Un film de 108-13
L’histoire
d’une génération qui a vécu trop vite et qui s’est perdue dans les couloirs
obscures de la vie. «La Bande du Rex» est un film ovni qui est
passé quasi inaperçu et peu de personne ont eu le temps de le voir. Pourtant
l’affiche était alléchante, Nathalie Delon, Tina Aumont, Maurice Biraud,
Féodor Atkine, Roland
Blanche et les deux rockers de services Lucky
Blondo et Jacques Higelin.
Tout
commence avec un réalisateur au nom plus qu’étrange : 108-13. Quel est ce pseudonyme étrange ? Qui
cache t’il ? Jean-Henri Meunier de son vrai
nom, n’a pas un CV des plus rempli, plus tard il se rattrapera avec beaucoup
de documentaires pour la présipauté de Groland.
A une
époque pas si lointaine que ça, la banlieue s’appelait la zone et le nom de
racaille n’existait pas ou était employé dans un autre sens. Les jeunes avaient
les surnoms de voyous ou encore de loubards ou même de blousons noirs, comme dans
le début des années 60. La Javanaise, un bar de quartier, cracra et suranné avec
dans un coin un vieux flipper fatigué qui sert de quartier général à la bande
du Rex. Des jeunes fans de rock, de moto et affichant un refus de la société proche de
la révolte, l’archétype des jeunes rebelles américanisés tout comme dans «Easy Rider»
ou «La Fureur
de Vivre».
La
Bande du Rex : 6 jeunes branleurs qui vont les uns après les autres bousiller
leurs vies et leurs avenirs. Le film commence par un parfait résumé de ce qui
va suivre «Ils ont gâché les plus belles années
de leurs vie. Le groupe qu’ils formaient, s’était baptisé la bande du Rex. Ce
film raconte leur itinéraire… Leur gâchis…»
Badou
dont le frère est en prison, Patricia la petite amie de Badou, Richard soldat
permissionnaire et déserteur, François fils du commissaire de police et
amoureux transi de Patricia, Dingo le déjanté de la bande qui mérite bien son
surnom et P’tit Jeannot frère de Patricia et lycéen en échec scolaire forment
cette petite bande pas bien méchante. Y a-t-il un chef ? Non, certains
diront que c’est Daniel Pautard dit Frankie Mégalo (Jacques
Higelin), projectionniste du cinéma Rex et rocker amateur.
Kanter (R.Blanche) et Janine (N.Delon) |
La
Javanaise, le bar tenu par Janine (Nathalie Delon)
et son mari Lucien (Lucky Blondo),
ancien rocker
qui se lamente sur l’avenir du rock’n’roll, pleure sur son passé de musicien et
traine avec Sammy un chanteur de country raté qui s’est installé à la
Javanaise, et depuis joue les sangsues. Le seul plaisir de Lucien est de mettre «La
Javanaise» le titre de Gainsbourg en version rock sur le jukebox, une version
de son passé où il était en haut de l’affiche. Et puis l’éternel pilier de
bar, Kanter (Roland Blanche), un ancien rocker
qui trouve que «Le jour ou Elvis a chanté pour l’armée, moi j’estime qu’il a trahi le rock’n’roll».
Agelina (T.Aumont)- F.Megalo (Higelin) |
Frankie Mégalo traîne toujours
avec ses deux groupies Suzy et Angelina (Tina Aumont),
qui vit dans un camping car qui ressemble à un vieux camion de poste anglais,
un rêveur qui, avec l’avantage de l’âge, prend le dessus sur la bande du Rex
sans pour autant les entraîner dans d’improbables conneries. Un rocker mégalo
sans musicien qui répète sur la scène du cinéma «Beau, beau ou laid» de l’album «Caviar pour les
autres…»
Arrive
le temps de la révolte, Richard ne retourne pas à la caserne, Badou quitte son
travail de mécanicien automobile, avec un patron entreprenant, Patricia abandonne
sa place de caissière de la station service. Ce petit monde retourne à la
Javanaise surveillé par un inspecteur de police (Féodor
Atkine) qui trouve que tout jeune est un délinquant en puissance et ne
trouve pas à son goût le laxisme du commissaire (Maurice
Biraud). Mégalo veut faire un concert avec un groupe qu’il n’a pas :
les Crans D’Arrêts. Sa route va croiser celle de Strychnine,
un des premiers groupes de punk-rock français.
Le soir du concert, après avoir
réussi à trouver une arme et voler une voiture, hormis François, ils vont commettre
l’erreur de leurs vies. Avec des images du concert de Mégalo, celle du braquage de la station service et de
la musique «Mon
Portait dans la glace» («Irradié» 1976),
ils vont forcer un barrage de police, un coup de feu va partir au moment même
ou Frankie Mégalo sur scène va crier «Fire !»
dernier mot de sa chanson et une balle va arriver en plein front de P’tit Jeannot.
La voiture va se retourner. Seul Richard sera arrêté, les autres iront se réfugier
chez Mégalo. Le lendemain, Dingo partira avec Suzy, une des groupies. Fin d’une
histoire d’une jeunesse désœuvrée qui aura choisi le mauvais coté de la route.
Un
synopsis raccourci d’un film dramatique avec une bande son de Jacques Higelin et ses ballades omniprésentes. Un Higelin qui avait déjà prouvé par le passé qu’il
pouvait aussi être acteur, et il est très crédible dans le rôle de Frankie
Mégalo, un mec qui vit sur une autre planète. A croire que le rôle à été écrit
pour lui.
Le
coté vieillot de ce film en fait une pépite, il est bien dommage que le grand
public soit passé à coté quand il est sorti. Un drame d’une époque révolue évoquant une bande de jeunes livrée à elle-même.
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