- Oh oh Claude, un petit nouveau, il en reste encore ! Vers 1763, un copain de Haydn et Mozart ?
- Dussek était d'origine tchèque… Attention, il ne faut pas le confondre avec Jan Ladislav Dussek, un pianiste lui aussi tchèque virtuose et un compositeur dont la vie est digne d'un roman de Dumas en quatre volumes… Une autre chronique se justifiera…
- Ce n'est pas de la musique bien profonde à te suivre…
- Franchement non, mais c'est pétulant, très orchestré et vivifiant.
Le genre à écouter le matin comme aérobic musical…
- Ta gymnastique se limite à siroter des cafés avec m'sieur Pat, Claude… hihi !!!
- M'enfin Sonia, respecte mes cheveux blancs ma belle…
František Xaver Dušek |
František Xaver Dušek est né en Bohème en 1731 en Tchéquie. Il disparaîtra en
1799 à 62 ans, ce qui en fait un exact contemporain de
Joseph Haydn
(1732 – 1809). Il existe peu d'information permettant
d'établir une biographie détaillée. Il semble même que
František Xaver Dušek
n'ait guère quitté Prague pendant sa carrière. Il étudie le clavecin à
Vienne avec
Georg Christoph Wagenseil, autre compositeur et virtuose plutôt
oublié de nos jours. Pourtant
Mozart
et
Haydn
avaient une grande considération pour ses œuvres. J'essayerai de voir s'il
existe quelques gravures à écouter dans la cadre "compositeur à ressusciter" ironiserait Sonia.
Né près de vingt ans avant la mort de
Bach, notre compositeur a donc grandi en cette époque du Baroque tardif mais
composera pendant la période classique. En 1770, il s'installe à
Prague comme professeur et semble avoir découvert comme ses illustres
confrères le piano-forte.
Je rappelle qu'à l'époque, la vie musicale praguoise est bien plus animée et novatrice que celle de Vienne. Si Haydn a su s'imposer et si Beethoven attend son heure (ce sera au début du XIXème siècle en assurant le virage vers le romantisme), Mozart connaîtra le succès pour ses œuvres qui gagnent en maturité dans la ville tchèque, notamment son opéra Don Giovanni, boudé à Vienne mais applaudi à Prague. L'écriture de la symphonie N°38 "Prague" marquera la reconnaissance de Mozart pour le public tchèque moins "encroûté" 😊.
František Xaver Dušek a-t-il bien connu Mozart ? Certains témoignages mal documentés laissent planer le doute. Cependant il sera le professeur de clavier de Karl Thomas Mozart, second fils de Wolfgang et de Constance (1784-1858). L'élève deviendra un bon pianiste mais préféra exercer en Italie divers métiers dans ce que l'on appelle de nos jours "le secteur tertiaire". N'ayant pas eu d'enfant, la lignée Mozart s'éteindra avec cet homme qui continuera de maintenir l'héritage de son père au firmament de l'histoire de la musique.
Georg Christoph Wagenseil |
Un musicologue allemand est plus affirmatif. Les
Dušek
possédaient une résidence secondaire à Smíchov près de Prague, la Villa
Bertramka.
Mozart
y aurait parachevé
Don Giovanni
en 1787 et peut-être aussi, en 1791, La Clémence de Titus, en tant qu'invité et peut-être ami du couple.
Pour la petite histoire, l'épouse de František Xaver, Josepha, était une soprano célèbre et très estimée de Mozart qui lui dédiera deux airs de concert, Ah lo previdi et Bella mia fiamma. Ajoutons que Beethoven l'imitera quelques années plus tard en lui dédiant le très connu Ah, perfido.
Sur le plan créatif, le patrimoine légué par
F. X. Dušek
n'est pas mince. Assez surprenant pour un compositeur méconnu de nos jours
et ayant travaillé au siècle des lumières, toute sa production a traversé
un temps où les manuscrits étaient souvent perdus voire détruits, environ
200 œuvres. En 1958, Václav Jan Sýkora en a établi le
catalogue par et l'a publié à Prague le catalogue exhaustif. Pour les
symphonies au nombre de 40, il existe une autre classification dite
Altner portant des codes incompréhensibles… C'est celle utilisée
par l'éditeur Naxos de ce disque. On trouve des
œuvres pour clavier, des
divertimentos, des
symphonies, des
sonates, des
trios, etc. On pensera au catalogue
de jeunesse de
Mozart, et plus encore à celui de
C.P.E Bach, son quasi contemporain qui lui, aligne plus de 600 partitions,
C.P.E Bach, le fils du Cantor qui a vraiment assuré une succession notable à son
génie de père…
Depuis 1965, très lentement, la discographie de
F. X. Dušek
s'enrichit. En dehors de ce carré de
symphonies
publié en 2012, on trouve 2 albums parus en 2014 proposant
six
concertos
interprétés par pas moins que
Howard Shelley, et l'intégrale en cinq CD de la
musique pour clavier seul sous les doigts de
Marius Bartoccini
éditée entre 2018 et 2019. On trouve certaines pièces
isolées dans des anthologies consacrées aux petits maitres de l'époque
classique.
