Les
amateurs de westerns, qui dans leur immense majorité sont des gens biens,
connaissent la pentalogie Anthony Mann / James Stewart (qui ont aussi tourné trois
autres fois ensemble, mais pas des westerns). Ce n’est pas cinq, mais six westerns
qui auraient dû voir le jour si Anthony Mann avait aimé le scénario de LE
SURVIVANT DES MONTS LOINTAINS (1957). Pour l’avoir découvert récemment, ce
(très bon) film est effectivement dans la lignée des précédents, scénarisé par
le même Borden Chase, mais réalisé par James Neilson, qui aura fait 90% de sa carrière à la télé (Bonanza, Batman...).
James Stewart au milieu des convoyeurs |
LES AFFAMEURS est tiré d’un roman de Bill Gulick, dont les droits avaient été achetés
par James Stewart : « Bend of the snake » L’adaptation rebaptisée « Bend
of the river » a peu de chose à voir avec le livre d’origine, l’auteur
ayant même déclaré à la sortie que le seul point commun entre son livre et le
film était les trois premiers mots du titre ! C'est d'ailleurs pour des questions de droits que « snake » a été remplacé par « river ». L'acteur avait réduit son cachet contre un pourcentage sur les recettes, et bingo, le film fut un triomphe.
Borden Chase, qui a aussi écrit LA RIVIERE ROUGE d'Howard Hawks ou VERA CRUZ d'Aldritch, a fait un boulot remarquable. Comme à son habitude il condense l’action dans des scènes courtes, fortes, chaque protagoniste a une importance dans une intrigue aux multiples péripéties, le film mêle l’histoire de l’Ouest (la fièvre de l’or) et la relation ambiguë entre deux hommes. Non sur le plan sexuel, mais sur l'amitié, le respect - qui partira en vrille.
Borden Chase, qui a aussi écrit LA RIVIERE ROUGE d'Howard Hawks ou VERA CRUZ d'Aldritch, a fait un boulot remarquable. Comme à son habitude il condense l’action dans des scènes courtes, fortes, chaque protagoniste a une importance dans une intrigue aux multiples péripéties, le film mêle l’histoire de l’Ouest (la fièvre de l’or) et la relation ambiguë entre deux hommes. Non sur le plan sexuel, mais sur l'amitié, le respect - qui partira en vrille.
Glyn
McLyntock (James Stewart, d'une précision de jeu qui me laisse toujours pantois quelque soit le genre abordé) emmène vers l’Oregon un convoi de colons, dirigé par
Jeremy Baile et sa famille. En route, McLyntock sauve du lynchage un certain
Emerson Cole (Arthur Kennedy). Les deux hommes se (re)connaissent… Cole imagine que McLyntock est resté le même homme qu’il a connu, qui prépare un
mauvais coup, et rejoint la caravane. Ses flingues et son couteau seront utiles
pour se protéger des indiens. Formidable scène nocturne, silencieuse, caméra
ras du sol, où rampant dans les herbes, Glyn et Emerson se débarrassent des
indiens. La troupe parvient jusqu’à Portland pour y acheter des vivres. Laura Baile
(Julia Adams, des faux airs de Jennifer Connelly et Liz Taylor, c’est dire… et qui était coursée à la nage par l'étrange créature du lac noir, dans le film du même nom, en 1954) la fille de
Jeremy, blessée par les indiens, y restera en convalescence, avec Emerson
Cole, qui en pince pour la belle brune.
Julia Adams et Arthur Kennedy |
James Stewart |
Emerson
Cole est reparti avec Glyn McLyntock. Les deux hommes sont liés par une même
soif d’aventures, un passé violent, sont aimés de la même femme, Laura. Ils se
sont mutuellement sauvés la vie, semblent quitte. Mais cela est sans compter l’appât
du gain. Le chargement pourrait leur valoir une fortune s’il était revendu
avec bénéfice à des prospecteurs plutôt qu’acheminé vers la communauté de Jeremy Baile. C’est le
choix que fait Cole. Il abandonne son ami, mais ne le tue pas. Il reste un fond
de respect dans la trahison ! Glyn McLyntock lui dira « Chaque fois
que tu te coucheras pour la nuit, tu te demanderas si je suis là. Et une nuit,
je serai là ». On pourrait dire que Cole représente ce que McLyntock
serait devenu s’il n’avait pas changé. Lorsqu’ils se battent dans la rivière,
leurs reflets semblent se superposer comme s’il s’agissait du même homme.
Rock Hudson, Kennedy et Stewart |
LES
AFFAMEURS est une suite de scènes d’action remarquablement réalisées, rythmées
(du 90 mn réglementaires), ça tombe comme des mouches, avec beaucoup de
personnages, parfois pittoresques comme le capitaine du bateau et son second,
qui se lamentent : « On aurait jamais dû quitter la Louisiane… ».
Les femmes ont un caractère bien trempé, les paysages en technicolor sont
sauvages et somptueux, voir les plans filmés depuis l'intérieur des charriots. Anthony Mann qui vient du polar injecte du Film Noir à
son western, dans les cadrages, les ombres, la violence sèche. Rien d’alambiqué,
un film en ligne claire, tout semble évident.
LES
AFFAMEURS est un film que je peux revoir tous les ans. Un sans-faute, même si
le personnage de James Stewart y apparait moins nuancé, sûr de ses convictions
dès le début du film, et qui s’y tient. Sans doute L’APPAT (1953, 3ème opus du
cycle) lui est encore supérieur par son parti-pris radical : un huis-clos
en pleine nature, 100% en extérieur, avec seulement cinq personnages qui entrent
dans l’histoire au fur et à mesure, un film dont il faut que je vous parle.
************************************************
La semaine prochaine :
- back to France, ses gapettes, ses mômes et ses tractions
- le film emblématique d'un courant esthétique
- vaut bien plus que sa célèbre réplique
****************************************************
************************************************
La semaine prochaine :
- back to France, ses gapettes, ses mômes et ses tractions
- le film emblématique d'un courant esthétique
- vaut bien plus que sa célèbre réplique
****************************************************
"On aurait jamais dû quitter la Louisiane"...Tu crois que ça a inspiré Lino pour son "On devrait jamais quitter Montauban" des Tontons Flingueurs ?...
RépondreSupprimerC'est quoi next week: À bout de souffle... Pierrot le fou ?
RépondreSupprimerLa Louisiane, Mautauban... pourquoi pas ! Next week, niet, pas un Godard. A cette époque-là il était à peine né...
RépondreSupprimerAtmosphère ?
RépondreSupprimerNon...
RépondreSupprimerAh...y'a Michel et Michèle dedans?
RépondreSupprimerEuh... oui...
RépondreSupprimer