lundi 4 novembre 2019

PAYBACK de Brian Helgeland (1999) – par Claude Toon



- Mais M'sieur Claude, ce n'est plus une chronique sur le film Payback mais un montage diapo… !!!!
- Certes Sonia, mais j'ai rarement vu un film où les personnages secondaires pittoresques ont un rôle aussi important, un puzzle de belles gueules assez connues des amateurs…
- Mais le film doit être très long alors… Pléthore de personnages oblige…
- Et bien non, ce film n'est pas très long, mais par contre la vie tranquille voire l'espérance de vie sont plutôt courtes dans ce film noir et rocambolesque…

Porter et Val
Bonne idée d'avoir conservé le titre original, car Payback se traduit par remboursement et/ou vengeance ; précisément les deux axes essentiels du scénario ! 
Á propos de scénario, Brian Helgeland s'exerçait à la réalisation d'un long métrage pour la première fois, le gars étant plutôt un scénariste et pas le moindre si je cite les scripts de Mystic River (1 oscar), L.A. Confiderntial, Créance de sang (donc deux films avec Eastwood). Son premier scénario était Le Cauchemar de Freddy (4ème de la franchise ; il faut bien débuter, 1988).
Á la fin du tournage, les producteurs de la Warner Bross sont insatisfaits de l'extrême violence du film, ne voyant pas à l'évidence l'humour noire de cette course poursuite infernale. Pourtant en 1999 nous sommes sept ans après un certain saignant Reservoir dogs. La production a dû investir pas mal d'oseille (ne serait-ce que pour le casting) ciblant un public très large contrairement à Tarantino qui tourna en indépendant son joyeux massacre… Après le montage, Brian Helgeland est écarté au bénéfice du chef décorateur (une supposition). Des scènes sont retournées et le film est caviardé ! En 2006, Brian Helgeland pourra produire une version Director's cut ; pas réellement supérieure parait-il.
Le film sortira néanmoins avec une interdiction -16 ans à l'époque. Vingt ans plus tard c'est -12.
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Porter et Rosie
Porter (Mel Gibson), mauvais garçon spécialisée dans les casses fait équipe avec Val Resnick (Gregg Henry) autre scélérat qui doit 130 000 $ à la mafia de Chicago, mafia qu'il aimerait bien intégrer après apurement de la dette… Ce dernier semble bien au courant des trafics d'un cartel chinois et à repérer le jour où celui-ci transfert les fonds par paquets de 500 k$ ! Appuyée pour la logistique pat Lynn Porter, l'opération à coup de voitures béliers est montée et réussit… Sauf que dans la mallette, il n'y a que 140 000$ ! 70 000$ chacun, pas suffisant pour Val 😖 (Ces comptes d'épicier auront une importance capitale dans le film). Pas grave, Lynn abat de deux balles dans le dos Porter son mari, et Val se taille la part du lion, pas un sou pour sa complice diabolique. Val pourra régler son ardoise. Fin du film ?
Non, c'est bien connu les héros virils interprétés par Mel Gibson ne meurent jamais. Il en réchappe et cinq mois plus tard, remboursement et vengeance peuvent commencer…
Lorsque Porter requinqué réapparait, Lynn n'est plus qu'une épave rongée par le remord et l'héroïne. Porter lui aurait-il réglée son compte ? On ne le saura pas, une dernière dose létale de drogue se chargeant de sa sortie de l'intrigue.

Carter sur son 31
Porter se lance à la poursuite de Val et surtout de  ses 70 000$. Hormis ce salaud de traître qui a des soucis à se faire, Porter n'a pas une vocation de tueur sauf pour quiconque entrave la restitution de la somme au $ près ! Un gars réglo, un bandit très charismatique, heu… sauf si on mégote pour lui rendre son pognon. Et là mes amis, quelle hécatombe car ces maudits 70 000$, enfin 140 000 appartiennent aux Chinois, temporairement à Val et désormais à la Mafia qui soit dit en passant est managée par une hiérarchie digne de l'armée du Mexique…
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Pearl (Lucy Liu) en tenue de travail
Interdit de raconter le film, mais je parie que tous mes lecteurs (qui n'aurait pas vu Payback) devine que Porter entame une quête sans merci pour récupérer ces 70 000 $. Sans suspens en termes de finalité, tout l'intérêt du film repose sur le défilé ingénieux de personnages qui seront un à un une étape dans cette chasse aux biftons…
Ah Val, le gangster venimeux, la tête à gifles qui a enfin intégré "l'organisation" (Les Boss trouvent que ça fait plus chic que Mafia). En bas de l'échelle sociale de la pègre il doit faire ses preuves et quand son DRH (niveau N-2) Carter (William Devane), sapé comme un lord et planqué dans un burlingue de PDG apprend l'origine sanglante du fric, direction le pôle emploi pour Val. Val, fat, psychopathe, impuissant au point de se faire rosser avec jouissance par Pearl (Lucy Liu), péripatéticienne spécialisée en SM, plutôt S que M d'ailleurs, travaillant pour les chinois et participant également aux combats de rue, flinguant à tout va. Pearl, un CV très polyvalent pour le rôle tenue par la craquante actrice sino-américaine connue pour son charme fantasque et ses talents réels de cascadeuse.
Faifax, ses deux porte-flingues-valises et un malfrat dans les pommes...
RDV pour Porter chez Carter pour remboursement, après s'être occupé à sa manière de Val en partenariat avec Pearl et sous les yeux inquiets d'une callgirl de luxe, ex petite amie de Porter, dépendant de l'organisation, Rosie (Maria bello), Oui mais désormais les 130 000$ sont dans la caisse de "l'organisation". Donc… Ben "non" cher Mr Porter. Enfin, à tout hasard coup de fil de Carter pour arbitrer le litige avec le grand patron (niveau N), Bronson (formidable Kris Kristofferson), grand psychopathe qui se marre, vocifère et raccroche. Bronson le bon père de famille de Johnny, un grand ado trop gâté et idiot qui sera kidnappé. Pendant les tractations, on fête son anniversaire ; Porter organise, de mèche avec Rosie, un soi-disant cadeau du papa-parrain (pas incompatible) Bronson : une nuit torride avec Rosie qui l'aborde à la sortie d'une boîte ; enfin une nuit… attaché au radiateur, petit con ! Ah les hormones…

