lundi 13 novembre 2017

ENVOYÉE SPECIALE de Jean Echenoz (2015) - par Nema M.



- Salut Nema, un nouveau papier ? Sur quoi ?
- B’jour Sonia. Sur un livre dont l’héroïne est une femme : « Envoyée spéciale » de Jean Echenoz.
- Envoyée spéciale… une journaliste à qui on confie un reportage au bout du monde… j’aurais adoré.
- Euh, pas vraiment ça Sonia, non. Mais quand même un peu d’exotisme…

« c’est quoi ça ? chut… il faut le lire pour le croire… »
1 - Les nombreux personnages qui nous entraînent dans un tourbillon d’évènements plutôt (Dieu merci !) irréalistes voire bizarres, ont ce charme particulier des héros (ou des seconds rôles) de roman qui les rend attachants dès qu’on les rencontre au fil de notre lecture.    
D’un côté, Constance, une jeune femme parisienne, va se trouver embarquée dans des aventures rocambolesques qu’elle n’aura pas cherchées du tout. Et oui, elle va être envoyée, de façon très spéciale, pour une mission, bien particulière, à l’autre bout du monde. Mais elle n’y ira pas en ligne droite, c’est le moins qu’on puisse dire. Son mari Lou Tausk, musicien auteur de quelques tubes qui ont fait sa fortune, est un drôle d’oiseau. Avec un ego non négligeable, des habitudes d’ «artiste boubourge parisien », un passé pas très clean, il n’est pas étonnant qu’on le voit vivre de son côté quelques péripéties piquantes. Quant à ses deux acolytes « musicos », ils se révèlent également avoir des caractères déconcertants, ce qui les conduisent à quelques extrémités… Et quelques autres personnages passent et repassent au fil des chapitres, comparses qui, bien involontairement, provoquent des rebondissements inattendus entre le passé (pas toujours glorieux pour certains) et le présent. 
D’un autre côté, un général, spécialisiste en exfiltration/infiltration, son planton (?) Paul, genre beau gosse riche en initiatives, quelques hommes de main dont la formation laisse un peu à désirer. En fait, c’est à partir d’une idée du général que l’aventure commence. Pour passer de l’idée (quand même un peu farfelue… la Corée du Nord…) à sa concrétisation, on a un enchaînement d’actions, dans lesquelles Constance et Lou vont être activement sollicités. Ces actions relèvent soit disant d’une stratégie bien pensée, mais rien ne se déroule comme prévu. De fait, les principaux protagonistes vont partir dans de nombreux périples (dans Paris, mais aussi à la campagne, puis beaucoup plus loin).
À noter que bien qu’on ne soit pas du tout dans un polar, il y a quand même quelques morts au passage…

"Bienvenue chers amis dans notre beau pays..."
XXXXXX
2 – Ces aventures vont nous conduire dans différents lieux. Car il s’agit d’un roman dans lequel on bouge pas mal. Dans Paris ou en banlieue : Passy, Trocadéro, 16ème arrondissement BCBG (bon chic bon genre, comme on disait autrefois…) et Neuilly ; mais aussi la rue de la Chine, Villeneuve – Saint - Georges (des coins un peu moins classe mais avec un certain cachet). Et puis un charmant petit tour à la campagne, et puis un grand voyage en Extrême- Orient.  

3 – Musique et cinéma : On entend beaucoup de musique dans cette histoire, celle composée par Lou, qu’on imagine comme un de ces tubes de l’été (genre « Happy » de Pharrell Williams), mais pas seulement. Quelques petits morceaux de musique jazz ou classique en arrière-plan, en passant par Jimi Hendrix et le Sacre du printemps de Stravinski. Des clins d’œil au 7ème art : Paul alias Victor un personnage rappelant Billy Bob Thornton, l’allusion à un scénario inachevé…
La somme des paragraphes 1+2+3= un bon moment de divertissement, très imagé et très imaginatif, on est entraîné dans une grande « déconnade », un peu comme un film de Tarantino
Monsieur Echenoz, vous vous êtes bien amusé ? Il me semble vous avoir connu plus sérieux, par exemple dans votre roman sur la vie de « Ravel ». Un petit plein de sensibilité et un très bel hommage à ce compositeur génial, précurseur mais sans orgueil de mon point de vue.
Merci d’être capable de nous distraire avec votre plume légère qui file visiblement comme un métro parisien.

Les Editions de Minuit - 312 pages

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