vendredi 13 septembre 2019

ROCK EN SEINE - The Cure - 23/08/2019, par Luc B.


Let's Eat Grandma - photo Robert Gil.
Plein soleil en cette fin d’août au-dessus du parc de Saint Cloud, pour la dernière édition de Rock en Seine. Le principe est simple, quatre scènes, une grande, une moyenne, deux petites, des restaus, buvettes, pissotières (40 mn d'attente pour les filles... les gars incontinents vont derrière un arbre) quelques tentes de sponsors (les Champagne Mumm, très rock’n’roll…) une garderie pour tout-petits, pelouse et arbres à perte de vue. Après être passé douze fois à la fouille, compartimenté comme du bétail qu’on mène à l’abattoir, il faut penser à s’hydrater. Il faisait son petit 33°C à l'ombre. A 8 ou 9 euros la bière (blonde ou blanche - la blanche est dégueulasse) on ne va finalement pas s’hydrater tant que ça, d'autant que ces couillons vendent les petites bouteilles d'eau sans bouchon… Risque d'attentat à la Cristalline

Le truc, c’est que vous achetez un bracelet muni d’une puce, sur laquelle vous chargez de l’argent. Les types derrière le comptoir vous bipent le poignet, au suivant, super convivial, mais gain de temps. La puce est rechargeable, mais s’il reste du crédit, c’est non remboursable. Génial. Sachant qu’on vous indique qu’on peut manger dans une fourchette (sic) entre 8 et 15 euros, pas facile de prévoir. D’où des dépenses à la noix juste avant de repartir, mug, pins, gobelet… Bien vu le merchandising…
Eels
Bon, on est venu tout de même pour la musique. J’ouvre les hostilités avec Let’s Eat Grandma, un duo anglais composé de Rosa Walton et Jenny Hollingworth, qui donnent dans l’électro pop psychédélique. Une troisième fille fait l'intérim à la batterie, elle a l'air de s'emmerder. Les deux autres sont montées sur ressort, touchent aux claviers, guitares, flûte, chant. Je n’en ferais pas mon quatre heures tous les jours, mais elles se donnent à fond, passent leur temps à s’écrouler, se rouler par terre, laissent des boucles de synthé tourner pendant qu’elles regardent énamourées le public dans les yeux, allongées comme une Lolita dans son petit jardin. Manque les lunettes en forme de coeur. Elles ont commencé à 13 ans, si je calcule bien elles en ont 19 aujourd’hui, deux albums au compteur, et déjà une sacrée maîtrise de l’affaire.   
Pendant ce temps-là, j’ai raté Jeanne Added. On ne peut pas être partout vu la superficie du parc. De même, j’aurais volontiers jeté une oreille sur la prestation de Johnny Marr, ex-guitariste de The Smiths, mais y’avait les californiens de Eels qui commençaient en même temps. En réalité Mark Oliver Everett, et un groupe à géométrie variable. Configuration basse batterie guitare, et chant. Everett entame par deux reprises, « Out in the street » des Who, et « Raspberry Berret » de Prince, version blues-rock. Boulet de canon. Le set était très rock, brut, le batteur ne faisait pas dans la dentelle. Everett est jovial, causant, décontracté, créateur de chorégraphies comment dire... personnelles, il attrape finalement une guitare pour quelques nouveaux titres, et des vieilleries comme « Novocaine for the soul ». Il est temps de repartir vers la grande scène qui accueille The Cure. Pour y aller, c'est simple, vous suivez la nuée de corbeaux chaussés de Doc Martens, tee shirt à l’effigie du groupe, jeunes corbeaux, vieux corbeaux, familles de corbeaux, si les cheveux sont parfois teintés de couleurs flashy, le reste est à l'encre de Chine.
Là encore, groupe à géométrie variable, depuis leurs débuts en 1978, mais ressoudé depuis quelques années autour de Robert Smith (guitare, chant) Simon Gallup à la basse, Jason Cooper à la batterie, Roger O’Donnell aux claviers. Un second guitariste, Reeves Gabrels, rejoint sur scène le quatuor en 2012. Je ne suis pas un grand connaisseur de The Cure. Mais on ne peut pas leur reprocher un manque de style ! Robert Smith arbore toujours sa tignasse léoferresque ébène, teint blafard, yeux surlignés de noir, et lèvres de rouge sang. Comme on dit, il en impose. Très étonnante entrée en scène, le mec discret, presque timide, les doigts croisés sur l'estomac, comme s’il hésitait à vraiment venir, comme s’il voyait un public pour la première fois, sans doute ému par ce dernier concert de leur tournée, alors que le groupe entame « Plainsong » et sa longue intro planante, titre d'ouverture idéal, d'ailleurs généralement joué en premier.
La première heure sera un long crescendo de titres psychédéliques, tempo médium, soutenu par des nappes de claviers aériens, pas mal de plages instrumentales, quelques chorus de guitare, de Gabrels ou Smith, qui a vraiment un style à lui. C’est toujours difficile d’apprécier en concert un groupe dont on ne maitrise pas bien le répertoire, mais ces longs morceaux qui prennent leur temps d’installer une ambiance sont finalement assez bluffants. Mention pour « Burn » ou « Fascination street » qui finissent par prendre aux tripes. Le son était très bon pendant une heure, et puis patatras, après un « In between days » énergique rapidement balancé, la sono déraille, les amplis frisent la saturation, très étrange, et très gênant. Simon Gallup assure à la basse que c’est rien de le dire, l’instrument lui descendant presque aux genoux, il arpente la scène de long en large, au contraire de Reeves Gabrels qui n’a pas bougé un orteil !
Robert Smith a gardé la même voix, il chante merveilleusement bien, parfois de longues plaintes lancinantes et suicidaires (faut dire que le répertoire ne donne pas spécialement dans la fête à Neuneu, on a juste envie de se pendre après chaque chanson !) et fait rarissime, d’après les aficionados, il a souri, plaisanté un peu, et même fait quelques pas vers le public. Après une courte pause, le groupe revient pour enchainer des titres plus connus (de moi en tout cas) comme « Lullaby », « Close to me », « Boys don’t cry » pour conclure. 2h15 pétantes, 27 chansons interprétées, Même si il y a un jeu de lumières sophistiqué, The Cure mise avant tout sur son répertoire, qui regorge d’excellentes chansons, généreux dans leur musique, introverti dans les poses.   
Kompromat - photo Robert Gil
Est-ce que je peux râler un peu ? C’est quoi cette mode des écrans format allongé, mais en hauteur ?! Vous avez des caméras qui filment format 16/9 classique, mais les images sont rognées à 70 % !! Impossible d’avoir deux musiciens dans une même image ! Et puis je voudrais passer un bonjour au gars qui a téléphoné pendant dix minutes, à l’autre qui racontait sa vie à une copine (- ah salut, t’es là, c’est dingue, qu’est-ce que tu d’viens ? - On s’en tape…) aux quatre nénettes qui n’ont pas cessé de discuter, plus fort que la musique pour s’entendre… Mais bordel qu’est-ce que vous foutez-là ? C’est un festival en plein air, il suffit de se mettre à l’écart, la sono arrose trois kilomètres à la ronde, mais faites pas chier ceux qui veulent écouter la zic !
Le concert où on pouvait parler sans risquer d’emmerder le monde, par contre, c’était le dernier, celui de Kompromat. Une certaine Rebeka Warrior (avec un pseudo pareil elle pourrait tourner pour John Carpenter) qui chante en allemand. Sur le moment on ne sait pas trop mais je me suis renseigné. Et Vitalic planqué derrière ses Macintosh. De l’électro-punk, genre 747 en pleine poussée, inscriptions géantes en cyrillique, lumières stroboscopiques à filer une crise d’épilepsie à un cadavre. Et j’étais royalement à 200 mètres de la scène. C’est juste physiquement insupportable, les ultra-basses vous secouent les côtes, on se tient la mâchoire pour ne pas que les plombages ne sautent, le sol tremble (si c’était un sol majeur septième, j’dis pas) que même les vers de terre en chopent Parkinson. J’ai tenu dix minutes, me promettant d’aller écouter Carla Bruni à son prochain spectacle. A l’entrée, un stand refile gratos un plan du site et des boules Quilès.
Pour 69 euros le pass d’une journée, y’a de quoi bien profiter. Ambiance sympa, festive, faut juste attendre 30 minutes pour un hot-dog en plastoc à peine garni. Difficile de tout voir, à moins de ne picorer que cinq minutes par-ci par-là, et marcher de long en large. Il faut faire des choix. La grande affiche du jour était The Cure, content de les avoir entendus, et le reste, c’est bonus.

