La fin d’une époque, l’Ange a pris du plomb dans l’aile, mais la
blessure n’est pas si profonde… !
Quand un Ange bat de l’aile
Ange le mythique groupe français a
déjà eu cinq fois les honneurs de nos colonnes et c'est amplement mérité car
depuis la disparition du journal «Best», qui parlerait d’eux hormis le journal du
fan club Plouc Magazine ?
Bouffi et Jo |
Après leur dernier album en studio «Par les Fils de Mandrin» qui restera le
plus beau et le double live «Tome VI» en 1977, le groupe va exploser et perdre quelques plumes dont deux de
ses membres les plus emblématiques. Jean-Michel
Brezovar et Daniel Haas vont quitter le
vaisseau. Jo et Bouffi
le guitariste et le placide bassiste partiront suite aux tensions dans le
groupe et surtout à un problème d’argent avec la production. Ils sortiront
chacun par la suite un album solo, «Rue du Salbert…» pour Jean-Michel
Brezovar et «Couleurs du temps» pour Daniel Haas.
Claude Demet et Christian |
C’est
donc une page qui se tourne et une époque qui change, même si les trois
derniers membres du groupe, soit les frères Decamps
et le batteur Jean-Pierre Guichard resteront en
place, Ange
va subir un petit lifting, Claude «Chouchou» Demet prendra la guitare et Mick Piellard la basse. Pour rassurer les fans, Christian annoncera que le groupe continue. Ils
partiront en tournée en Belgique, Pays-Bas, Danemark, Suède et en Finlande.
Début 1978, Le journaliste Hervé Bréal deviendra leur nouveau manager et au mois
de mai ils rentrent en studio pour enregistrer un nouvel album. «Guet-apens»
qui sera mis en boîte en deux semaines. Mick Piellard
sera remercié à l’issue de l’enregistrement, ce dernier ne voulant pas jouer
certaines lignes de basse avec comme prétexte un environnement sonore non
propice. Ils vont enregistrer 7 titres sans basse et Claude
Demet jouera lui-même quelques parties de basse qui seront mixées par la
suite en studio et rajoutées à certains titres. Tout cela avant d’engager Gérald Renard qui rejoint le groupe vers la fin des
séances.
Le son
Ange
que l’on connaissait avec sa particularité un peu médiéval va s’actualiser
pour se faire une place dans la tourmente musical de l’époque, la jeune vague
punk vient apparaître sonnant le glas des seventies. Mais dans le fond, rien
ne changera, Christian est toujours aussi «habité» par ses textes et les arpèges
des claviers de Francis continueront à envoûter
l’oreille. « Guet-apens», soit on aime, soit on déteste, mais on ne reste
pas insensible. Un nouveau son que l’on ne connaissait pas venant des
belfortains.
"Réveille toi" |
«Guet-apens»
et sa pochette urbaniste, fantastique et violente de Phil Umbdenstock, accompagnée d’un jeu de l’oie
et la pochette intérieure avec le beau dessin de Christian
qui, en regardant rapidement, vous fait penser à une tête de femme, mais en
regardant de plus près : la coiffure n'est autre que des attributs masculins. Une
meilleure production que sur les albums précédents (Sûrement l’époque qui voulait ça !) Un Ange moins classique, mais qui
ne reniera pas sa ligne musicale, avec «A Colin Maillard» et ses huit minutes, les
fans du groupe seront rassurés, Ange est encore là ! Il faut toujours que
l’on trouve une jolie ballade sur leur album comme «dans les poches du berger» ; celle-ci
sera mis en musique par le batteur Jean-Pierre Guichard
dit Pinot. L’un des trois morceaux
qu’il écrira avec Ange, les autres étaient «Ainsi s’en ira la pluie» et «Au café du
colibri» sur l’album «Par les fils de Mandrin», un des deux morceaux
de l’album où l’on retrouve bien le passé musical du groupe, l’autre sera le
très court «Virgule». «Un trou dans la
case» un morceau bizarrement tarabiscoté où l’histoire parle d’un
écolier qui crapahute en découvrant la vie. En face B, que deux titres, mais
qui vont
marquer les mémoires des aficionados d’Ange. «Réveille-toi» avec une musique
plus musclée et l'histoire sordide d’un homme qui n’a pas supporté la mort de sa compagne et qui tous les soirs
retournera au cimetière pour un rituel de nécrophagie. La folie aussi s’emparera
de Christian qui sur la pochette, après les paroles
écrira : «Par le délire et l’intensité
du moment, la suite des paroles fut totalement improvisée…»
"Capt'aine coeur de miel" |
Mais l’Ange de
«Guet-apens»
ce sera son «Cap’taine
cœur de miel» avec ses deux parties bien distinctes. Une intro rapide
et rock pour passer à des moments plus calmes et planants avec les claviers de Francis. Christian à la
proue du navire jouant les vieux loups de mer alcoolique, le tout entrecoupé
des soli de Claude Demet. Le morceau qui dure
quand même quatorze minutes est admirablement construit, une deuxième partie
dramatique: «Poussière dans
l’absolu, j’ai le cœur qui remue, le couteau dans la plaie» avec
un magnifique final.
Un
autre titre sera enregistré pendant la même session : «Un Jésus cloué
main en calvaire véritable» et qui ne sera pas gardé sur l’album
mais que l’on peut retrouver sur la compilation «Mémo».
«Guet-apens»,
c’est l’album de la fin d’une époque pour Ange, mais, il le finit en beauté. «Guet-apens» Un
bon album d’Ange ?
Non un grand Album pour une fin de décennie.
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