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Aapo Häkkinen |
Aapo Häkkinen
a vu le jour à Helsinki en 1976. Ses études musicales l'ont amené à
maitriser avec virtuosité le clavecin, le clavicorde (ancêtre du
pianoforte car équipé de marteaux) et l'orgue. Il est venu se
perfectionner à Paris auprès de
Pierre Hantaï. Sa carrière s'est orientée à la fois comme concertiste soliste mais
aussi en appui de formations baroques prestigieuses, notamment en
collaboration avec
Reinhard Goebel, fondateur et directeur du
Musica Antiqua Köln.
Comme souvent en milieu de carrière, le claveciniste s'est intéressé à la
direction d'orchestre pour servir divers compositeurs baroque et/ou
classique. On lui doit en dehors de l'album de ce jour qui n'a aucun
concurrent, des gravures de "Grandes"
symphonies, de
concertos
et de
sonates
de
Franz Xaver Richter (tchèque – 1709-1789), plusieurs CD édités chez Naxos.
Ajoutons quelques albums isolés comportant des œuvres de
Couperin,
Bach
et plus stupéfiant :
les sept dernières paroles du Christ en croix
de
Haydn
dans une transcription pour clavicorde
(Deezer)
L'orchestre baroque d'Helsinki
a été fondé en 1997.
Aapo Häkkinen
en est le directeur artistique depuis 2003. Les gravures sont
réalisées pour le label Naxos. Aux musiciens peu connus cités avant
et au programme de l'ensemble, ajoutons
Joseph Martin Kraus
ou encore
Johan Joachim Agrell. Le répertoire s'étend de
Monteverdi
à
Schumann…
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Quatre symphonies composent cette anthologie. Symphonies ou sinfonias
voire divertimentos ? Il y a quelques semaines, un article consacré aux
trois symphonies de
Haydn
"Matin", "Midi" et "soir" de 1761 se
faisait pédagogue pour expliquer la genèse de la symphonie classique dont
la forme deviendra une référence pour
l'époque classique,
Mozart
et
Beethoven
jeune, puis toute
l'époque romantique,
Schumann,
Brahms
et même moderne,
Prokofiev.
Mahler
sera le premier compositeur à s'abstraire des règles formelles, le nombre
de mouvements varie et le maître autrichien mêle lieder et style oratorio
à ses gigantesques partitions. J'écrivais au sujet du groupe "les heures" de
Haydn
et plus généralement de la structure symphonique :
Prague vers 1760 |
"Les trois symphonies épousent ainsi la forme officielle en quatre
mouvements tout en recourant à l'écriture sonate bi-thématiques. Si le
concerto grosso destiné au divertissement et au concert est encore à la
mode, il n'en retient que la fantaisie de l'orchestration et le récit
concertant avec solistes, donc :
L'orchestration usuelle devient : flûtes, deux hautbois, deux bassons,
(plus tard deux clarinettes et trois trombones),
deux cors, des cordes, un clavecin ou piano forte."
Dans les symphonies de
F. X. Dušek
les flûtes sont absentes. Elles le sont aussi dans bien des symphonies de
Mozart
qui n'aimait guère cet instrument dit-on… Aapo Häkkinen
retient un effectif encore plus léger :
2 hautbois, 1 basson, 2 cors, 4 violons I, 3 violons II, 2 altos, 2
violoncelles et 1 seule contrebasse. Surprenant ? Non, les orchestres de l'époque destinés à jouer dans des
salles de réception princières ne dépassaient guère ce personnel, au grand
dam des compositeurs 😊.
Les trois premières symphonies ne comportant que trois mouvements, pas de
menuet, sont assimilables à la forme divertimento, mais la richesse des
couleurs orchestrales montre l'influence du concerto grosso.
La dernière en quatre mouvements dont un menuet est donc bien une symphonie
au sens classique.
Les dates de composition sont mal connues, mais il semble assez évident que
F.X. Dušek
suit les influences de la vie musicale dans cette Europe inventive du siècle
des lumières. Il est l'un de ces compositeurs charnières qui vont assoir
l'art classique, améliorer le solfège, sophistiquer les orchestrations dans
les dialogues entre pupitres. On ne cherchera pas de philosophie dans cette
musique. Pour plaisanter, je parlais d'aérobic, terme mettant en avant la
vitalité de ces œuvres. Il en émane une force symphonique qui n'a plus rien
à voir avec de la musique de salon que personne n'écoute… L'émotivité
romantique prend source dans ces quatre jolies symphonies, laissons les
études savantes de côtés.
Le virevoltant thème A de la symphonie G4 résume à lui seul toute analyse : des traits vaillants des cordes et une mélodie vif-argent entre les pupitres de l'harmonie. Charmant et presque épique…
Symphonie en sol majeur
{Altner G4 – Playlist 1 à 3}
1)
Allegro
2)
Andante 3) Presto |
Symphonie en si bémol majeur
{Altner Bb2 – Playlist 4 à 6}
1)
Allegro Con Spirito
2)
Andante 3) Allegro Assai |
Symphonie en la majeur
{Altner A3 – Playlist 7 à 9}
1)
Largo Maestoso - Allegro
2)
Andante
3)
Allegro Assai
|
Symphonie en si bémol majeur
{Altner Bb3 – Playlist 10 à 13}
1)
Allegro E Vivo
2)
Andante
3)
Minuetto - Trio
4)
Allegro Assai |
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