mardi 28 mars 2017

JOHN MAYALL "Talk about that" 2016


Le temps semble ne pas avoir de prises sur lui, il y a 50 ans (!)  Mayall intronisait dans ses Bluesbreakers un gamin de 21 ans, un jeune gratteux surdoué nommé Eric Clapton, des dizaines d'autres musiciens feront leurs armes chez papy John au fil des décennies. Le grandfather of the british blues mérite aujourd'hui bien son surnom à 83 ans et voici un soixante deuxième  album  (si j'ai bien compté) enregistré en Californie. Peut être doit il sa longévité à son de hobby de collectionneur de films pornos,  dans ce cas notre ami Luc B  vivra centenaire...
Il est accompagné de son band depuis plusieurs albums, à savoir Rocky Athas aux guitares, Jay Davenport aux drums, Greg Rzab à la basse plus une section de cuivres (Ron Dziubla sax, Mark Pender trompette, Nick Lane trombone) et derrière les manettes le producteur Nick Corne, patron du label Forty below Records. Mayall multi instrumentistes s'occupant des claviers (orgue hammond et piano) plus quelques guitares, et bien sur harmonica et chant, il signe aussi 9 des 11 titres, les 3 autres étant des reprises de morceaux, de Bettye Crutcher (Memphis soul songwriter-"it's hard going up") et Jerry Lynn Williams (singer  & songwriter-"don't deny me") et du grand Jimmy Rogers ("goin' away baby").
Mais le petit plus est la présence  d'un invité de marque, un aigle venu poser sa griffe sur 2 titres, l'Eagles  Joe Walsh  qui réalise là un rêve: "C'était depuis les années 70 inscrit sur ma liste de choses à faire avant de mourir que de jouer avec John Mayall. John a eu les plus grands guitaristes anglais et d'autres avec ses BluesBreakers. Eric Clapton, Peter Green, Mick Taylor, je les ai tous étudié pendant des heures et cela m'a permis de devenir un meilleur guitariste. Ces albums étaient légendaires et j'ai toujours eu envie de travailler avec Mayall et voir ce que ça donnerait."

"Talk about that" qui ouvre nous montre un Mayall en forme, au chant assuré malgré les tempes blanchies sur ce blues où l'orgue est mis en avant; "It's hard going up" est plus énergique, bien soutenu par les cuivres et un piano sautillant. Mais voici Mr Joe Walsh qui débarque sur "The devil must be laughing" et il n'est pas venu pour rien puisqu'il balance sur ce mid tempo quelques jolis solos, un peu dans la veine d'un Albert King. Chargement de style avec "Gimme some that gumbo", New Orleans festif où les cuivres se déchaînent et où Rocky Athas montre qu'il n'est pas qu'un faire valoir à la guitare. Sur "Goin' away baby" John son instrument fétiche, l'harmonica  pour un petit festival comme il en fait régulièrement sur chaque album ou sur scène. Mais revoici Joe Walsh qui nous la joue cartes sur table avec "Cards on the table" blues rock bien enlevé avec cerise sur le gâteau la slide  bien crémeuse de l'ex Eagles; pour moi le gros titre de l'album. "Blues lent avec "I didn't mean to hurt you",  blues texan avec cuivres sur "Don't deny you", beat funky sur  "Blue midnight", Rythm'n'blues blues avec cuivres et harmo pour "Across the county line" qui rappelera aux fans les tout premiers Mayall et on termine avec "You never know" et son piano jazzy.

Je garde une tendresse particulière  pour Mayall car il m'a fait découvrir et aimer  le  blues ainsi qu'à des tas d'autres petits blancs becs européens (et aussi  à des américains qui se sont repenchés sur leurs bluesmen oubliés) et éveillé bien des vocations, de  musiciens bien sur mais aussi de modestes chroniqueurs  comme votre serviteur...Bien sur il ne faut pas chercher à comparer un vieil homme de 83 ans et le fougueux musicien chevelu des seventies mais ça fait plaisir de constater que ce monument est toujours debout  et que ma foi il produit encore des albums de qualité.
Long life blues! Long life Grandpapa John !

ROCKIN-JL


à lire aussi sur Mayall: John Mayall plays John Mayall
et John Mayall - a special life


3 commentaires:

  1. J'adore ce type! Découvert en 1970, entre Rennes et Saint-Nazaire, un gars m'avait pris en stop et dans sa 4L une cassette de "The Turning Point", la claque ! Depuis j'en loupe pas un. mes préférés : "Blues from Laurel canyon" " USA Union" et" The Turning point" of course! Ce "Talk about that" est excellent et la présence de Joe Walsh passe très bien , vu qu'il ne chante pas......
    Il semblerait que pour sa tournée actuelle en France, le patriarche ait décidé de se passer des services de son guitariste Rocky Athas, suis peu dubitatif parce que sans guitariste.....le père Mayall est plus brillant aux claviers qu'a la guitare.....

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  2. à noter que Rocky Athas, pratiquement inconnu ici (guère étonnant vu l'étonnant niveau en géographie de certains) est un excellent guitariste et un bon compositeur qui mérite l'attention. Un bon guitariste qui préfère trouver la note juste plutôt que de frimer avec un stérile babillage.
    On le retrouve sur le "Blues Berries" de Buddy Miles et auparavant avec Black Oak Arkansas, mais aussi en solo. Son "Voodoo Moon" est particulièrement goûteux.

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  3. Tout de même, quelle santé ! Quand certains sont totalement épuisés après une poignée de disques (physiquement et intellectuellement), Mayall, lui, a encore des choses à dire.
    Je ne me faisais guère d'illusion sur ce dernier Mayall, et pourtant ... il n'a suffit que de quelques bonnes minutes pour qu'il me séduise.

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