tu as bossé durement sur cette chronique monumentale…

Sonia mentionne une chronique sur la symphonie de 1H20 du compositeur russe. Longtemps, elle est apparue comme une œuvre boursouflée, braillarde aux accents patriotiques grotesques !!! Or il n'en est rien, la chronique rétablit la réalité bien plus subtile de ses intentions.

 

Leningrad subira un effroyable siège par les nazis. 900 jours. On diffuse à la radio une symphonie à l'orchestration titanesque et au discours qui ne l'est pas moins pour stimuler la résistance contre l'envahisseur (un million de morts paieront le prix des combats et de la famine). On comprendra l'importance de résumer cette bataille sans merci entre soldats hitlériens et staliniens. Elle bouleverse le compositeur humaniste plongé au sein de la terreur folle due à la rivalité entre les dictateurs. Ainsi expliquées sous l'angle d'une partition puissante mais somme toute peu démonstrative, les marches militaires, mécaniques ou supposées triomphales paraissent moins patriotiques que sarcastiques envers cette folie sanglante. Le mouvement lent n'est plus un requiem pour les victimes mais un thrène d'une tristesse infinie, un sanglot par portées interposées, dénonçant la souffrance face à la monstruosité démoniaque des deux régimes.

- Au début Claude, on pense à une musique de film de guerre et petit à petit, on est gagné par un sentiment d'effroi à lire ton texte… Je confirme… Staline était sourd et aveuglé par son orgueil, se croyait bénéficiaire d'un te deum symphonique en son honneur… La bêtise des tyrans… Ta chronique était convaincante... 

- Sonia conclut cet article. Une musique peut amuser ou témoigner au même titre qu'un documentaire, un joli tableau bucolique ou au contraire terrifiant (Les Joueurs de skat de Otto Dix) et bien entendu retraduire par l'harmonie des sons un livre qu'il soit une pièce, un témoignage historique ou simplement romanesque (décliné en livret d'opéra).

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- Dis Claude pour égayer ce billet, aurais-tu deux exemples musicaux à nous faire écouter, l'un cool qui ne nécessite aucune explication savante et, inversement, un autre plus délirante pour laquelle un petit guide à propos de sa composition évitera de penser que son auteur cherche à nous filer la migraine… hihihi…

- Amusante ton idée Sonia, je réfléchis et je reviens…

Pour commencer, encore et toujours Beethoven le poète. Le 2éme mouvement de la symphonie N°6 "Pastorale", réponse bucolique à la furieuse 5ème Pam Pam Pam Paaaaam… Strictement rien à commenter techniquement parlant. Partagez la sensualité, l'ambiance champêtre, les gazouillis des oiseaux… Que dire d'autre, juste partir en promenade avec son ou sa chéri.e.

Interprétation : Orchestre philharmonique de VienneKarl Böhm – 1971…

 

 

Ensuite, accrochez-vous, les mélomanes novices aventureux. Voici d'Edgar Varèse : Arcana, œuvre pour méga orchestre (comme Amériques commenté dans le blog). Adieu les piafs, place à la furie orchestrale ! La thématique s'appuie sur les énigmes cachées derrière l'alchimie et l’Astronomie hermétique de Paracelse. Varèse professait que la naissance de l'art provenait de l'inconscient et non de la raison… Merci ça nous aide 😊. En forme de passacaille de 18 minutes (ou poème symphonique), quelques précisions NON hermétiques s'imposeront… Une chronique à envisager, sous amphétamines… 😯


Interprétation : Orchestre du Concertgebouw d'Amsterdam – Riccardo Chailly – 1994…




Cette chronique a été rédigée sans aucun recours à l'IA ! 😜


2 commentaires:

  1. Shuffle Master.11/9/25 10:52

    Je confirme que pour le jazz ou le blues (moins pour le rock), l'initiation s'est faite par la lecture des pochettes de disques et quelques ouvrages de référence (celui d'André Francis, notamment). Il y a quelques similitudes avec le classique, dont l'appellation "petits maîtres" (par exemple Hank Mobley chez les saxophonistes), mais le musicologue classique doit avoir une autre surface que les autres, en raison d'une période de référence bien plus étendue, de genres et de sous-genres nombreux, du "fond" des œuvres (religion, mythes, légendes...etc) qu'il est nécessaire de maîtriser au même titre que les bases du solfège et de la composition.

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  2. J'avoue qu'avant de tomber dans le chaudron du rock et de la chanson française qui veuttt dire quelques chose, j'ai forgé ma soif de connaissance musical en piochant allègrement dans la collection de disques classique de ma grand-mère ( le premier sera une version de la fantastique de Berlioz dans la collection Musidisc. ) Dans ton introduction, tu parles de compositeurs au nom barbare alors que tu n'as jamais parler de César Cui (qui a un nom quand même plus facile a prononcer ! )

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