mardi 19 décembre 2017

JACQUES HIGELIN A MOGADOR (1981) - par Pat Slade



The album live de l’histoire de la musique française, un triple album comme on en fait plus, avec le nouveau fou chantant Jacques Higelin.




Mogador, The First Live





Même si sa carrière était commencée depuis déjà bien longtemps et que sa discographie était déjà bien fournie de pépites comme «BBH 75» ou «Champagne pour tout le monde…», le sieur Jacques Higelin bouffeur de scène et généreux avec son public, n’avait jamais enregistré d’album live et le théâtre Mogador va en faire les frais le soir du 1er janvier 1981.  
Le Théâtre Mogador et ses 1600 places est plus habitué à entendre des opérettes que des chevelus faisant du rock. Pourtant les spectacles vont se démocratiser. Des 1974, l’opéra rock «La révolution française» débarquera avec guillotine et bagages. Au mois de décembre 1980 soit moins d’un mois avant les concerts du grand Jacques, les groupes Talking Heads, Bijou et The Shadows viendront tester l’acoustique de la salle.

Jacques Higelin du haut de ses quarante ans va jouer comme un adolescent sur scène au sens propre du terme et ne fera pas dans la dentelle pour le plus grand plaisir d’un public venu en masse.
Un triple vinyle live, ce n’est déjà pas banal et dans le cas de celui d’Higelin, ce sera du lourd… du très lourd, et il restera un des live les plus dingues de l’histoire de la chanson française.

Il paraîtrait que cet album ne représenterait que le tiers du spectacle (D’après des rumeurs), Jacques Higelin est connu pour faire des concerts-marathons de trois heures et même plus, après le départ des musiciens, il revenait et restait seul au piano avec le public pour faire des chansons à la demande (Une chose que je verrai à Bercy en 85). Il ne fera pas qu’un seul concert à Mogador mais il n’y avait que lui pour enregistrer celui du 1 janvier, et pour les autres dates l’ordre de la set list changeait à chaque fois.


Dès le début avec un «Hold tight» entraînant, Jacques tient la forme, fait l’idiot et déconne avec son public qui d’entrée joue le jeu, il en profite pour placer ses sketchs. Pour un titre qui durait 2 minutes 02 sur l’album original, la mise en bouche pour chauffer la salle va s’étirer pendant 7 minutes 21. «Banlieue Boogie Blues» avec son groupe qui se met en branle, Les anciens sont déjà là, les frères Guillard à la section cuivre, le docteur Mahut aux percussions, le regretté Mickey Finn à la guitare et Simon Boissezon qui était déjà sur «BBH 75», Norman Kerr le bassiste du groupe Offenbach, le frère pochtron Michel Santangelli à la batterie, le clavier Franck Wuyts et le violoncelliste Denis Van Hecke qui tout deux accompagneront Pierre Vassiliu et ce sera deux batteurs qu’il prendra en fin de compte, le deuxième sera Michaël Suchorsky le batteur de Lou Reed «C’est pour ça que j’ai pris deux batteurs, y en a un toujours un qu’est pas la ! Sinon pourquoi deux batteurs ? Pour frimer !» (Talking au début de «Mona Lisa Klaxon»). Une rythmique en place et une section cuivre chauffée au rouge finiront de donner l’ambiance de ce live.



Après un «Mama Nouvelle Orléans» pour calmer l’ensemble, on part pour 16 minutes d’improvisation, de solos en tout genre et d’humour déjanté avec «Je veux cette fille» et un passage plutôt cru ou quelquefois Higelin en fait un peu trop avec son histoire de vieille pute, de morpion et de gonocoque, de poils pubien, de spermatozoïde et j’en passe des vertes et des pas mûres jusqu’au moment où il reprend la ligne claire de la chanson pour un beau final.

La plus belle version d’«Irradié» est sur cette album avec la rythmique du violoncelle, le roulement des toms et le surréalisme lyrique du grand Jacques qui vous emmènent dans les méandres de sa poésie. «Le Minimum» ou Mickey Finn et Simon Boissezon s’en donne à chœur joie dans les riffs et les solos. Après ces deux titres et plus d’un quart d’heure de musique ininterrompue, une petite récréation avec un sympathique «Tête en l’air» avec un final a capela ou tout le groupe s’en donne à cœur joie. Un «Géant Jones» ou les frères Guillard et leurs sections de cuivre fabriqueront le morceau et sa partie calme en feront un titre génial.
Un Jacques Higelin, qui à l’air de bien s’amuser, présente ses musiciens les uns après les autres ainsi que les sonorisateurs et il enchaînera et terminera sur le classique «Paris-New York, New York-Paris» et attention, pendant vingt minutes, ça va envoyer sévère ! 

Le seul problème est que l’ordre des titres sur le disque vinyles n'est pas le même que sur le CD. D’un triple album avec une belle couleur blanche, on se retrouve avec un double CD d’une moche couleur bleue et renommé «Higelin à Mogador-Hold Tight».
 «Higelin à Mogador» l’album live le plus mythique du chanteur paladin celui où l’on retrouve l’esprit Higelin et ce dernier ne va pas se poser de questions pour faire un premier live après 6 albums studios (Depuis BBH 75). Il voudra à tout prix retranscrire et transmettre toute la magie du moment. Pari gagné… !   

Ayant vu Jacques Higelin une bonne dizaine de fois sur scène (Et même croisé quelquefois !), je peux affirmer que c’est un artiste de génie et une bête de scène et je m’engage à dire qu’il pourrait être classé au Panthéon de certains chanteurs tels des Brel, Brassens ou Ferré (Dans un autre registre évidemment !). Peut être aussi parce qu’il est arrivé à un moment ou rien n’existait et tout était à faire et qu’à partir d’une certaine époque il a su gagner le respect de tout un public. Après 110 minutes d’écoute et 750.000 exemplaires vendus plus tard, Michel Santangelli qui était notre meilleur batteur dans l’hexagone dira d’Higelin : «il est le plus grand show man français», je confirme !   




3 commentaires:

  1. Excellent ; bon boulot !!!! j'adorrrrrre .....Ricky

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  2. mais qui joue de l'harmonica sur Paris New York
    ????

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