mardi 26 décembre 2017

ANGE - GUET APENS (1978) - par Pat Slade




La fin d’une époque, l’Ange a pris du plomb dans l’aile, mais la blessure n’est pas si profonde… !





Quand un Ange bat de l’aile





Ange le mythique groupe français a déjà eu cinq fois les honneurs de nos colonnes et c'est amplement mérité car depuis la disparition du journal «Best», qui parlerait d’eux hormis le journal du fan club Plouc Magazine ?

Bouffi et Jo
Après leur dernier album en studio «Par les Fils de Mandrin» qui restera le plus beau et le double live «Tome VI» en 1977, le groupe va exploser et perdre quelques plumes dont deux de ses membres les plus emblématiques. Jean-Michel Brezovar et Daniel Haas vont quitter le vaisseau. Jo et Bouffi le guitariste et le placide bassiste partiront suite aux tensions dans le groupe et surtout à un problème d’argent avec la production. Ils sortiront chacun par la suite un album solo, «Rue du Salbert…» pour Jean-Michel Brezovar et «Couleurs du temps» pour Daniel Haas.

Claude Demet et Christian
C’est donc une page qui se tourne et une époque qui change, même si les trois derniers membres du groupe, soit les frères Decamps et le batteur Jean-Pierre Guichard resteront en place, Ange va subir un petit lifting, Claude «Chouchou» Demet prendra la guitare et Mick Piellard la basse. Pour rassurer les fans, Christian annoncera que le groupe continue. Ils partiront en tournée en Belgique, Pays-Bas, Danemark, Suède et en Finlande.

Début 1978, Le journaliste Hervé Bréal deviendra leur nouveau manager et au mois de mai ils rentrent en studio pour enregistrer un nouvel album. «Guet-apens» qui sera mis en boîte en deux semaines. Mick Piellard sera remercié à l’issue de l’enregistrement, ce dernier ne voulant pas jouer certaines lignes de basse avec comme prétexte un environnement sonore non propice. Ils vont enregistrer 7 titres sans basse et Claude Demet jouera lui-même quelques parties de basse qui seront mixées par la suite en studio et rajoutées à certains titres. Tout cela avant d’engager Gérald Renard qui rejoint le groupe vers la fin des séances.

Le son Ange que l’on connaissait avec sa particularité un peu médiéval va s’actualiser pour se faire une place dans la tourmente musical de l’époque, la jeune vague punk vient apparaître sonnant le glas des seventies. Mais dans le fond, rien ne changera, Christian est toujours aussi «habité» par ses textes et les arpèges des claviers de Francis continueront à envoûter l’oreille. « Guet-apens», soit on aime, soit on déteste, mais on ne reste pas insensible. Un nouveau son que l’on ne connaissait pas venant des belfortains.

"Réveille toi"
«Guet-apens» et sa pochette urbaniste, fantastique et violente de Phil Umbdenstock, accompagnée d’un jeu de l’oie et la pochette intérieure avec le beau dessin de Christian qui, en regardant rapidement, vous fait penser à une tête de femme, mais en regardant de plus près : la coiffure n'est autre que des attributs masculins. Une meilleure production que sur les albums précédents (Sûrement l’époque qui voulait ça !) Un Ange moins classique, mais qui ne reniera pas sa ligne musicale, avec «A Colin Maillard» et ses huit minutes, les fans du groupe seront rassurés, Ange est encore là ! Il faut toujours que l’on trouve une jolie ballade sur leur album comme «dans les poches du berger» ; celle-ci sera mis en musique par le batteur Jean-Pierre Guichard dit Pinot. L’un des trois morceaux qu’il écrira avec Ange, les autres étaient «Ainsi s’en ira la pluie» et «Au café du colibri» sur l’album «Par les fils de Mandrin», un des deux morceaux de l’album où l’on retrouve bien le passé musical du groupe, l’autre sera le très court «Virgule». «Un trou dans la case» un morceau bizarrement tarabiscoté où l’histoire parle d’un écolier qui crapahute en découvrant la vie. En face B, que deux titres, mais qui vont
"Capt'aine coeur de miel"
marquer les mémoires des aficionados d’Ange. «Réveille-toi» avec une musique plus musclée et l'histoire sordide d’un homme qui n’a pas supporté la  mort de sa compagne et qui tous les soirs retournera au cimetière pour un rituel de nécrophagie. La folie aussi s’emparera de Christian qui sur la pochette, après les paroles écrira : «Par le délire et l’intensité du moment, la suite des paroles fut totalement improvisée…»
Mais l’Ange de «Guet-apens» ce sera son «Cap’taine cœur de miel» avec ses deux parties bien distinctes. Une intro rapide et rock pour passer à des moments plus calmes et planants avec les claviers de Francis. Christian à la proue du navire jouant les vieux loups de mer alcoolique, le tout entrecoupé des soli de Claude Demet. Le morceau qui dure quand même quatorze minutes est admirablement construit, une deuxième partie dramatique:  «Poussière dans l’absolu, j’ai le cœur qui remue, le couteau dans la plaie» avec un magnifique final.
Un autre titre sera enregistré pendant la même session : «Un Jésus cloué main en calvaire véritable» et qui ne sera pas gardé sur l’album mais que l’on peut retrouver sur la compilation «Mémo».  

«Guet-apens», c’est l’album de la fin d’une époque pour Ange, mais, il le finit en beauté. «Guet-apens» Un bon album d’Ange ? Non un grand Album pour une fin de décennie.     




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