mardi 2 avril 2019

SINEAD O'CONNOR - The Lion and The Cobra (1987) par Pat Slade



Sinéad O’Connor une écorchée vive ; sa vie en dent de scie fait souvent parler d’elle dans le monde du rock. Entre musique et religion, les frasques de la chauve irlandaise laissera des traces dans les tabloïds comme «Rolling Stone magazine».




Un premier album empreint de spiritualité





C’est l’histoire d’une jeune irlandaise qui a été bousculée dans sa jeunesse entre une mère qui lui fera subir des maltraitances et un père remarié qui la placera dans un couvent pour cause d’absentéisme scolaire et de vols répétés. Elle y apprendra la musique et l’écriture. Sensibilité écorchée, féministe, elle entre en guerre contre la religion catholique ne trouvant pas de réponses à sa quête. Une jeune fille avec une belle voix qui se rasera la tête parce qu’un gars admiraient ses cheveux, une fille qui déchirera la photo du pape en direct, soulevant un scandale tel qu’elle n’arrivera pas à assumer son geste, n'ayant pas les épaules pour supporter le poids de sa révolte. Une femme en quête de spiritualité qui sera ordonnée prêtre par une église indépendante (Orthodoxe, catholique et apostolique) et qui rejettera le catholicisme et condamnera le Vatican suite aux scandales de la pédophilie au sein de l’Église. Une femme atteinte de troubles bipolaires qui fera plusieurs tentatives de suicide et qui laissera un message sur Facebook évoquant sa solitude et ses problèmes psychiatriques. Enfin, une femme qui va se convertir à l’Islam et qui définitivement brisera sa carrière. Mais elle aura laissé un beau parcours discographique.

En 2014, j’avais parlé d’«I Do Not Want What I Haven’t Got», son deuxième album sorti en 1990, même si la chronique concernait plus son concert au zénith un soir d’octobre 1990. Aujourd’hui, place à «The Lion and The Cobra», son tout premier album.

Un premier album qu’elle enregistrera alors qu’elle avait vingt ans et attendait son premier enfant, un titre tiré de la bible plus exactement du Psaume 91, verset 13, «Tu marcheras sur le lion et sur l'aspic, Tu fouleras le lionceau et le dragon.». Un album très sombre où la mort est omniprésente. «Jackie» le premier titre résume à lui seul tout ce que peut produire la demoiselle. Un début un peu mélancolique qui raconte l’histoire d’une femme qui erre le long du rivage longtemps après sa mort, dans l’attente du retour de son amant égaré en mer. Avec une guitare électrique et un synthétiseur qui vont monter crescendo tandis que la voix de Sinéad passera du murmure au cri. Plus rock’n’roll, «Mandika», le passage d’un monde d’amour folklorique au-delà de la tombe. «Jérusalem», Rien qu’avec le titre, le biblique est dans les paroles et Sinéad joue de ses cordes vocales.


Moins d’électricité sur le beau «Just Like U Said It Would B» joué comme une valse farandole. «Never Get Old», un rythme binaire à la Laurie Anderson qui contient une lecture du Psaume 89 et qui donnera le nom de l’album en gaélique. «Troy» le morceau de l’album est mon préféré de surcroit. Un début calme et triste avec un chant mystique, l’image d’une femme abandonnée par son boy-friend qui se pose les questions des erreurs qu’elle a pu faire ou des mots qu’elle n’aurait pas dû dire et qui cherchera à tout prix à le récupérer. 
Cette chanson chantée sur scène, avait une très forte intensité. «I Want Your (Hand On Me)», le morceau le plus pop et le plus commercial, mais il reste écoutable. «Drink Before The War» un lien entre l’émotion et la violence. Un fond constant de clavier qui enveloppe avec émotion la voix de Sinéad O Connor. «Just Call Me Joe» avec un son de guitare entre le Velvet Underground et les Cocteau Twins. Le morceau est un peu gras, mais pour finir un album, il est parfait.

«The Lion &The Cobra» est un très bon premier album qui restera un hit de la musique pop. Sinéad O’Connor a rejoint les rangs de Kate Bush, Laurie Anderson encore Jane Siberry (Pour ceux qui ne connaissent pas la chanteuse canadienne, je vous la recommande !) Des femmes qui ont brisées les frontières de la musique pop.

Le seul regret, c’est que Sinéad O’Connor n’ait pas continué dans cette voix et que sa révolte ait brisé son potentiel artistique.



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire