vendredi 29 septembre 2017

COFFY, LA PANTHERE NOIRE DE HARLEM de Jack Hill (1973) par Luc B. comme Black



Nous avions évoqué le mouvement de la Black Exploitation dans des articles sur le film SWEET SWEETBACK’S BACK BADASSSSS SONG de Melvin Van Peebles (1971) [ clic ] clic et la trilogie des SHAFT. [ re clic ]

"White motherfucker !"
Autre fleuron du genre, ce COFFY LA PANTHERE NOIRE DE HARLEM, écrit et réalisé par Jack Hill en 1973, avec Pam Grier, égérie incontestée du genre. Ces deux-là auront tourné quatre films, dont l'inénarrable pervers et saphique THE BIG DOLL HOUSE (1971), et FOXY BROWN (1974), l'autre rôle emblématique de l’actrice aux avantages mammaires cinématographiquement prodigieux. Pam Grier c'est la 3D sans les lunettes en carton.

Les trames de COFFY et FOXY sont assez semblables, le but étant de jeter dans la cage aux lions la plantureuse Pam, qui subira tous les outrages et finira par dézinguer tout le monde. On remarquera d’ailleurs que le modus operandi est semblable, dans FOXY BROWN Pam Grier émascule le méchant, et recueille le zob du type dans un bocal à cornichons qu'elle envoie à sa maitresse - véridique ! - et dans COFFY, c’est un coup de chevrotine dans la braguette… ouille !

Arrrggg, elle retire son collier...
La belle Coffy est infirmière, et sa p’tite sœur est junkie. Il ne lui en faut pas plus pour partir en guerre contre les trafiquants. Elle demande l’aide de son amant, le député Brunswick, et de son ami flic Carter. La pègre descend Carter, Coffy y échappe de peu, et se doutant que Brunswick est marron sur les bords (sic) elle décide de faire cavalière seule. Elle infiltre le réseau du proxénète King George, et remonte au caïd Arturo Vitroni

Y’a pas plus machos que ce type de films, prétexte aux scènes de déshabillage, coïts divers, où les femmes hurlent leur dévotion aux membres virils, et en redemandent. Et comme évoqué, la vengeance féminine se situe généralement au-dessous de la ceinture. Autre spécialité, les bagarres entre femmes que Tarantino, amateur du genre, reprendra dans KILL BILL. On s'y déchire jupons et décolletés, on s'y claque les miches avec un plaisir gourmand. Ici Coffy se bat d'abord avec une prostituée et sa maquerelle, mais la grande scène est celle de la réception chez King George. Une bagarre d’anthologie avec une blonde, devant l'assistance surexcitée. L'arme secrète de Coffy : des morceaux de verres planqués dans sa coupe afro. Va lui crêper le chignon après ça... Excellent !   

Si COFFY LA PANTHERE NOIRE DE HARLEM se résume dans sa premier moitié à : je frappe / je me désape, je sors mon flingue / je sors mes miches, la suite s’avère plus intéressante. L’intrigue s’épaissit, par des histoires de truands accoquinés aux politiques véreux, aux flics corrompus. Coffy nage dans ce monde de requins assoiffés de pouvoir, de fric et de sexe. Le film se fait plus violent. Une scène avec Arturo Vitroni dégénère salement. Coffy y joue sur sa séduction et sa dévotion pour obtenir des infos (« fais-moi frémir sous ton corps de petit blanc, oh oui… ») Vitroni se laisse berner, puis verse dans l’humiliation et le racisme, la traite de « sale négresse » et lui crache dessus.

Vitroni et King George
Dans une autre scène, King George trainé derrière une voiture lancée à fond est assez impressionnante. Le thème de la drogue est évidemment abordé, et une réplique désabusée du député Brunswick résume la situation : « tant que les Noirs n’auront rien à foutre de leur journée, ils prendront de la dope pour passer le temps ». Sous-entendu, à nous de leurs en fournir pour qu’ils restent à leur place.

L’épilogue est évidemment un carnage, le réalisateur ne rechigne pas sur les flots d’hémoglobine, c’est fou comme une petite infirmière sait aussi manier le fusil à pompe. Dans tous ces films, dès que la fille manque d’être exécutée, il lui suffit d’implorer son bourreau pour une dernière partie de jambes en l’air, et ce con, il y court le froc aux chevilles (ce qui n’est pas simple, pour courir…).

COFFY LA PANTHERE NOIRE DE HARLEM est très représentatif de la Black Exploitation qui commence à se déliter, devenir une caricature d’elle-même, ce COFFY est un produit entièrement bâti autour de l’actrice Pam Grier, pour mettre en valeur sa plastique, et l’exposer à la concupiscence du public masculin. Pourtant, par sa réalisation nerveuse, son rythme, son intrigue bien foutue, le discours sous-entendu sur la corruption et la condition des Noirs, il peut valoir le coup d’œil. 

Et d’oreille aussi, la musique est composée vibraphoniste de jazz Roy Ayers, moins célèbre que Curtis Mayfield, Bobby Womack ou Isaac Hayes pour ses musiques de films, mais dans lesquelles Tarantino a largement puisé pour JACKIE BROWN (avec la même Pam Grier).

  COFFY (1973) de Jack Hill 
couleur  -  1h30  -  format 1:1.85










       

2 commentaires:

  1. C'est quand même autre chose qu'une comédie franchouillarde avec Julie Depardieu, isn't it ?

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  2. Hum... c'est pas l'même genre, je le concède.

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