Les Américains Débarquèrent…
…et le Swing arriva !
Le
6 juin 1944 reste une date mémorable
dans l’histoire du monde, mais aussi dans celui de la musique et de la culture
populaire de la vieille Europe. Les GI arrivèrent avec leurs paquetages remplis
de produit que l’on n’avait plus ou même jamais connus. Les bas nylons pour les
dames, le whisky pour les hommes, les Camels et les Lucky-strike pour changer
des troupes et des gauloises, le Coca-cola, les barres chocolatées, le
chewing-gum et autres friandises pour les enfants. Mais surtout, ils apportèrent des 78 tours d’une musique interdite par les autorités d’occupation et que les
nazis qualifiaient de «Entartete Musik» (Musique
dégénérée) ; et la France de l’époque, toute à sa joie d’être
libérée, va s’emparer avec avidité de ce nouveau genre jazzy comme si le rythme à quatre temps
n’avait jamais existé dans sa culture musicale.
Paris est en liesse, surtout les parisiennes
qui vont vivre des émois dans les bras de beaux GI sur les musiques de Benny Goodman, Glenn Miller, les Andrew
Sisters, Count Basie et de tous les
grands jazzmen de l’époque Duke Ellington, Lester Young, Gene Krupa, Benny Carter
et Lionel Hampton (Je ne les citerai pas tous, il y en a trop).
Paris danse et voit la lumière au bout du tunnel de ces quatre années d’occupation. Dans les tonnes de matériels que les américains
vont importer, les musiciens feront partie
du voyage pour soutenir le moral des troupes. Le plus emblématique sera le
capitaine Glenn Miller et son Glenn Miller Army Air Force Band. Un son
à la frontière entre le jazz et la musique de danse. L’orchestre du tromboniste
est immédiatement reconnaissable. Les incontournables «In the Mood» et «Moonlight
Serenade» ou
«Tuxedo
Juction» font irrémédiablement penser à la seconde guerre
mondiale, au débarquement libérateur. Mais si cette musique fera danser les français dans leurs pays
libéré, Glenn Miller ne sera jamais témoin de ces réjouissances. En
décembre 1944, alors qu’il traversera
la Manche pour la France pour y préparer l’arrivée de son orchestre, son
avion s’abimera en mer et n’arrivera jamais à destination.
Très peu d’orchestres feront la traversée jusqu’en
France, seule leur musique traversera l’océan. Benny
Goodman qui était à l’époque en haut de l’affiche et qui avait dans son
big band des musiciens de renommée comme le batteur Gene
Krupa ne se déplacera même pas.
Mais
le groupe le plus représentatif dans cette période un peut foutraque et
désordonnée sera un trio féminin. Le fantasme des soldats, l’image d’Épinal de
la pin-up en uniforme, calot vissé sur la tête, salut militaire réglementaire
et bas couture, seront les Andrews Sisters. Laverne (Contralto),
Maxene (Soprano)
et Patty (Mezzo-soprano),
issues d’un père immigrant grec et d’une mère américaine d’origine norvégienne,
elles sont l’image des États-Unis pendant la guerre. Elles aideront à l’effort
de guerre en encourageant les citoyens à acheter des obligations de guerre mais
elles iront surtout sur les zones de conflit comme en Afrique ou en Italie pour
soutenir et divertir les troupes de toutes armes confondues, que ce soient les l'infanterie,
la marine ou l’aviation. Elles chanteront aussi dans les hôpitaux et les usines
de munitions. Elles enregistreront (Ainsi
que Glenn Miller) une série de V-Discs (Victory Discs), les mêmes qui
parviendront jusqu’à nous en 1944.
Plus de 75 millions de disques vendus, 113 titres
classés au Bilboard US entre 1937 et
1950, leurs plus grand succès
resteront «Boogie
Woogie Bugle Boy» et «Rum and Coca-Cola». Les Andrews Sisters sont et resteront les reines du Boogie
Woogie et elles ouvriront une brèche dans de nouveau style de musique comme le
rythm and blues.
La guerre est finie depuis plus de 70 ans et la
musique des libérateurs de la vieille Europe avec leurs sons caractéristiques résonnent
en nous comme une image d’un passé troublé et troublant.
Formdiable époque.
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