lundi 17 septembre 2018

R.I.P RACHID TAHA (1958 - 2018) - par Pat Slade








Rock in the Casbah





Toujours mal rasé et les cheveux en pétard, Rachid Taha était une image du raï et de chaâbi. Une grande gueule comme on en fait plus, qui continuait à conspuer toutes les formes de racisme et d’exclusion, le tout enveloppé dans une musique métissée qui lui donnait un goût incomparable au autres.

Cet Oranais né en 1958 arrivera en France dix ans plus tard en Alsace puis dans les Vosges où il a découvert l’hiver et le racisme. A vingt et un ans, il quitte le cocon familial pour rentrer dans la vie active comme VRP (Il vendra des ouvrages de littératures française). Il retournera chez ses parents installés dans la banlieue de Lyon. Après avoir fait des petits boulots, il entre à l’usine où il va rencontrer Mohammed et Moktar, respectivement guitariste et bassiste avec lesquels il va commencer à chanter, Carte de Séjour était né.

Un premier album «Rhoromanie» en 1984 enregistré par Steve Hillage ex-membre de Gong. Puis en 1986 ce sera «Deux et Demi» avec la reprise de la chanson de Charles Trenet «Douce France» réorchestrée avec des sonorités orientales, une reprise pour dénoncer la xénophobie. Même si le titre prête à sourire, il y aura aussi des grincements de dents et un gros tapage médiatique. Carte de Séjour se sépare en 1989 et Rachid Taha commence une carrière solo. Son premier album «Barbès» sera boudé des radios puisque sortie au moment de la guerre du Golfe. Il faudra attendre «Rachid Taha», son second album, qui aura son petit succès avec «Voila voila» que les DJ anglais propulseront dans les charts spécialisés et surtout «Ya Rayah» qui deviendra un tube.

Rachid Taha était surtout un homme de scène, je l’avais vu à la fête des potes (SOS racisme) dans la nuit du 15 juin 1985 à la Concorde avec Carte de Séjour. En 1998 ce sera à Bercy le 26 septembre avec Faudel et Khaled pour le show «1 2 3 Soleil» et un Rachid Taha déchainé. Il donne des concerts en Égypte et au Liban. En 2000 «Made in Medina» est encensé. Il continue à tourner en Afrique, il participera aux grands festivals comme les Francofolies, le Paléo et le Solidays. Il fera aussi une tournée en Asie jusqu’en Australie via la Nouvelle Calédonie. Le succès est là, il parvient à emballer des publics de cultures diverses.

Rachid Taha était un rocker et l’album «Tékitoi» en est la preuve. Toujours produit par
Avec Mick Jones
Steve Hillage, Brian Eno fait une apparition. La chanson «Rock el Casbah» est une reprise de «Rock the Casbah» du groupe Clash, Mick Jones le guitariste du groupe déclarera préférer la version de Rachid.
Toujours par mont et par vaux, entre studio et scène, il n’arrête pas. Il enregistrera 10 albums solos et composera 7 bandes originales.   

Rachid Taha était un artiste engagé, il a toujours dénoncé le sectarisme et la xénophobie, il était le «Rebeu qu’on invite à la télé». «En trente ans, je n'ai jamais loupé un avion ou un train. C'est pour ça qu'on m'appelle 'le Suisse', je suis toujours à l'heure! Biolay, quand il est en retard, on dit que c'est un dandy. Un étranger, on dit que c'est un casse-couilles! Quand un artiste arabe tape sa femme, c'est l'ignominie sur terre. Quand un artiste français tue la sienne, on lui trouve des circonstances atténuantes. C'est de la xénophobie».

Il a eu aussi la dent dure avec ses anciens «collègues» de scène : «Faudel et Khaled ont un peu disparu. Il ne reste que la légende…». 
On aurait préféré que la légende reste vivante au lieu de rejoindre la longue liste de légendes décédées. 





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