Ah, autre cadre dirigeant, Justin Fairfax (James Coburn) (N-1), un dandy vieillissant, voyageant léger avec quatre valises portées par deux sbires bedonnants de l'armée de crétins chargée des basses besognes, des porte-flingues qui seront tentés de changer de job, dégoutés de finir polytraumatisés ou morts à chaque visite de Porter. Fairfax donc ; voici deux répliques pour situer son mode plutôt guindé (sans plus) de management, en substance :
Bronson joue au pédicure
- Mais Porter, tu ne fous quand même pas Chicago à feu et à sang pour 130 000 $ ?
- 70 000 $ (En haussant les yeux ; quand je parlais de compte d'épicier précis)
- Quoi ? Mais… ce n'est même pas le prix de mes costards dans cette valoche… (Porter a logé un pruneau dans l'une des valises en croco pour marquer son territoire.)
Ajoutons enfin deux flics corrompus à puer le purin : l’inspecteur Hicks (Bill Duke), l’inspecteur Leary (Jack Conley), encore deux "gueules" bien connues des amateurs de polars de cette époque. Deux renégats qui collent aux basques de Porter et qui voudrait palper leur commission et finiront au bagne, n'ayant pas assez surveillé leurs plaques soi-disant paumées et leurs empreintes de doigts retrouvées sur une scène de crime où ils n'ont jamais mis les pieds (Sympa ma figure de style). Enfin, vivants, eux… Je résume : au bal des "winner", la liste des invités est saturée, un casting incroyable…
Oui, beaucoup de violence dans ce polar survitaminé, sans temps morts ; les gêneurs qui contrarient Porter tombent comme des mouches. Du simple coup de feu, on atteint l'explosion de bagnoles et même d'un immeuble entier avec à tout casser 1kg de TNT.
l’inspecteur Hicks et l’inspecteur Leary encadrent Porter
J'aime l'expression Grand-Guignol pour adultes pour ce genre de film irréaliste, les explosions délirantes, "éparpillé par petits bouts, façon Puzzle […] je dynamite, je disperse, je ventile !" comme disait Raoul Volfoni (Bernard Blier). Mel Gibson la joue à la Terminator : un objectif non négociable et aucun état d'âme. Même les orteils écrasés à coup de masse lors d'un interrogatoire gestapiste par Bronson, il court encore ; un vrai Warrior… On finit par en rire même si c'est horrible… C'est le but du jeu…
Côté cinématographique, soyons plus réservés. La photographie et le cadrage n'ont rien d'inventif. Par contre le montage même révisé donne une belle lisibilité à cette histoire de dingues. Les tontons flingueurs version hard avec des fusillades guerrières, de la baston WWE et de l'hémoglobine à gogo façon cartoon survolté.

Format : Couleurs - 2,35:1 - DTS / Dolby Digital - 35 mm
Durée : 101 minutes
Nota : Adapté librement du roman Comme une fleur (The Hunter), écrit par Donald E. Westlake, sous le pseudonyme de Richard Stark, le film est le remake du Point de non-retour de John Boorman (Délivrance) avec Lee Marvin (Walker) en 1967. Un excellent thriller très apprécié de Bertrand Tavernier et tourné en NB somptueux. Un film commenté par M'sieur Luc (comme dit Sonia) en son temps (Clic).
- M'sieur Claaaaaaauuuude… Je reviens du bureau de M'sieur Luc, il a écrit en même temps que vous un billet sur ce film, il a fini…
- Ah mince, manque de concertation au comité de direction lundi… Je ne vois qu'une solution. Nous battre en duel dans le hall, revolver Smith & Wesson Model 27 .357 Magnum*  à 20 mètres, je suis le doyen, je tire le premier… Aller prévenir M'sieur Luc…
….
- Heuuu, M'sieur Luc vous laisse le créneau avec plaisir, il est vraiment très gentil…
(*) Flingue utilisé par Porter dans le film, entre autres divers automatiques comme celui braqué sur la frimousse de Pearl… L'histoire des deux rédactions simultanées est véridique !! 1 probabilité sur 108.



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