Un soir, alors que les sessions d’enregistrement du jour venaient de se terminer, un titre de journal attira l’attention de John Lennon. Tous ceux qui eurent pour ambition d’écrire quoi que ce soit savent que le processus ne s’arrête jamais, que le cerveau du créateur est une éponge absorbant tout ce qui l’entoure pour le faire fermenter dans l’alambique de sa pensée. Après avoir lu le récit du drame, Lennon fit de cette histoire d’accident de voiture un refrain historique :
« I read the news today o boy, About a lucky man who made the grade, And thought the news was rather sad, Well I just had to laugth, I saw the photograph… »
« Woke up , fell out of bed, Dragged a comb accross my head… »
« A day in the life » fut le sommet indépassable du duo Lennon/McCartney, celui où leurs génies apparemment si opposés se complètent à la perfection. Comme s’ils entendirent soudain le cri de rassemblement de leurs ancêtres, les Beatles se mirent en tête de faire de leur chef d’œuvre l’acte de résurrection du génie mélodique du vieux continent. Un orchestre philharmonique fut donc convoqué, le groupe lui donna ses partitions et lui dit quand intervenir. Sa solennité donna de la profondeur à la légèreté et du lyrisme à la tristesse, jusqu’au carambolage final ayant des airs de big bang musical.
Pris en première
partie des Beatles lors d’une de leur dernière tournée, les Moody Blues ne
purent que subir les conséquences du génie créatif des quatre de
Liverpool. Tout groupe anglais évoluant entre 1965 et 1970 ne put
que subir l’influence du duo Lennon McCartney, les Stones eux-mêmes
se mirent à composer pour rivaliser avec eux. « Rubber Soul »
et « Revolver » ayant fait passer la musique dans une
nouvelle ère,
la superficialité des Moody Blues devint flagrante.
Les formations rock suivent les mêmes règles que les gouvernements, ceux qui les ont menés à la déroute ne peuvent les sortir des limbes. Cherchant son nouveau chanteur, le groupe en déroute jeta son dévolu sur Justin Hayward, un musicien nourri par le talent lyrique du vieux continent. Ayant fait ses débuts en passant du chant au théâtre, l’homme fit le lien entre le passé pop du groupe et ses nouvelles ambitions artistiques.
De sa voix théâtrale, Hayward donne une grâce solennelle à la gaieté de « Dawn » et une solennité mystique à la beauté sensuelle de « Night in white satin ». Second modèle du rock progressif, « Days of the future passed » en définissait les contours, que le mouvement ne cessa d’approfondir et de réadapter. Ambitions poétiques portées par un symphonisme rêveur et rehaussé par des chœurs alanguis, le rock progressif incarnait la joie d’une génération pour laquelle l’avenir ressemblait à un rêve éveillé. L’album actant la naissance du mouvement n’en fut pas moins une œuvre sombre et torturée.
A suivre...
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