le vrai Butch |
La
thématique de fond est aussi la même, mais propre aux westerns de la fin des 60’s,
la fin d’un monde, insouciant, et l’avènement d’un nouveau, dans lequel les
héros ne se retrouvent plus. C’est aussi le thème d’IL ETAIT UNE FOIS DANS L’OUEST
de Sergio Leone, par certains aspects aussi de JEREMIAH JOHNSON (les deux avec
Robert Redford). L’aspect nostalgique du film est traduit par la photographie surannée,
ce générique sépia, les photos des héros en vadrouille à New York (la scène du manège forain, comme dans les 400 COUPS ?!). On retiendra cette réplique de Butch jetant son vélo dans un ruisseau en lui lançant « Va ! Bicyclette ! Le futur est à toi ! » avant que l'image se fige en sépia. BUTCH
CASSIDY est une grosse production, à la fois marquée par le Nouvel Hollywood,
et un certain académisme westernien. Les acteurs Jack Lemmon et Steve McQueen avaient été d'abord retenus, Paul Newman devant incarner Sundance Kid. Il jouera finalement Butch Cassidy, et Robert Redford héritera de l'autre rôle. Le film a bénéficié d’un beau budget, d’un long délai
de préparation et de repérages, deux mois et demi de tournage, un court métrage a même été réalisé sur les coulisses, préfigurant les making-of. Au final, un énorme succès public, critique, auréolé de
quatre oscars.
On n'a pas mis trop de dynamite ? (z'était payé combien les cascadeurs ?) |
Et
idée de génie : la bande va attaquer une deuxième fois le train, sur le
trajet de retour ! Fallait oser. Ce que l’Union Pacific n’apprécie pas.
Les exploits des deux compères sont partout célébrés (comme pouvaient l’être
ceux de Bonnie and Clyde, héros populaires et des gazettes à l’époque), alors
on leur lancent aux fesses les mecs de la célèbre agence de
détectives Pinkerton. L’idée ingénieuse de la mise en scène est de laisser constamment
les poursuivants loin au fond de l’image, on ne voit qu’un nuage de poussière, ou leurs torches, de nuit. Ils
ne sont jamais personifiés, ce qui les rend plus dangereux, opaques, symbolisant le destin funeste des héros, et qui fait dire à Butch régulièrement : « Mais
c’est qui ces gars ? ».
Le
film est à la fois un western, avec ce qu’il faut d’action, de coups de feu, de
bagarres, d’aventures (la fameuse séquence dans les montagnes du Colorado, le saut dans le ravin,
Sundance avouant qu’il ne sait pas nager) et une comédie. Voir l'arrivée à la gare en Bolivie, une ruine peuplée de lamas, ou l'entrainement à l'espagnol, ne serait-ce que pour pouvoir dire « Les mains en l'air, c'est un hold-up ! ». On retrouvera ce
mélange des genres dans SILVERADO (Lawrence Kasdan, 1985) ou dans MAVERICK (Richard
Donner, 1994). La séquence la plus célèbre du film est celle où Butch fait le
mariole à vélo, sa copine assise sur le guidon, sur la chanson de Burt
Bacharach « Raindrops keep fallin’ on my head » (« Toute la
pluie tombe sur moi » version Sacha Distel, et parfois la musique de
Bacharah se teinte d’accent à la Michel Legrand). Une parenthèse bucolique, campagnarde,
qui contraste avec la tuerie finale. L’époque change, et Butch, Sundance et
Etta sont pris malgré eux dans la tourmente.
this is (bientôt) the end... |
Lassés
d’être poursuivis, acculés et sans le sou, le trio déménage en Bolivie (comme
les hippies partaient pour Katmandou !) où ils alignent les attaques de
banques. Triste ironie, c'est lorsqu'ils veulent rentrer dans le rang, se trouver un vrai boulot, qu'ils seront contraints de tuer. Si Sundance avait avoué ne pas savoir nager, Butch avoue lui ne jamais avoir tué quelqu'un...
Évidemment,
il n’y aura pas de suite au film, quoique, L’ARNAQUE (1974) du même George Roy
Hill, (avec LE MONDE SELON GARP ses trois faits d'armes notables) avec encore Newman et Redford (la classe incarnée) a certains points communs avec BUTCH
CASSIDY ET LE KID. Le rythme n’est pas intrépide, Roy Hill prend le temps de
filmer comme ses protagonistes prennent celui de vivre, de profiter, c’est ce
qui fait la spécificité de ce western atypique, divertissant, solidement
réalisé. Et tout son charme vient du duo d’acteurs, Paul Newman et Robert
Redford (qui a baptisé son festival de cinéma indépendant Sundance), méga stars
à l’époque, comédiens engagés, exigeants, à jamais indissociables, comme Burt
Lancaster et Kirk Douglas la décennie précédente. Ne pas oublier Katharine Ross,
découverte dans LE LAURÉAT (Mike Nichols, 1967) au côté de Dustin Hoffman.
Du très grand cinéma américain, divertissant mais pas que, plus subtile, nostalgique et noir dans son propos. A
le revoir on sent que le temps a passé, une patine un peu vieillotte, mais
tout à fait raccord au thème du film, devenu un classique, qu’on peut (qu'on doit !) faire découvrir à des gamins… si y’en a encore qui aiment les films de
cowboys ?
couleur - 1h50
- scope 1:2.35
Qualité vidéo un peu dégueulasse (c'est ça du Full Hd ?!!) mais la vraie bande annonce...
Vouiiiiiiiiiiiiiii !!! Une petite merveille, ce flim !
RépondreSupprimerEt ce dernier plan, avec l'image figée qui passe au noir et blanc vieilli : les deux rebelles entrent dans la légende !