John Lennon avait disparu des écrans radar depuis cinq longues années quand
un jour de novembre 1980, un album fit son apparition… le dernier !
Du Coming Up de McCartney au Coming Out de Lennon
Le 8 décembre, cela fera quarante ans que ce timbré de
Mark Chapman (Qu’il crève en
prison !) abat John Lennon
de quatre balles de 38 à coté du Dakota building, la résidence de
John et
Yoko, peu de temps après que John lui ait signé son dernier album tout fraîchement sortie des presses
«Double Fantasy».
Un silence de cinq ans entre le dernier album «Rock’n’Roll» et «Double Fantasy», un silence où après le fameux Week-end perdu, Yoko
accepte que John revienne
habiter avec elle, sous réserve qu'il respecte certaines
conditions : Qu’il accepte de se soumettre à un régime macrobiotique
sain, sans viande ni alcool, mais aussi de laisser sa femme gérer
entièrement ses affaires. Yoko se
retrouve enceinte et le jour du trente-cinquième anniversaire de
John, naît Sean. Il va se retirer alors de la vie publique et musicale pour se consacrer à
l'éducation de son fils.
C'est en entendant, en 1980, «Coming Up» de
Paul McCartney (chanson issue de son album «McCartney II», album assez expérimental qui marchera plutôt bien) que Lennon aura envie de
refaire de la musique, et, en août, il entre en studio. Evidemment Yoko sera
de la partie, mieux (ou pire, c'est selon) elle partage littéralement
l'album «Double Fantasy», propose 14 titres, et sur ces 14 titres (pour trois quarts d'heure de musique), la moitié est écrite et interprétée par
Lennon, et l'autre, par Yoko.
Yoko qui dans les albums de
John est aussi bien accueillie
que l’épidémie de gastro en hiver. Faire une face
Lennon et une autre
Ono aurait été risqué : il n'aurait pas été
rare de trouver, chez les possesseurs du vinyle, une face
Yoko toute clean
et une face Lennon plus ou
moins usées. Enfin de compte, ils mélangeront le tout, une alternance entre
les titres de John et ceux de
Yoko. Tout comme l’album «Some Time In New York City» (clic) il sera crédité à
Lennon &
Yoko. L'album se vendra très bien, mais il faut préciser qu'il se vendra encore
mieux après le 8 décembre, le contrecoup de la mort de
Lennon faisant une sorte
d'effet boomerang marketing morbide.
Ce n'est sans doute pas son sommet,
mais «Double Fantasy» marque le retour de
John et
Yoko à la vie publique, l'album fait écho à
leurs cinq ans d'absence et aux nouveautés de leur vie.
Lennon ne prendra pas son vieux
complice caractériel Phil Spector qui est
en train de produire les Ramones, ce sera
Jack Douglas à qui
Lennon donnera des instructions
bien précises
pour recruter des types du même âge que lui, pas des jeunes lames comme New
York en affûte par dizaines dans les clubs et studios de l’époque.
Peu assuré avec sa voix, qu’il considère comme partiellement éteinte,
John engage son producteur à
utiliser sans retenue les dernières innovations technologiques, qui feront
un malheur dans tous les sens du terme au cours des années 80 : des réverbs
énormes mais bien moins incarnées que celles de
Spector, des superpositions en
mille-feuille pour masquer les éventuelles carences de la voix du
maître.
Entouré de grosses pointures comme
Earl Slick, Hugh McCracken, Tony Levin
entre autre, John va sortir ses quatorze derniers titres. «(Just Like) Starting Over» (Ce sera comme repartir à zéro… !)
Lennon entendait bien
reprendre sa carrière sur de nouvelles bases. Chapman
n’avait pas encore croisé sa route. «Kiss, kiss, kiss» ou Yoko dans ses délires
vocaux ; ce n’est pas aussi mauvais que ce qu’elle faisait avant... Mais
je ne vais m’arrêter, pour l’instant que sur ses titres à elle ; certains,
comme «I’m Moving On» est un bon titre qui sonne très
Lennon (normal !),
ou sur la sympathique ballade façon années 30 «Yes, I'm Your Angel». Le très beau «Beautiful Boys» (Crédité à Yoko sur la face B mais
c’est du John à 90%) dédié à Sean l'enfant qu'il a eu avec
Yoko. «Every Man Has a Woman Who Loves Him» est écoutable. Même si Yoko imite très
bien Nina Hagen ou
Lene Lovich («Kiss, kiss, kiss» et «Give Me Something») nous sommes loin du «Yoko Ono/Plastic Ono Band» en 1970 et de «Fly» en 1971. La partie de
John Lennon sera du
Lennon, que ce soit «Cleanup Time», «I’m
Losing You», le beau «Watching the Wheels» avec un clip en forme de carte postale de
John en papa poule et père au
foyer. «Woman» l’ode à Yoko, Lennon
l'a décrite comme une version adulte de sa chanson «Girl», composée à l'époque des Beatles. «Dear
Yoko», il avait déjà écrit sur sa muse japonaise, dans l’album «Imagine» avec «Oh Yoko !».
En 1984,
Yoko commercialisera «Milk And Honey»,
disque comportant les "chutes" de studio des sessions de «Double Fantasy», avec douze titres, et là encore, la moitié d'elle et la
moitié de John, en alternance la pochette propose une photo prise lors des mêmes
sessions que «Double
Fantasy» (En couleur). En 2010 est publié le double album «Double Fantasy Stripped Down», qui contient le disque original, plus une nouvelle version aux
arrangements épurés. Si certains critiqueront le fait de n'avoir que sept chansons de
Lennon sur les quatorze, il
faut avouer que les chansons restantes sont excellentes et ne
dépareillent pas, et c’est moi qui dis ça alors que la voix de
Yoko m’a toujours hérissé le poil. A
croire qu’en vieillissant elle s’est bonifié comme un bon saké.
Quarante années après qu’il ait entendu son dernier 45 (Qui de plus était un Revolver 38 spécial),
Lennon
est toujours aussi vivant dans l’esprit des gens,
Yoko n’est plus au top de sa forme et vit
recluse au Dakota building. Le créateur d’imagine
nous aura fait une double fantaisie avant de tirer sa révérence.
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