Titres issus de vidéo amateur, donc hein, l'image, faut pas faire trop gaffe...  

   

2 commentaires:

  1. 2 h 15 le concert des Cure ? D'habitude ils jouent plus de 3 heures ... si c'était la dernière date de la (dernière ? mais y'a vingt ans qu'il dit ça fatbob) tournée, les organisateurs ont du leur filer que la moitié du cachet demandé ...
    Eels jovial ? tout le monde décrit Everett comme le type le plus dépressif du music business ... la dégustation du champagne Mumm peut-être ...
    Jeanne Added, j'ai un couple d'amis qui me tannent depuis des années pour que j'écoute cette fille. Zut, t'aurais du aller la voir, ça m'aurait donné une indication ...

    Et t'es pas allé voir au hasard, Balthazar ? ... manière de pas passer pour un âne ...
    69 euros le droit d'entrée plus les rafraîchissements, le sandwich sncf et les colifichets divers, ah oui, quand même ... we're only in it for the money comme disait Zappa ...

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  2. En festival, les durées de concerts sont limités. Ils avaient le créneau 21h - 23h15, ils ont fini à 23h16 ! Eels c'était 1 heure. Je me suis demandé si Everett n'avait effectivement pas fait une dégustation de Mumm avant de monter sur scène, franchement, très sympa, drôle, souriant, déconneur...
    Balthazar... non, pas vu, pas le temps. Ni le Mouchette's Band.

    70 balles, c'est le premier prix à Bercy, en haut, tout au fond. Alors pour une après midi / soirée entière, avec 15 concerts, c'est pas mal. Maintenant, j'aimerais savoir d'où viennent les bénéfices, de la billetterie, de la buvette ou des stands souvenirs ?

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