vendredi 20 juillet 2018

ART PEPPER "Art Pepper meets the Rhythm section" (1957) par Luc B.


Pour l’été, je vous propose quelques disques cool que j’aime beaucoup, dans des styles différents, mais respectant tout de même la sainte trinité : jazz (Art Pepper), blues (Taj Mahal), Rhythm’n’blues (Bill Wyman’s Rhythm Kings) et rock (The Band) puisque oui, la trinité a quatre côtés. Des disques ayant pour point commun le pur plaisir des esgourdes. A consommer sans modération, les orteils dans la flotte et un jus de papaye (avec paille) à la main. Des disques dont peu importe qu’ils soient ou non répertoriés dans la « discothèque idéale volume 3 ». Moi, j’vous dis qu’ils sont bons, ça devrait vous suffire…

Je ressors régulièrement ce disque d’Art Pepper (dont le père n’était pas docteur... ouh la, la blague… vous l’avez ?). Art Pepper, qui à l’instar des Gerry Mulligan ou Chet Baker, en bon saxophone alto de la West Coast qui se respecte (et clarinettiste) était un insatiable junkie - il en mourra en 1982 - qui a passé plus de temps en taule qu’en studio ! Et beau gosse avec ça ! 

Il grandit entre San Pedro et Los Angeles, biberonne aux sons de Benny Goodman ou Artie Shaw (vinaigrette pour moi). Après-guerre – il était mobilisé en Angleterre - il devient un altiste de renommée, et ce n’était pas simple, quand on sait qui dominait la discipline à l’époque : Charlie Parker.

Ce disque est une session du 19 janvier 1957. Et ouais les p’tits loups, fut une époque où un disque s’enregistrait en une après-midi… Art Pepper n’a été prévenu que la veille, son instrument était cassé, il n’avait pas soufflé dedans depuis plusieurs semaines. Sa femme a rapidement écrit trois arrangements pour la Rolls des sections rythmiques, les mecs de Miles Davis, à savoir Red Garland au piano, Paul Chambers à la contrebasse, et Philly Joe Jones à la batterie. 

Les titres sont au format chanson, pas de longs solos démonstratifs, mais un swing imparable, comme le « You’d be so nice to come home to » de Cole Porter, avec classique petit chorus de basse, et 4x4 batterie. Un p’tit blues rapide « Red Pepper blues » pour Red comme Red Garland, compositeur du morceau. Il y a des ballades, « Imagination », du trois temps avec « Waltz me blues » avec batterie au balais, « Straight life » donne dans le pur Be Bop, tempo 480, quand « Tin Tin Deo » fait dans la latin / swing, changements de groove selon les parties jouées, c’est avec 7’42 le titre le plus long. Sur « Star eyes » Paul Chambers joue la contrebasse à l’archer, et le final reprend un thème de Dizzy Gillespie « Birks works », dont les premières notes du thème rappellent le « Take 5 » de Dave Brubeck.

Finalement le titre de la galette nous en dit beaucoup ("meets" = rencontre), Art Pepper à gauche du ring, face à la section rythmique. Les quatre musiciens sont très présents, chacun y va de son jeu, pas de bataille d'égo, de coqs, les notes coulent toutes seules, et c’est très agréable. Dire qu’il a suffi d’une après-midi pour graver les neuf titres… C’était y’a plus de 60 ans, et le produit reste toujours aussi frais ! 

Peu de vidéos disponible sur cette époque... donc ce fichier audio, premier titre du disque :

  

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